Quand il s’agit d’achat en ligne, le taux de conversion sur mobile n’est encore que de 2 à 3 % en 2023. Et 500.000 d’euros de produits ont été retournés l’année dernière parce qu’ils ne correspondaient pas à l’acheteur. Et s’il existait une solution pour rendre l’achat en ligne plus immersif, permettant aux clients de se rendre compte à quoi ils ressembleront avec le produit ? C’est la promesse d’Emova, une startup rennaise créée mi-2022, qui a déjà levé 1 million d’euros et convaincu ses premiers clients.
En effet, grâce à trois photos prises par l’utilisateur (de face et pour les deux profils), Emova est capable de créer un avatar 3D hyperréaliste que le client pourra ensuite utiliser comme une cabine d’essayage virtuelle et visualiser le résultat à 360° sous différents éclairages. Emova a d’abord concentré sa solution sur le visage, adressant des clients dans la joaillerie, la cosmétique, ou les accessoires de mode (chapeaux, lunettes, etc.). Depuis peu, la startup s’est attaquée à la modélisation de la main pour s’ouvrir aux marchés des montres, bracelets et bagues.
Gaël Seydoux a travaillé sur “Harry Potter” ou “Batman Begins”
Gaël Seydoux, cofondateur et CEO d’Emova, n’est pas arrivé dans cet univers par hasard. En effet, l’entrepreneur a déjà passé trois décennies dans le monde des effets visuels avant de lancer sa startup. D’abord au cinéma, où il a été superviseur graphique 3D sur les effets visuels de plusieurs films (notamment “Batman Begins”, “Alien vs. Predator”, ou encore “Harry Potter”) puis de jeux vidéo. Il a en effet rejoint Sony puis Ubisoft où il a continué son travail amorcé sur la représentation des humains en 3D dans une œuvre de fiction.
Il a ensuite rejoint Technicolor pour diriger un laboratoire de recherche sur les technologies immersives qui l'ont amené à participer aux films “Le Livre de la Jungle” et à “La Forme de l’eau” (de Guillermo Del Toro).
En 2019, son laboratoire de recherche a été racheté par InterDigital où il passera deux ans. Il les convainc alors de sortir de l’entreprise pour créer une spin-off qui utilisera les technologies développées depuis plusieurs années. C’est ainsi qu’Emova est née. « J’achète pas mal sur internet et j’avais toujours cette frustration de ne pas pouvoir essayer les produits comme en magasin. En parallèle, je voyais toutes les technologies de l’avatar qui arrivaient à maturité avec l’utilisation de la 5G, du cloud et de la 3D temps-réel », explique Gaël Seydoux.
Emova repart bredouille de “Qui veut être mon associé ?”
Le développement commence en juillet 2022 et l’entreprise réussit rapidement à attirer l’attention de l’émission M6 pour l’émission « Qui veut être mon associé ? ». Le tournage commence seulement trois mois après la création d’Emova et l’émission est diffusée en février 2023. « C’était beaucoup trop tôt, concède l’entrepreneur. On aurait dû venir là maintenant que le produit est fini et que l’on a un début de revenu. Mais quand j’ai candidaté, je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Cela m’a permis d’ajuster mon pitch et de me construire de la répartie face aux investisseurs ».
Si Gaël Seydoux ressort bredouille de « Qui veut être mon associé ? », il réussira dans les mois qui vont suivre à réunir 1 million d’euros entre des participations de business angels, de subventions, de dettes, etc. Il arrivera aussi à convaincre ses premiers clients et notamment La Fabrique de Lunettes, une boutique située à Paris. « Nous sommes aussi en discussion avec de grandes marques où les temps de négociations sont plus longs », explique-t-il. Emova réalise actuellement une levée de 2 millions d’euros pour finaliser le produit et accélérer la commercialisation que Gaël Seydoux espère clore dans les 6 mois.