La page d'accueil du site l'affiche clairement "Heureux de rencontrer le nouveau moi !". Derrière cette mystérieuse annonce se cache l'un des nouveaux avatars de l'intelligence artificielle : le jumeau numérique. Celui qui permettra de discuter avec un double digital à un âge donné, accomplir des tâches et discussions fastidieuses, parler avec plusieurs milliers de personnes en même temps si vous êtes une célébrité…
"Les possibilités sont infinies !", s'exclame le fondateur de la startup, Thibault Launay, déjà bien connu des amateurs du metavers pour sa startup Exclusible, principalement consacrée aux applications du secteur du luxe. Inutile toutefois de vouloir tester Doppl avant tout le monde : bien qu'annoncée en ce début d'été, l'application ne sera commercialisée qu'au premier semestre 2024. "Il nous reste encore beaucoup de travail, même si nous donnerons régulièrement des nouvelles avant la sortie…".
Un "jumeau" entraîné selon vos données
Explication : dans les faits, un "jumeau numérique" consiste en une application d'IA évolutive basée sur les données personnelles auxquelles l'utilisateur donne accès. Cela peut comprendre les photos, vidéos, messageries instantanées, bandes-son d'une visioconférence, de quelqu'un… "Ce jumeau numérique s'enrichit au fur et à mesure qu'on lui donne des données pour s'entraîner !" .
Restituant dans un premier temps des messages écrits et audios, il pourrait, dans le futur, devenir un "jumeau vidéo". D'ici là, il utilisera la voix de son propriétaire, en se basant sur des enregistrements existants. "Un fichier audio d'environ 5 minutes nous suffit pour reproduire n'importe quelle voix.".
Ainsi, l'un des principaux défis posés par le logiciel à la startup est de "rendre l'IA plus bête qu'elle ne l'est !". Thibault Launay explicite cette affirmation : "Il va falloir que le jumeau numérique de quelqu'un soit à la hauteur des connaissances de ce dernier. En clair, si la personne est nulle en cuisine, son jumeau le sera aussi. Alors que l'IA en tant que telle trouvera à coup sûr n'importe quelle recette, sauf si on lui a désappris !".
Des données privées et uniquement accessibles par vous
Petite précision : l'application Doppl est "agnostique sur les LLM". En clair, elle peut "apprendre en se basant sur tous les modèles de langages", ce qui est le contraire d'un ChatGPT d'OpenAI ou Bard de Google.
Son utilisation, basée sur de nombreuses données personnelles, ne permet toutefois pas de prédire qu'elle se base uniquement sur les différents messages utilisés. Une fois collectées, les données qui permettent de constituer votre jumeau numérique sont cryptées et stockées sur la blockchain. "Seul vous y avez accès avec votre clé de décryptage, même Doppl ne les connaît pas.". Il est ainsi possible de passer ce jumeau en mode "privé" uniquement : seul vous y avez accès avec votre application.
Un partenariat avec le site Royaltiz
Inutile ainsi d'imaginer que ce jumeau va tenir de grandes conversations avec celui d'une célébrité ou quelqu’un de son entourage : si la personne n'a pas mis son jumeau en statut public, impossible de discuter avec elle. A l'exception d'une célébrité liée à la startup, mais pour laquelle la minute de discussion sera facturée quelques euros.
À ce propos, Doppl a signé un partenariat avec le site Royaltiz, qui gère l'image numérique de 170 célébrités. Ainsi, Doppl espère se confectionner un catalogue de célébrités sportives. Il assure déjà la présence du rugbyman français Antoine Dupont, du combattant de MMA Khabib Nurmagomedov…. "Chacun d'entre eux pourra discuter simultanément avec des milliers de fans grâce à son jumeau numérique, qui reproduira sa voix et ses pensées.".
En attendant sa sortie publique, Doppl finalise une levée de 7 millions d'euros, dont l'objectif premier sera de recruter pour faire doubler l'équipe actuelle de dix personnes, réparties entre Singapour et Dubaï. "Nous discutons avec une cinquantaine de fonds, principalement européens, car ils sont très intéressés par les sociétés d'intelligence artificielle. Mon objectif est de boucler cette levée d'ici septembre.".