Aujourd’hui, 13 millions de Français sont en état de souffrance psychique, et il s’agit uniquement de ceux dont la souffrance a pu être diagnostiquée ! Un constat plus qu’alarmant, qui enjoint l’écosystème français en e-santé mentale à se structurer pour offrir une solution d’ampleur aux lacunes de notre système de santé. Ainsi, alors que le secteur de la «Mental Tech » fait face à un tournant de son histoire, quelles perspectives s’ouvrent à ce marché au haut potentiel et à la valeur humaine incontestée ?
La santé mentale : (enfin) une priorité nationale
L'année 2024 s'annonce décisive pour l’écosystème numérique français en santé mentale. Nous en voulons pour preuve les avancées significatives réalisées en matière de politiques de santé numérique, de même que l’accent particulier mis sur la santé mentale. En témoignent les feuilles de route de l’Agence de l’Innovation en Santé pour 2025, de l'Agence Numérique en Santé et de la délégation ministérielle à la Santé mentale et à la Psychiatrie. A titre d’exemple, la santé mentale est désormais un axe prioritaire de développement avec le lancement du grand défi “numérique et santé mentale”, et les financements spécifiquement alloués à la recherche en psychiatrie reprennent enfin à la hausse. Un collectif est même à l'œuvre pour conférer à la santé mentale le statut de “grande cause nationale 2025”. Un paysage ambitieux et prometteur se dessine ainsi pour favoriser le développement de solutions numériques innovantes dans le secteur de la santé mentale.
L’IA et les données de santé : un triomphe annoncé
Si l’IA n’a pas vocation à remplacer les professionnels de santé, son déploiement offre tout de même de formidables perspectives. Tout d’abord pour l’écosystème, au regard de l’intérêt toujours plus grandissant accordé par les investisseurs aux acteurs de e-santé faisant de l’IA une base de leur business model. Et également en faveur du progrès médical. Complémentaire de l’intuition et de l’expertise des professionnels de santé, l’IA se déploie et se démocratise à toute vitesse pour lutter contre certains biais humains et pour développer de nouveaux traitements ou de nouveaux biomarqueurs en santé mentale au service de la prévention, du diagnostic et de la prise en charge des troubles psychiques.
Le numérique au secours du Lien Social
Certes, la pandémie a permis de (re)mettre la santé mentale sur le devant de la scène, et de déstigmatiser nombre de troubles. Pour autant, ne considérer que les troubles psychiatriques avérés serait négliger les facteurs de risques pour la santé mentale ! Parmi eux, la solitude, en passe de devenir une véritable épidémie aux conséquences délétères. Pour y répondre, les voix s’élèvent en faveur de la (ré)affirmation des liens sociaux (promotion de la pair-aidance, initiatives de sensibilisation, etc.) et du rôle du numérique pour œuvrer au « vivre-ensemble » ! Car le numérique porte en lui la capacité de transcender les limites géographiques et sociales traditionnelles en permettant de créer des espaces de soutien et des solutions numériques dédiées à l’entraide et au bien-être mental.
La télémédecine : maillon essentiel de l’offre de soins en santé mentale
La télémédecine constitue un levier majeur pour étendre l’accès aux soins psychiques, notamment dans les déserts médicaux. Elle permet également de réduire les délais de prise de rendez-vous et de faciliter le premier pas face au “tabou du psychiatre”. L’usage chez les professionnels de santé s’est durablement ancré, la psychiatrie étant la spécialité qui téléconsulte le plus en France. Si elle alimente des craintes d'inégalités face à la santé, la part d’activité que les professionnels de santé peuvent consacrer à la télémédecine est limitée à 20 %, ce qui limite ses potentialités. À quand un assouplissement du seuil maximal, modulé selon l’offre locale, permettant de renforcer l’accès aux soins sans nuire aux pratiques présentielles ?
Des défis à relever pour espérer un boom des Thérapies Digitales (DTx)
On compte aujourd’hui une cinquantaine de thérapies numériques (DTx) en santé mentale en Europe, dont 1 seulement en France ! Un chiffre qui surprend, eu égard à un écosystème numérique florissant. En réalité, il tient moins à une absence d’offre qu’à des freins d’ordre structurel : la littératie numérique des patients, la formation des médecins, ou encore la question centrale du remboursement de ces thérapies dites « alternatives ». Certes le marché n’en est qu’à ses balbutiements, mais grâce au dynamisme qui entoure les DTx et à la collaboration des acteurs, nous faisons le pari que les DTx feront partie intégrante de l’écosystème de soins.
Signataires :
- Membres fondateurs :
HypnoVR - Nicolas Schaettel
Kwit - Geoffrey Kretz
moka.Care - Guillaume d'Ayguesvives
Petit Bambou - Vincent Bouton
Qare - Joséphine Arrighi de Casanova
Tricky - David Labrosse
- Membres adhérents :
Aphysia Développement - Martine Garreau
C2Care - Pierre Gadéa
EANQA - Jérémy Muratet
Holivia - Jérôme Crest
Imaba (Pédopsynet) - Peretz Assuied
Klava Innovation - Alexia Adda
mindDay - Boris Pourreau
Psynergy - Delphine Py
Dygie - Augustin Bergerot
Lislup (Massa Trails) - Sabine Allouchery
- Membres partenaires :
Stimulus Care services - Emmanuel Charlot
We Talk - David Duprez
- Membres professionnels de santé et assimilés :
Dr Fanny Jacq
Dr Geoffrey Post
Dr Alexis Bourla
Dr Benjamin Pitrat
Dr Thomas Cantaloup
Marie Lourenço
Aline Beaudonnat
Evan Adeny
Arnaud Bressot
Hannah Poignon