Imaginez un monde où vous confiez les photos de vos enfants à une entreprise qui en devient propriétaire et dont les collaborateurs sont autorisés à consulter ces souvenirs intimes. Où pour écouter de la musique, vous louez vos morceaux préférés et payez tous les mois pour y accéder. Enfin, vous rédigez un manifeste pour exprimer le sentiment de dépossession qui s’empare de vous. Mais plutôt que d’en vendre les droits à un éditeur, vous lui en faites don. Malheureusement, votre texte lui déplaît et il décide de le censurer.
Ce monde, qui n’est pas sans rappeler certains romans d’anticipation, décrit la réalité de notre quotidien en ligne. Alors que le monde numérique occupe autant nos vies et notre temps que le monde physique, propriété privée et confidentialité, qui sont les piliers de toute société démocratique, ont disparu. Et sans elles, nos libertés individuelles ne sont plus garanties.
Combler un angle mort de la révolution numérique
Pourquoi avons-nous accepté de nous dessaisir de tous nos biens et comment avons-nous renoncé à tout espace privé ? La réponse est simple : nous n’avons pas eu le choix. Nos faits et gestes sont désormais connus des géants du numérique qui revendent ces informations à des entreprises pour qu’elles améliorent leur efficacité commerciale.
Les technologies de la blockchain et l’écosystème qu’elles ont fait émerger – le Web3 – apportent une solution à cet angle mort de la révolution numérique. En décentralisant le contrôle des données et en identifiant chaque objet numérique, la blockchain permet de réintroduire la notion de propriété sur internet. Nous pouvons ainsi échanger nos biens, les transporter sur d’autres plateformes, et nous assurer que nous seuls, ou nos ayants-droits, y avons accès.
Convaincre tous les citoyens des vertus concrètes du Web3
Si le Web3 a commencé à pénétrer le quotidien des Français via les cryptoactifs (près d’un sur dix possède déjà des cryptos selon une étude KPMG pour l’Adan), rares sont ceux qui ont un usage quotidien d’applications Web3. Si la nécessité philosophique de reprendre le contrôle de nos données s’entend clairement, il faudra encore expliquer et convaincre tous les citoyens des vertus concrètes du Web3. C’est en faisant la promotion de l’importance de la propriété numérique et de la confidentialité que le public comprendra la nécessité d’avoir recours aux solutions développées sur des infrastructures blockchain afin protéger et reprendre le contrôle de ses données personnelles.
Par ailleurs, ce sont les usages concrets qui détermineront le succès du Web3. Les grandes entreprises doivent être au cœur de cette stratégie grâce à la promotion de NFT utilitaires (certificat de propriété, items de jeu, carte d’appartenance à un club, etc.). Pour encourager cette prise en main, la technologie elle-même doit faire l’objet d’innovations pour simplifier son appropriation par les développeurs des entreprises. Les secteurs du luxe, de la gestion de données et du divertissement sont aujourd’hui les plus avancés. Mais il nous faut convaincre plus largement, en mettant en avant les avantages comparatifs qu’offre la blockchain : la traçabilité, l’authenticité et l’activation de communauté d’usagers.
Ainsi, le Web3 accomplira sa promesse d’une nouvelle révolution numérique où chacun retrouvera en ligne la liberté, la propriété et la confidentialité, c’est-à-dire les fondamentaux de toute société démocratique.