C’est un fait entendu, la pénurie de profils tech est massive, critique, globale, protéiforme et durable. Les quelques déboires conjoncturels d’une poignée de mastodontes de la Silicon Valley ne changent pas la donne : les collaborateurs remerciés ont déjà retrouvé des postes dans des entreprises plus traditionnelles qui désespéraient de recruter des compétences qualifiées…
Sur chaque continent, le besoin est immense. En cause ? Les impacts de la révolution numérique qui transforme tous les secteurs de l’économie, les petites entreprises comme les grandes, mais aussi les organismes publics, modifiant au passage en profondeur notre quotidien.
Des organisations désarmées et un déficit mondial de compétences
Cette transformation rapide a favorisé l’accélération de nouvelles menaces, notamment en matière de cybersécurité. En 2022, les cyberattaques ont par exemple augmenté de 38 % au niveau mondial. En croissance de 18 % en France, près de la moitié des entreprises (45 %) en auraient déjà été victimes et leurs impacts dans l’industrie ou sur certains hôpitaux s’avèrent majeurs. Tous les chiffres vont dans le même sens et la croissance exponentielle de la menace de piratage, imbriquée à celle de la désinformation dans le cadre des guerres hybrides, se base sur des moyens colossaux.
Problème : nous manquons drastiquement de ressources pour y faire face. 15.000 postes d’experts en cybersécurité seraient vacants à l’échelle nationale et 3,5 millions dans le monde.
Au-delà de la formation des spécialistes
Que pouvons-nous faire ? Au sein du réseau d’écoles 42, avec 50 campus dans 29 pays, nous constatons la forte sensibilisation des étudiantes et étudiants à cet enjeu. Selon une étude interne réalisée sur le campus de Paris début 2023, deux étudiants sur trois (65 %) considèrent que la cybersécurité est le plus grand défi des entreprises pour les années à venir. Mieux, et ils ont raison, 81 % estiment que désormais la cybersécurité est une expertise transverse utile dans toute formation informatique, quel que soit le métier visé. Car oui, s’il faut des experts, la cyber vigilance ne peut plus seulement être une affaire de spécialistes, tout le monde doit être sensibilisé. Si les organisations sont aujourd’hui désarmées, que penser du citoyen lambda ? Selon une enquête Ifop, en 2022, 4 Français sur 10 ont déjà été victimes d’un piratage informatique. Du partage d’une information personnelle sensible lors d’un achat en ligne à l’email professionnel envoyé depuis un terminal non protégé, le danger est omniprésent et sous-estimé...
Nous avons plongé collectivement dans un nouveau monde sans être suffisamment préparés à affronter les nouvelles menaces qui l’accompagnent. Au-delà de la formation de spécialistes, la pédagogie aux risques cyber est un défi qu’il est nécessaire de relever et qui doit être mené massivement aussi bien dans les écoles, les entreprises, les collectivités et auprès des particuliers.
La cybersécurité nous touche toutes et tous : aucune solution ne pourra se trouver si on exclut de facto certaines parties de la population. Pour combler les failles dans lesquelles les pirates ne manqueront pas de s’engouffrer, il ne faut pas de maillon faible, il faut une union sacrée.