L’année 2021, qui avait vu le nombre d’introductions en Bourse (IPO) atteindre des sommets, a laissé place à des années à l’encéphalogramme plat. En septembre 2023, on a cru aux signes d’une reprise : en l’espace d’une semaine, trois des plus importantes IPO de l'année ont eu lieu à Wall Street avec les débuts boursiers d'Arm, le fabricant de puces électroniques, et les licornes Instacart et Klaviyo. Mais il semblerait que ce sursaut d’optimisme soit retombé comme un soufflé, le cours des cotations peinant à décoller du plancher fixé au moment des IPOs. La célèbre marque de chaussures allemande Birkenstock, entrée en Bourse en octobre, ne fait pas figure d’exception.
De quoi refroidir des entreprises comme Stripe qui prévoyaient leur IPO pour 2023. « Le timing est clé dans un process d’introduction en Bourse. En 2021, il y a eu des opportunités vraiment intéressantes pour les employés et les actionnaires. À date, on peut dire que certaines entreprises ont raté l’occasion de s’introduire en Bourse à un prix optimal », partage Trang Nguyen, cofondatrice de la société d’investissement américaine Transpose Platform, lors d’un panel dédié à la question du retour des IPOs au Web Summit à Lisbonne. « De 2021 à 2022, on est passé de la meilleure à la pire année de l’histoire des 25 dernières années pour les IPOs », ajoute-t-elle.
L'année 2024, pas forcément propice aux IPOs
L’introduction en Bourse est pourtant l’une des voies de sortie royale envisagée pour les entreprises. « Pour une société, l’introduction en Bourse est plus qu’une simple étape. C’est la promesse de l’accès à des capitaux substantiels, à la liquidité, mais c’est aussi un coup d’accélérateur en termes de visibilité et de prestige », souligne Rainer Märkle, General Partner chez HV Capital, le VC allemand qui a notamment accompagné Zalando vers l’IPO. « Bien évidemment, cela va de pair avec un certain nombre de contraintes, incluant le fait que le cours de l’action est soumis aux fluctuations quotidiennes du marché », poursuit-il.
L’environnement actuel n’est ni favorable pour les sociétés trop fragiles, ni pour celles qui sont plus solides, car elles n’arrivent pas à obtenir le prix qu’elles veulent. « Tout le monde attend que les marchés s’assainissent, mais jusqu’à présent l’année 2024 ne s’annonce pas particulièrement propice au retour des IPOs », déclare Rainer Märkle. « Pour autant, les sociétés suffisamment matures qui envisagent de devenir publiques, doivent se tenir prêtes, car on ne peut pas prédire précisément quand aura lieu le retournement », ajoute-t-il.
Manque de liquidité
Au Web Summit, la non-reprise des IPOs soulève une vraie inquiétude au sujet de la liquidité. « Avec la baisse du nombre d’introductions en Bourse, les acteurs qui investissent normalement sur le côté et sur le non coté sont aujourd’hui surpondéré sur les marchés privés, et cela crée un manque de liquidité. Avec des occasions de sorties limitées, il est difficile pour eux d’investir dans de nouveaux fonds », explique Trang Nguyen.
Les investisseurs interrogés lors de ce panel ne sont donc pas très optimistes pour le futur proche. Si les discussions se sont concentrées le marché public américain, ces prévisions moroses ne laissent rien présager de bon pour les marchés européens, Wall Street restant pour eux le Graal. « Traditionnellement, beaucoup de sociétés européennes viennent sur le marché public américain qui offre une base d’investisseurs plus large et la promesse de devenir une marque internationale », souligne Trang Nguyen.