La crise sanitaire a conduit à de profondes remises en question professionnelles. Intermittents du spectacle, juristes, laborantins, … Issus de tous secteurs, des candidats à la reconversion dans la tech poussent les portes du Wagon.
Chaque année, 4.000 personnes intègrent les formations : « Avec une moyenne d’âge de 27 ans, la majorité sont des personnes au chômage ou qui ont trois à cinq ans d’expérience dans une première carrière et en sont insatisfaits. Nous avons aussi des jeunes diplômés qui ont des attentes différentes et veulent renforcer leur formation », explique Boris Paillard, cofondateur et CEO du Wagon. Quelques freelances complètent le tableau.
Historiquement, le Wagon attirait surtout des publics désireux de se reconvertir en entrepreneurs dans un métier ayant du sens ou un potentiel à impact. « Maintenant, nous accueillons majoritairement des profils de demandeurs d’emploi qui cherchent un métier avec de l’avenir. » . Parmi eux, certains ont une vision précise du métier qu’ils veulent exercer dans la tech. « D’autres cherchent à transposer leurs compétences métier pour rejoindre la Edtech, la Medtech, la Fintech ou encore la Legaltech. Ils viennent chercher les hardskills qui vont ajouter une brique à leur profil. »
Développeur et data analyst restent les deux métiers les plus recherchés par les alumni comme par les recruteurs. Le product management et le data scientist figurent également en bonne place bien qu’ils correspondent à des profils plus spécifiques.
Se reconvertir pour se réaligner avec ses valeurs
Si le Wagon a d’ores et déjà contribué à la création de 213 startups, le secteur connaît quelques déserteurs. Sur sa plateforme jobsthatmakesense, l’association Makesense propose près de 30.000 offres d’emploi dans 6.000 structures partenaires. « Il y a des déçus de leur travail qui sont en quête de sens. Si ce n’est pas spécifique à la tech, elle compte des facteurs amplifiants comme le manque de contacts humains en restant derrière les écrans », précise Fabien Sécherre, porte-parole et marketing chez Makesense. Se sentant parfois éloignés d’un contexte de crise climatique, des enjeux sociaux et sociétaux, un public ne se retrouve pas dans la tech. « Certains prennent conscience qu’ils font partie du problème et changent de voie pour aller dans la rénovation énergétique par exemple. ». D’autres semblent peiner à trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Si Makesense se tournait d’abord vers les jeunes avec moins de trois ans d’expérience, de plus en plus de professionnels, marqués par le Covid, émettent le souhait de se réaligner avec leurs valeurs. « Beaucoup engagent une reconversion en s’appuyant sur leurs compétences et en rejoignant l’associatif par exemple. Ceux qui partent élever des chèvres dans le Larzac restent anecdotiques. ». Une portion des déçus demeurent dans la tech mais se tournent vers des entreprises à impact, de la licorne à la jeune startup.
« Il y a aussi le slashing où, en tant que freelance, ils multiplient les contrats lucratifs pour consacrer du temps à des projets bénévoles ou pro bono. Il y a aussi ceux qui mènent une nouvelle activité avec du sens et consacrent quelques jours à leur premier métier pour payer les factures. ». Sur les 200.000 personnes qui fréquentent sa plateforme chaque mois, Makesense sait également qu’une partie préfère finalement rester à son poste avec l’ambition de changer les choses de l’intérieur. Et si le salaire s’impose comme le premier frein au changement de carrière, Makesense insiste sur un préjugé persistant : « Il n’y a que 10 % d’écart en moyenne entre les salaires de l’ESS et ceux de l’économie classique selon une étude de l’APEC. Il y a aussi des emplois à impact dans des startups de la tech ».