La guerre fait rage sur le marché de la digitalisation des avantages salariaux. Face à l’appétit de Swile, qui continue d’étendre son champ d’action au fil des années, la startup Worklife a décidé de réagir pour décupler sa force de frappe. Dans ce sens, la société a fait le choix de se rapprocher d’un grand groupe disposant de ressources très nettement supérieures. Ainsi, le Crédit Agricole vient de racheter Worklife «pour créer un champion français des avantages salariaux». Les modalités financières de l’opération n’ont pas été dévoilées.
Fondée en 2012 par Benjamin Suchar, la startup avait vu le jour sous la dénomination Yoopies pour proposer un service de garde d’enfants. Mais au fil du temps, la société a fait évoluer son modèle pour proposer de plus en plus de services à destination des entreprises. Ce virage s’est accentué durant la crise sanitaire, au point que l’entreprise a décidé de pivoter pour se concentrer pleinement sur son offre B2B. Pour acter cette transformation, Yoopies a ainsi laissé place à Worklife fin 2020.
Une concurrence particulièrement dense et active
Aujourd’hui, la société regroupe l’ensemble des avantages salariés (titres-restaurants, forfait mobilité durable, abonnement de transports..) et propose une carte de paiement pour en bénéficier. L’approche a permis à Worklife de convaincre plus de 150 entreprises clientes (Adecco, Amazon, Saint-Gobain…) pour toucher plus de 120 000 salariés au quotidien. Mais face à la concurrence d’acteurs comme Swile, qui revendique 5,5 millions d’utilisateurs dans 85 000 entreprises clientes, il apparaissait indispensable pour Worklife d’évoluer dans une plus grosse structure pour rivaliser sur le long terme. Outre Swile, l’entreprise doit affronter des acteurs comme Edenred, Up ou encore Betterway.
Pour le Crédit Agricole, cette acquisition représente une aubaine pour se positionner davantage sur les avantages salariaux, un segment d’activité qui attire de plus en plus les groupes bancaires. «Avec l’acquisition de Worklife, nous souhaitons créer un champion français des avantages salariaux en proposant une plateforme digitale dédiée à la politique d’avantages et rémunération dans une approche RH harmonisée qui s’appuiera notamment sur les synergies avec les différents métiers du groupe (assurances collectives, épargne salariale…)», indique Laurent Darmon, directeur en charge des nouvelles Activités du Crédit Agricole. En marge de cette opération, ce dernier, qui a fondé le startups studio La Fabrique by CA en 2018, est devenu le président de Worklife.
Le rachat de la société tricolore par le Crédit Agricole confirme l’interêt croissant des banques pour les startups de la HRtech. L’an passé, le groupe BPCE avait notamment pris une participation à hauteur de 22 % au sein du capital de Swile. En échange, l’entreprise montpelliéraine avait mis la main sur Bimpli, filiale du groupe BPCE spécialisée dans les avantages à destination des salariés (titres-restaurants, titres-cadeaux, services CSE…). «Il y a encore beaucoup d’industries à dépoussiérer dans la worktech», se réjouissait cet été Loïc Soubeyrand, le patron de Swile, auprès de Maddyness. Dans ce contexte, le membre du Next 40 se lance actuellement sur le marché des voyages d’affaires. De quoi donner des idées à Worklife au sein du Crédit Agricole.