Une ultra-accélération des exigences de reporting extra-financier
Il aura fallu entre 20 et 30 ans aux entreprises pour organiser le pilotage technologique de leurs données financières. On leur demande aujourd’hui de faire de même pour leurs données extra financières, à la seule différence qu’elles doivent désormais se mettre en ordre de marche en 2 ou 3 ans.
Pressées par un contexte réglementaire qui se durcit, leur conformité n’est plus optionnelle. Les initiatives telles que la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) ou encore la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) viennent placer la durabilité des entreprises européennes au rang des priorités stratégiques.
Avec cette conformité, c’est leur avenir qui se joue. En cas de non-respect, elles s’exposent à des sanctions financières qui vont continuer à se renforcer, et à un accès de plus en plus restreint aux opportunités commerciales. La France montre le chemin en étant un des premiers États membres à transposer la CSRD le 7 décembre dernier, et par le biais de la loi Industrie Verte, qui vient rebattre les cartes de la commande publique et impose la conduite du bilan carbone aux candidats. En parallèle, les coûts réputationnels et la pression sociale peuvent aussi faire trembler la pérennité de bon nombre d’entreprises.
Un besoin accru d’adopter les codes de la business intelligence
Face à ce constat, il devient urgent pour les entreprises d’adopter les codes de la business intelligence afin de réconcilier objectifs climatiques et commerciaux. La gestion des données carbone et ESG appelle au pragmatisme : dès aujourd’hui il s’agit d’être en mesure de prendre des décisions
stratégiques sur la base de données transparentes et granulaires, afin d’améliorer la performance et
la résilience des entreprises dans leur transition vers une économie bas-carbone.
Revoir le fonctionnement des comités exécutifs
En 2024, cette transition vers une meilleure performance ESG et carbone relèvera plus que jamais du mandat des dirigeants et de leurs comités exécutifs. Nous pourrons ainsi assister à une multiplication des incitations à l'action climatique par le biais des structures salariales ou encore des incitations financières à l’image des BSPCE ESG, ces bons de souscription conditionnés par la
performance ESG de l’entreprise.
La diversification des conseils d'administration sera également clé. Comme le rappelle PWC dans son
enquête annuelle “Corporate Directors Survey”, les femmes dirigeantes américaines (87%) sontbeaucoup plus susceptibles d'être préoccupées par l'impact du changement climatique que leurscollègues masculins (67%). Équité de genre et durabilité des entreprises se répondent et devraient donc progresser conjointement à l’avenir.
Définir et intégrer la biodiversité
Alors que l’équilibre délicat de la nature est perturbé à un rythme alarmant, entraînant un déclin
significatif de la biodiversité mondiale, l’horizon 2024 devrait nous amener à plus intégrer la notion de biodiversité dans le reporting extra-financier. Pour autant, il n’existe pas encore de modèle reconnu de mesure de l’empreinte biodiversité d’une entreprise, contrairement au carbone. La définition des indicateurs et de la méthodologie sera cruciale. Mais restons optimistes : nous observons déjà des progrès dans le domaine, à l’image du lancement de la feuille de route mondiale pour le développement de crédits biodiversité fiables, impactants et équitables, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris, en juin dernier.