« Bien payer ses salariés c’est important. Bien se payer en tant que chef d’entreprise l'est tout autant. Et c’est souvent une non-priorité les deux premières années de croissance ». C’est le constat que dresse Hugo Bentz, qui dirige le startup studio LaChapelle et qui s’intéresse depuis deux à la rémunération des dirigeants ainsi qu’à la fiscalité. Il délivre ainsi de précieux conseils pour arriver à (bien) se payer quand on entreprend.
1. Quand la trésorerie va, tout va
« Le béaba pour se payer c’est qu’il faut avoir du cash », indique Hugo Bentz. Et quand on en a, il faut savoir se faire plaisir. « Vouloir changer le monde c’est très bien. Se faire plaisir, c’est cool aussi. Et se mettre à l’abri, c’est essentiel », estime-t-il. Il arrive souvent que des dirigeants, à la tête d’entreprises qui fonctionnent très bien, se versent le minimum vital. « Quand ton entreprise va bien, il faut que tu te payes bien. C’est une forme d’auto-respect », poursuit Hugo Bentz. Et c’est aussi « une énorme charge mentale en moins. »
2. Se payer par paliers et s’octroyer des primes
L’idée n’est pas, dès les premiers mois, de se verser 5000 €. Le premier versement peut être de 1500 euros puis évoluer au fil des mois. « Personnellement, tous les trimestres, je m’augmente, souligne Hugo Bentz. C’est mon premier objectif et je fixe, en conséquence, mes objectifs de chiffre d’affaires, mon taux de marge ainsi que ma rentabilité. C’est une motivation supplémentaire. » Tous les trois mois, un entrepreneur peut ainsi se verser quelques centaines d’euros supplémentaires. « Cela permet d’avoir une constante augmentation, c’est super bénéfique pour développer son business. »
3. Ne pas faire du recrutement l’unique priorité
« Souvent les entrepreneurs placent le recrutement en tête de leurs priorités. Mais cela ne doit pas devenir la seule », poursuit le dirigeant de LaChapelle. Il n’est d’ailleurs jamais sain pour un entrepreneur de mettre sa rémunération et son mode de vie en bas de l’échelle. Tout doit avoir la même importance.
4. Créer une holding et une SARL ou une EURL
Si les entrepreneurs rechignent parfois à se payer, c’est notamment car pour se verser 1€, cela coûte souvent le double. « C’est aussi parce que la plupart des entrepreneurs créent une SAS. Alors que ce n’est pas toujours la meilleure formule », estime Hugo Bentz. Le pourcentage de charges à verser à l’Urssaf n’est, en effet, pas des plus avantageux. Selon lui, le bon modèle est d’avoir une holding et une SARL ou une EURL, en parallèle, afin de profiter d’une réduction de charges. « C’est un montage financier. L’idée est que la holding possède les parts de la société et que l’EURL devienne une entreprise de facturation », détaille-t-il.
5. Faire un plan prévisionnel de trésorerie
« La gestion de sa comptabilité, ce n’est pas mensuel, et encore moins annuel. Mais hebdomadaire », souligne Hugo Benz, qui conseille de centraliser toutes ses factures entrantes et sortantes au fur et à mesure et de s’astreindre une fois par semaine, pendant 30 minutes, à un "point finance". Lors de ce créneau, il préconise de travailler son budget primitif, son prévisionnel de trésorerie et de marge et de prendre des décisions en conséquence, en établissant des tâches à réaliser. « Dans ma société, le plan prévisionnel de trésorerie est mis à jour tous les jours, celui de marge et de rentabilité est actualisé toutes les semaines puis, tous les mois, nous nous penchons sur le business plan », détaille Hugo Bentz. L’enjeu est d’avoir une gestion fine et d’être surtout bien conseillé, par un expert comptable si besoin.
6. Bloquer le montant des impôts et taxes sur un autre compte
« Une erreur classique est de subir les paiements d’impôts et taxes de la TVA, de l’URSSAF, de la cotisation foncière des entreprises ou de son impôt sur les sociétés. » Sur un compte bancaire annexe, le versement des taxes et impôts peut permettre de bloquer cet argent et d’avoir davantage de visibilité sur les liquidités restantes, afin d’éviter les mauvaises surprises. « Il faut anticiper ses versements et les provisionner. Si tu te verses 3 000€, tu dois provisionner 1 200€ d’Urssaf environ (en SARL ou EURL). Et pour ne jamais y toucher, mieux vaut ouvrir un second compte. »
7. Pour bien entreprendre, il faut bien se payer
Un entrepreneur qui a des difficultés financières au niveau personnel a de grandes chances d’être dans un mauvais état d’esprit. « Il va avoir un niveau de vie en-deçà de ceux de ses proches et va se sentir dévalorisé. C’est déjà tellement dur d’entreprendre, si, à côté, cela implique de nombreuses frustrations, ça devient invivable », estime Hugo Bentz. Bien sûr, l’idée est de jauger en fonction de la trésorerie disponible.