De directrice du bureau parisien de l’Open Data Institute à directrice de la French Tech, en passant par co-fondatrice de l’agence five by five (acquise par Capgemini) puis dernièrement Chief Impact Officer de la licorne Contentsquare, le fil rouge du parcours de Kat Borlongan ne saute pas forcément aux yeux.
« En 2013, l’un des typhons les plus puissants du monde a frappé les Philippines dont je suis originaire, explique-t-elle à Maddyness. J’étais déjà en France et je me suis retrouvée propulsée comme la personne qui coordonnait à peu près 500 développeurs bénévoles pour aider à la gestion des stocks alimentaires et à la reconstruction. Finalement, l’initiative a eu très peu d’impact et cet épisode m’a profondément traumatisée. Mes différentes expériences depuis ont toujours été un moyen d’essayer de voir où je pourrais avoir le plus d’impact. »
Elle reconnaîtra sans hésiter que c’est au sein de l’État qu’elle a eu le plus d’impact, mais elle est ressortie complètement épuisée mentalement : « C’est une expérience qui se paye au prix fort, tu donnes beaucoup de toi-même. Je crois qu’il faut le vivre un peu comme le service militaire. Tu prends quelques années pour faire un vrai give back à ton pays pour des choses qui comptent pour toi. »
Naissance d’une Chief Impact Officer
Kat Borlongan quitte alors la sphère politique avec la volonté de chercher l’impact dans une startup en croissance. En effet selon elle, le Next40, ces entreprises que l’on imagine comme les dignes successeurs du CAC40, était très loin d’avoir de bonnes notes sur les critères RSE.
La RSE n’est d’ailleurs pas une référence pour Kat Borlongan qui la surnomme la « tech for not bad » en opposition à la « tech for good » : « ce n’est pas de l’impact pour moi, ce sont juste des standards auxquels toutes les boîtes devraient adhérer en 2023. »
Elle est persuadée que ces entreprises pourraient faire mieux et elle est confiante dans le fait de pouvoir accompagner une licorne dans sa transformation.
Kat Borlongan commence donc lister les startups européennes qui pourraient la séduire.
« Je cherchais une boîte qui a une valorisation de licorne, pour la visibilité que cela représentait. Qui soit dans une verticale qui ne soit pas l’impact… donc pas la santé, l’éducation ou le climat, et avec un fondateur et un COMEX qui y croit vraiment. »
Contentsquare n’était pas sur sa liste. Jonathan Cherki, le CEO de Contentsquare va pourtant la contacter. « Il avait reçu mon mail officiel annonçant que je quittais la French Tech et il m’a écrit ».
Depuis plusieurs mois, Content Square a commencé à multiplier les initiatives liées à l’impact et notamment la création de la Contentsquare Foundation, mais aussi en annonçant des engagements sur l’inclusion, la diversité, et la protection des données personnelles. À l’heure actuelle, Jonathan Cherki souhaite accélérer et structurer ces initiatives.
Kat Borlongan est fascinée par cet homme de 36 ans qui n’avait jamais eu le moindre stage ou expérience avant de fonder Contentsquare, une entreprise qu’il va d’ailleurs décrire comme étant sa première et seule boîte, refusant l’idée de la revendre un jour et s’imaginant en être toujours le CEO à 60 ans.
« C’était très important pour moi, explique l’ancienne directrice de la French Tech. Parce que c’est le genre d’impact dont je rêve… sur du très long terme. »
Chief Impact Officer : le nouveau Chief Transformation Officer
C’est officiel, Kat Borlongan annonce à Maddyness qu’elle quittera Contentsquare en septembre.
« On voyait le rôle comme celui d’un Chief Transformation Officer : un poste à créer quand il y a un énorme changement extérieur et que tu dois mettre en place une stratégie, une équipe, des process internes à l’intérieur de celle-ci. »
Elle reconnaîtra pourtant qu’elle n’avait pas prévu de partir aussi vite. Kat Borlongan se projetait à deux ou trois ans, c’est finalement au bout d’un an et demi qu’elle partira. Il ne s’agit pourtant pas d’un constat d’échec pour la jeune femme, mais aux circonstances qui ont évolué à plusieurs niveaux.
« Quand je suis revenu de congé maternité,, cela ne semblait pas pertinent de rebousculer toute la structure interne. Au final, c’était peut-être le meilleur moment pour travailler avec les équipes pour accélérer la décentralisation de l’impact. »
En effet, comme pour le Chief Transformation Officer qui doit s’effacer quand l’objectif fixé au début de son mandat est atteint et que la transition est réussie, il était l’heure pour que l’impact devienne une composante de chacune des équipes de l’entreprise.
L’ancienne Chief Impact Officer précise qu’elle réfléchit maintenant à son prochain challenge, appréciant ce moment de transition où toutes les portes semblent ouvertes.