«Nous donnons aux gens le télescope de leurs rêves.» Quand il s’agit de présenter son entreprise, Laurent Marfisi, co-fondateur et directeur général d’Unistellar, n’y va pas par quatre chemins. Il faut dire que les télescopes intelligents de la startup marseillaise ont le vent en poupe. En effet, ce ne sont pas moins de 10 000 appareils qui ont été écoulés dans le monde depuis la création de la société en 2015.
C’est principalement aux États-Unis que la société tricolore cartonne, puisqu’elle y réalise 50 % de son chiffre d’affaires. Les télescopes d’Unistellar sont également plébiscités au Japon, tandis la France ne représente que 15 % de ses ventes. «La France est un pays passionné d’astronomie, mais en retard sur la pénétration de marché», explique Laurent Marfisi à Maddyness à l’occasion de l’IFA de Berlin. «Mais nous avons déjà un beau développement à l’international pour une PME», ajoute-t-il.
Il faut dire que l’entreprise française entretient un lien privilégié avec le pays de l’Oncle Sam et l’archipel nippon. Et pour cause, c’est aux États-Unis qu’Unistellar a trouvé un allié de poids en 2017 avec le SETI Institute, un organisme de la Silicon Valley spécialisé dans la recherche de vie dans l’univers, avant de taper dans l’œil de la Nasa pour la surveillance des astéroïdes. Au Japon, les choses se sont décantées de manière improbable à l’occasion d’un voyage en 2019. Lors d’une démonstration dans un parc de Tokyo, trois ingénieurs de Nikon sont venus à la rencontre de la société marseillaise, ce qui débouchera sur un partenariat en 2021 pour la création d’un oculaire électronique, puis l’entrée au capital du groupe japonais cette année.
Un nouveau télescope au CES, un filtre solaire à l’IFA
Face à cet alignement des planètes, Unistellar se montre confiant pour l’avenir. «Nous sommes rentables et nous avons encore l’ADN d’une startup. Nous innovons beaucoup et nous avons une bonne croissance», indique Laurent Marfisi. Ces derniers mois, la société s’est distinguée en dévoilant au CES de Las Vegas un nouveau télescope : l’eQuinox 2. Ce dernier, commercialisé au prix de 2 499 euros, permet de surmonter la pollution lumineuse en milieu urbain pour obtenir des clichés nets du ciel grâce aux algorithmes de traitement de l’image embarqués dans l’appareil. Quant au modèle haut de gamme, l’eVscope 2, il permet de regarder directement le ciel via l’oculaire électronique conçu avec Nikon. Une expérience accessible pour 4 499 euros. «C’est beaucoup plus émouvant de voir une galaxie avec un oculaire», estime le patron d’Unistellar.
Présente à l’IFA à l’occasion du ShowStoppers, la startup française en a profité pour présenter le Smart Solar Filter, un filtre solaire à 249 euros pour observer l’étoile la plus proche de la Terre sans risquer de se brûler les yeux. Une innovation pour rendre l’observation astronomique encore plus accessible. Avec ses nouveautés, la société espère accélérer son expansion à l’international et se démarquer de la concurrence, représentée notamment par Vaonis. «Nous aimerions bien entrer en Chine, mais nous avons tellement de marge de progression aux États-Unis. Nous irons en Chine un peu plus tard. Le marché à exploiter est conséquent, puisque 5 millions de télescopes sont vendus chaque année dans le monde», affirme Laurent Marfisi. Avant d’ajouter : «Nous sommes en train de lever des fonds pour aller plus loin et lancer de nouveaux produits.»
Vers l’infini et au-delà…