D'une manière ou d'une autre, Laurent Villemin, cofondateur de Replace, a toujours fait carrière dans la transformation des matériaux plastiques et caoutchouc, et a été confronté à la complexité de la valorisation de matériaux complexes. Au fil de ses expériences, que ce soit au sein de Michelin ou encore d'Albéa, leader mondial dans le milieu du tube cosmétique, Laurent Villemin a pris conscience du nombre de plastiques problématiques, sans solution de recyclage une fois arrivés en fin de vie.
Pour pallier ce problème, Laurent Villemin et Christian Horn fondent Replace en 2019. Il s’agit d’une solution industrielle permettant de transformer ces matières en fin de vie. Celles-ci sont transformées en un matériau composite recyclable à plusieurs reprises. "Aujourd’hui, nous savons très bien recycler les monomatières. Pour cela, on agit sur les propriétés techniques du produit, on fond la matière pour en faire une pâte plastique puis on fait ce qu’on appelle la "regranulation", c’est-à-dire que des billes de plastiques sont réincorporées dans une chaîne de production plastique", explique Marie-Laure Ruppel, responsable projets stratégiques chez Replace.
En revanche, il est impossible de recycler de cette façon certaines matières comme les emballages plastiques composés de feuilles d'aluminium (paquet de chips, coffre de champagne, opercule de café…) ou constitués de plusieurs couches - colle, encre, plastique etc - permettant de protéger le produit à l’intérieur. "Recycler ce type de produit nécessiterait des opérations multiples et coûteuses et deviendrait vite un non-sens écologique."
Récupérer le plastique en circuit court
Le système de récupération de ces matériaux plastiques complexes s’effectue en circuit court dans un périmètre de 100 kilomètres environ. Les éléments ne pouvant pas être gérés par les régénérateurs et destinés à l’enfouissement ou à l’incinération sont ainsi récupérés par Replace. "Nous ne sommes pour autant pas une concurrence des régénérateurs", assure Marie-Laure Ruppel. Des signalétiques de bord de route ont ainsi été collectées, broyées puis utilisées pour créer des des jalonneurs en plastique recyclé sur lesquels sont fixés des réflecteurs.
"Nous faisons en sorte que le matériau reste dans le même domaine pour ainsi boucler la boucle matière-produit". Ceci est réalisé dans la mesure du possible. Ce n’est pas toujours le cas : "On ne pourra pas refaire un tube cosmétique à partir de la matière en mélange mais on pourra faire des bancs pour des aménagements extérieurs par exemple ou encore des palettes assemblées réparables et recyclables", précise Marie-Laure Ruppel.
Replace travaille ainsi en collaboration avec une trentaine de partenaires et clients. Viticulture, aménagements urbains, signalétiques de route… "Nous essayons de trouver le bon partenaire qui partage la même vision que nous et nous aide à dupliquer notre modèle sur le territoire." Si le site de production se situe actuellement dans la Marne, l’entreprise a pour projet de s’étendre dans les Vosges et l’Aube d’ici l’année prochaine.
En attendant, Replace a remporté le premier prix régional Next Innov 2023 dans la catégorie “Produits et Services innovants”. Une aide précieuse pour l’entreprise qui, malgré son statut de startup greentech, évolue dans le même monde que d’autres grands groupes et fait ainsi face aux mêmes contraintes : "la visibilité est donc le nerf de la guerre". Et Marie-Laure Ruppel d’assurer : "Avoir le soutien d’acteurs tels que la Banque Populaire Alsace Lorraine Champagne donne confiance et met en avant la crédibilité et la pertinence de notre modèle."