Ce jeudi 5 octobre, l’Accor Arena à Paris s’est transformée en village de l’économie française à l’occasion de la 9ème édition de Big (Bpifrance Inno Génération). Du matin au soir, de nombreuses figures de l’économie et de l’entrepreneuriat français se sont succédées sur les différentes scènes de l’événement phare de la banque publique d’investissement. Objectif : inspirer et créer des relations commerciales alors que Big se revendique comme «le plus grand rassemblement business d’Europe».
Chaque automne, Big constitue désormais un rendez-vous incontournable pour les entrepreneurs et les dirigeants d’entreprise, et plus encore dans une période d’incertitudes économiques qui font surgir le spectre d’une augmentation des défaillances d’entreprises, qui ont d’ailleurs rejoint en septembre leur niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19, selon la Banque de France. Mais pas question à Big de se montrer pessimiste, où un mot d’ordre a été martelé tout au long de la journée : la fierté !
«Ne ratons pas le coche, prenons notre destin en main»
Pour mettre la fierté entrepreneuriale à l’honneur, Bpifrance a logiquement convié des têtes d’affiche de l’écosystème comme Xavier Niel (Iliad), Yann Le Cun (Meta), Anthony Bourbon (Blast.Club) et Barbara Belvisi (Interstellar Lab), mais aussi des profils plus atypiques, comme l’écrivaine Rachel Khan, l’humoriste Caroline Vigneaux ou encore l’artiste Richard Orlinski. C’est aussi l’occasion pour le gouvernement de faire passer quelques messages pour galvaniser les troupes. Et à cet exercice, c’est Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, qui a livré la déclaration d’amour la plus enflammée aux entrepreneurs et à la France en général.
Ainsi, l’homme fort de Bercy s’est félicité de la vitalité qui anime l’écosystème hexagonal «avec les entrepreneurs de la tech les plus performants d’Europe». Mais il a aussi appelé ces derniers à ne pas relâcher leurs efforts pour que la France se positionne parmi les leaders mondiaux de l’innovation. «Il y a 30 ans, nous avons raté le rendez-vous du numérique et nous vivons aujourd’hui sous le règne des Gafam. Aujourd’hui, il y a une deuxième révolution, celle de l’IA générative. Ne ratons pas le coche, prenons notre destin en main», a lancé Bruno Le Maire à l’Accor Arena.
50 licornes en 2030
Dans ce cadre, la France peut compter sur un solide vivier de chercheurs convoités par les plus grands groupes technologiques du monde. «Les Français sont au sommet de la recherche et il existe une très haute de concentration de talents à Paris et en France qui contribuent à l’IA. Il y a huit ans, j’ai créé un laboratoire de recherche dédié à l’IA pour Meta à Paris, qui est aujourd’hui le plus important du groupe à l’échelle mondiale. Et les talents qui y travaillent nourrissent l’écosystème français. La preuve avec Nabla et Mistral AI, deux startups qui ont été fondées par des anciens de Meta à Paris», a d’ailleurs relevé Yann Le Cun, le directeur scientifique de la recherche pour l’IA chez Meta, sur la scène principale de Big.
Au-delà de l’IA, Bruno Le Maire a fait savoir qu’il souhaitait que la France compte 50 licornes en 2030, contre une trentaine aujourd’hui. Dans cette perspective, le ministre de l’Économie estime qu’il faut plus d’investissements, ce qui passe à ses yeux par 12 milliards d’euros levés d’ici 2030 dans le cadre de l’initiative Tibi. «Nous devons multiplier par 10 d’ci 2030 le nombre de grandes entreprises qui auront signé des contrats avec des entreprises de la tech», a-t-il ajouté. Avant de lancer un appel à tous les entrepreneurs : «Continuez à considérer que le monde tel qu’il est ne vous convient pas ! Soyez des révolutionnaires de l’économie, de la tech, de la nation française et du monde qui vient !»
Avant Bruno Le Maire, Jean-Noël Barrot, ministre délégué au Numérique, avait quant à lui choisi de mettre en avant la montée en puissance de l’écosystème deeptech en ce concentrant sur l’informatique quantique. Dans ce cadre, le successeur de Cédric O est revenu sur la création de Quantonation, un fonds d’amorçage dédié aux startups européennes spécialisées dans les technologies quantiques, et de Pasqal, fer de lance de la France dans le secteur avec son ordinateur quantique en cours de développement. Pour y parvenir, la société a d'ailleurs levé 100 millions d'euros en début d'année.
«La fierté que vous exprimez, ce n’est pas une fierté d’Instagram»
Si les conférences ont rythmé la journée, les 75 000 inscrits en ont également profité pour arpenter les allées de Big afin de nouer des contacts pouvant déboucher sur des relations commerciales. Et pour cause, l’ensemble des acteurs de l’économie française (startups, TPE, PME, ETI, grands groupes, fonds d’investissement…) étaient réunis à l’Accor Arena. Parmi les startups présentes, il y avait notamment La box Secondwear, spécialiste des vêtements de seconde main. «Passer sur une scène comme Big, c’est vraiment une opportunité pour parler de notre industrie. C’est un événement qui nous permet aussi de gagner en visibilité et de rencontrer de potentiels partenaires. Big amène des discussions différentes, avec une vue d’ensemble de ce qu’on peut faire dans notre processus entrepreneurial», indique Alexia Latat, co-fondatrice de cette jeune pousse.
A l’issue de cette journée, marquée notamment par des messages vidéo d’Emmanuel Macron et de l’actrice franco-iranienne Golshifteh Farahani, Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance, ne cachait pas sa satisfaction, avant d’adresser un ultime message : «Il faut que les entrepreneurs s’expriment beaucoup plus ! La fierté que vous exprimez, ce n’est pas une fierté d’Instagram. C’est une fierté ultra saine.» Pour les épauler, le patron de la banque publique d’investissement n’a pas manqué de rappeler les imposantes sommes mises sur la table pour soutenir les différents secteurs d’activité. «Bpifrance est équipé !», a-t-il assuré. Nicolas Dufourcq a également donné rendez-vous à l’année prochaine pour une nouvelle édition de Big. Ce sera la 10ème du nom.