Lors de notre bilan semestriel en juin dernier, nous avons pointé l'absence significative de méga-levées depuis plusieurs mois, faisant chuter le premier semestre 2023 de 50% par rapport à 2022. Mais la rentrée de septembre a réservé son lot de surprises et a permis de rattraper une partie du retard : la French Tech est parvenue à lever plus d'1,78 milliard d'euros et a permis de hisser le montant total de ces 9 derniers mois à plus de 6,2 milliards d'euros. Une donnée prometteuse mais qui reste toujours 42% moins importante que l'an passé pendant la même période (10,7 Mds€).
Déjà constaté lors du premier semestre 2023, le nombre de tours de table est en hausse cette année. Si les 9 premiers mois de 2022 avaient permis à 612 startups de lever des fonds, en 2023 elles ont été 996, soit en augmentation de plus de 62%. Ainsi, les amorçages, les séries A et les séries B se multiplient depuis janvier : on en dénombre respectivement 352, 173 et 46 contre 279, 168 et 3 l'an passé à la même période. Les séries C restent au même niveau (14) mais le décompte des late stages chute à 5, contre 18 en 2022.
La Deeptech capitalise 8 fois plus de fonds
L'année dernière, le top des 9 premiers mois était occupé par la Fintech (avec 1,5Md€ au compteur), puis le secteur RH (1,2Md€) et la Medtech (1Md€). Mais cette année, les fonds captés par la Fintech ont été divisés par 3 (521,4M€) et ceux de la Medtech par 2 (429,1M€). Le secteur RH connaît la plus grande dégringolade avec des résultats divisés par 10 pour atteindre 141,3 millions d'euros cette année.
Multipliant par près de 8 fois sa part de venture capital, la Deeptech s'empare de la première place avec une avance considérable. Le secteur a perçu plus d'1,5 milliard d'euros ces 9 derniers mois contre 194 millions d'euros en 2022. Lors de la 9ᵉ édition de BIG (Bpifrance Inno Génération) le 5 octobre dernier, le ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot a justement mis en lumière la montée en puissance du secteur, notamment dans le domaine du quantique. Et c'est bien la Deeptech qui porte en elle l'espoir d'atteindre 50 licornes d'ici 2030, un objectif rappelé par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire lors de ce même événement.
Dans la suite du classement cette année, on retrouve le secteur de l'énergie qui reste plutôt constant (544,9M€ contre 467,2M€ en 2022), puis la Fintech, la Medtech et la Biotech (333,3M€ contre 351,7M€ l'an passé). Ainsi, ce top 5 confirme que les efforts en matière de soutien de grands projets industriels de rupture portent leurs fruits et cela concorde directement avec la stratégie du gouvernement en matière de réindustrialisation.
L'Auvergne-Rhône-Alpes réduit son écart avec l'Ile-de-France
Niveau classement régional, le pole position n'a sensiblement pas bougé : l'Ile-de-France maintient sa première place avec 3,7 milliards d'euros (contre 8,7Mds€ en 2022), suivie de l'Auvergne-Rhône-Alpes qui a considérablement réduit son retard avec 1,4 milliard d'euros (contre 332,4M€ l'an passé).
Ainsi, si de janvier à septembre 2022, l'Ile-de-France a représenté près de 80% des fonds levés par la FrenchTech, cette année ce pourcentage avoisine les 60%. Une baisse significative expliquée en partie par la progression de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a connu une hausse de plus de 340%. Elle occupe 23% des fonds levés par l'écosystème contre seulement 3% l'an passé.
Plus loin, on retrouve à la troisième place la Provence-Alpes-Côte d'Azur avec 193,5M€ (-105,5M€ par rapport à 2022), puis la Nouvelle-Aquitaine avec 188M€ (-95,8M€), l'Occitanie avec 154,4M€ (-39,9M€), le Grand-Est avec 141,6M€ (+67,9M€), la Bretagne avec 92,7M€ (+38,7M€), les Pays de la Loire avec 81,4M€ (-132,3M€), le Centre-Val de Loire avec 64M€ (+80,1M€), les Hauts-de-France avec 45,7M€ (+29,6M€) et enfin la Bourgogne-Franche-Comté avec 31,3M€ (-2,1M€).