La création des premières SATT, abréviation de Sociétés d’accélération du transfert de technologies, remonte à 2012. Il existe aujourd’hui en France treize de ces structures, réparties dans diverses régions. Leur objectif dès le départ, nous explique Sophie Jullian, vice-présidente du Réseau SATT et Présidente de la SATT Pulsalys, était de mieux valoriser les savoirs et connaissances, et de façon générale le monde de la recherche en France.
« On observait plutôt de bonnes performances en matière de production de savoirs, détaille notre interlocutrice, mais une difficulté dès lors qu’il s’agissait de les transformer sur le territoire en produits ou en services. » Pour y remédier, les SATT mettent sur le marché des innovations issues de la recherche publique. Véritable relais entre les laboratoires de recherche et les entreprises, elles délivrent à des TPE, PME et startups des brevets ou des résultats de travaux. Aux entreprises ensuite, de se baser dessus pour “générer des performances économiques”, même si elles restent souvent accompagnées de près par le réseau jusqu’aux premiers tours de financement.
Dix fois plus de chances d’obtenir leurs financements
Une étude commandée au cabinet Deloitte Finance nous permet de dresser un état des lieux du rôle des SATT. A ce jour, le réseau compte 790 startups, dont 766 ont été analysées. L’étude souligne surtout l’écart entre la valeur initiale de chaque startup, et sa valeur lors de sa dernière levée de fonds auprès d’investisseurs privés. Parmi les 766 jeunes pousses, 299 ont récemment levé des fonds. Elles agrègent une valeur de 2,6 milliards d’euros. A ceci, s’ajoutent les valorisations des autres entreprises accompagnées par une SATT, dont la valorisation globale oscillerait entre 14 millions et 0,5 milliard d’euros. Soit une valorisation globale estimée entre 2,6 et 3,1 milliard. C’est 66 % de plus que les chiffres recueillis en 2021 par Deloitte.
Selon Sophie Jullian, ces chiffres témoignent du fait que « la création des SATT se traduit par plus de valeur créée par les startups ». Elle précise : « La particularité des startups que nous accompagnons, c’est qu’elles sont constituées dès le départ avec un patrimoine très fort issu de la recherche. Or une étude récente a montré que les jeunes entreprises présentant un brevet étaient plus performantes, dès le départ : cela attire évidemment des investisseurs, qui voient en elles des fondations solides. »
« Pour évaluer un financement, les investisseurs s’intéressent à plusieurs critères, comme la composition de l’équipe, le marché, puis ces fondations. Un brevet est souvent synonyme d’outil de défense contre la concurrence et donc de compétitivité, donc un atout conséquent », ajoute la Présidente de la SATT Pulsalys. Au bout du compte, les startups accompagnées par une SATT auraient dix fois plus de chances d’obtenir les financements qui leur sont nécessaires que les autres. Un engouement qui s’illustrait la semaine passée lors du Salon Deeptech Connect, organisé par le réseau, où 100 startups venues se présenter se sont retrouvées face… au double d’investisseurs.
Où en est-on dans le plan Deeptech ?
Depuis leur création, les SATT ont globalement permis de détecter 18.500 inventions auprès des laboratoires publics. Elles ont déposé 3.900 brevets et signé plus de 1.800 accords de licence avec des entreprises. La moitié de leur activité environ concerne les startups – l’autre étant dédiée aux TPE et PME. 48 % des startups deeptech françaises issues de la recherche publique sont issues des SATT. Une belle réussite, reconnaît Sophie Jullian, qui note cependant que l’objectif n’est pas et ne sera jamais d’atteindre les 100 %. « Il est important de maintenir un équilibre entre le nombre de startups créées en lien avec la sphère académique, et celles qui le sont en dehors de ce contexte. C’est précisément cet équilibre qui nous caractérise, et qui constitue une vraie richesse pour notre pays. »
« Pas de volonté hégémonique » donc, du côté des SATT, qui plus que ce pourcentage, visent davantage à augmenter le nombre global de startups deeptech en France. « Il s’agit aussi d’un enjeu de souveraineté », ajoute Sophie Jullian.
Si l’on est encore loin des objectifs fixés par le Plan Deeptech opéré par Bpifrance, qui prévoit la création de 500 startups deeptech par an et 100 licornes à l’horizon 2030, les SATT seraient donc sur la bonne voie. Cinq startups nées grâce à elles font d’ailleurs partie de la promotion 2023 Next40/French Tech 120 imaginée par l’Etat pour accompagner les jeunes pousses les plus performantes et les plus prometteuses : ImCheck Therapeutics, Inotrem, Prophesee, SparingVision, TreeFrog Therapeutics.