Alors qu’on a l’impression que l’écosystème va mal, avec beaucoup de liquidations judiciaires, l’indice de confiance globale des dirigeants de startups reste particulièrement élevé. » C’est le constat que dresse Adrien Fenech, président d’Estimeo. La plateforme de notation de startups s’est associée pour la troisième fois à la société d’audit Mazars pour mettre au point leur baromètre de confiance des startups. Résultat : l’indice de confiance des entrepreneurs atteint, entre septembre et novembre 2023, 75,87 points, soit une hausse de 0,66 par rapport aux baromètres précédents.
Les dirigeants sont particulièrement confiants quant à leur capacité d’innovation et de transformation. « Ils sont résilients. Il y a de véritables problématiques quant à l’accès aux financements, les levées de fonds sont plus complexes. Mais ce contexte laisse aussi entrevoir de nouvelles opportunités. C’est aussi pour eux la possibilité de croître rapidement », souligne le dirigeant d’Estimeo, qui précise que les entrepreneurs maintiennent un haut niveau de confiance dans leur chiffre d’affaires.
L’indice RSE enregistre la plus forte hausse
La crise du Covid-19 l’a démontré. En favorisant l’émergence des startups à impact notamment. « Dans ce secteur, les entrepreneurs sont d’autant plus confiants », souligne Adrien Fenech. L’indice de confiance en la RSE est par ailleurs particulièrement élevé, avec 82,77 points, et continue de grimper. Il enregistre ainsi la plus forte hausse ce trimestre. L’IA atteint également des taux de confiance record. Depuis qu’elle est accessible au grand public, la technologie a bouleversé le monde entrepreneurial, en créant de nouveaux business et de nouvelles solutions. « Cela devrait s’intensifier dans les prochains mois. En tout cas, de plus en plus d’entreprises s’y intéressent. »
Dans le secteur fintech, en revanche, les dirigeants montrent davantage de signes de défiance. Alors qu’il portait l’univers des startups il y a dix ans, le secteur fait aujourd’hui face à diverses problématiques. « Beaucoup de fintechs qui gravitent autour de l’accès au financement ont des difficultés. Les startups spécialisées dans la cryptomonnaie, par exemple, continuent d’émerger mais elles ont besoin de faire leurs preuves et ont des difficultés de financements. » Autre tendance : « les grands comptes commencent à fermer les vannes, auprès des secteurs plus "traditionnels", dans le domaine des startups, au profit des startups à impact, de la cybersécurité, ou des secteurs davantage "dans l’air du temps". Ce qui laisse certaines startups sur la touche », explique Adrien Fenech.
La confiance dans le gouvernement continue de baisser
La confiance dans le gouvernement, qui était déjà faible, continue, par ailleurs, de baisser. Et ce, « malgré les annonces, faites en mars dernier, à l’occasion des 10 ans de la Frenchtech, visant à soutenir l’écosystème entrepreneurial », souligne le dirigeant d’Estimeo.
La confiance en l’économie française est, elle aussi, au plus bas, avec 65,13 points. Après un été 2023 marqué par de multiples défaillances, les dirigeants de startups ne sont plus que 49% à indiquer être confiants dans l’économie. L’indice relatif à l’internationalisation affiche d’ailleurs lui aussi une baisse de 0,5 point par rapport au précédent, ce qui démontre que la conjoncture économique, y compris internationale, est vectrice d’inquiétude pour les startups. « Il y a toujours la crainte d’un gros choc, ou d’une nouvelle mesure, qui fait tout vaciller du jour au lendemain. » L’agrément de l'autorité des marchés financiers, pour le crowdfunding en Europe, redistribuent les cartes par exemple. « Toutes les startups qui ne sont pas agréées vont prendre une claque, précise Adrien Fenech. Ça crée une instabilité qui fait peur aux entrepreneurs. »