Nombreux sont les employeurs à communiquer sur leurs bureaux. Et pour cause, ils seraient l’une des réponses aux problématiques de recrutement et de désengagement. Un récent sondage mené par OpinionWay pour Sowen mettait en évidence que pour 74 % des jeunes actifs les locaux de l’entreprise faisaient partie des critères importants de choix d’un nouvel emploi. Mais quel lien existe-t-il vraiment entre bureau et performance ?
Selon différentes études, le cadre de travail apparaît un critère important pour les salariés ou candidats : 80 % des Français considèrent que ce dernier a un réel impact dans leur prise de décision pour un nouvel emploi. C’est aussi un facteur de plaisir à venir travailler pour 89 % des salariés.
Espaces de travail : un facteur de poids dans l’attractivité
Particulièrement pour les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail avec de nouvelles attentes : télétravail, flex-office, équilibre vie professionnelle/perso, facilité d’accès et aménagement des locaux... Selon le sondage mené par OpinionWay pour Sowen, 58 % des 18-34 ans préfèrent travailler au bureau et 80 % jugent nécessaire qu’il soit un espace convivial. L’enquête révèle même que 64 % d’entre eux iraient plus souvent travailler sur place si leur entreprise modernisait les lieux. Si les attentes semblent explicites, faut-il investir dans des bureaux flambant neufs pour attirer et fidéliser les talents ? Quelle place effective les espaces de travail ont-ils dans l’équation de l’engagement et pourquoi ?
7 % des salariés engagés au travail : le bureau est-il la solution ?
Différentes études ont été menées pour décortiquer le lien de causalité entre lieu et performance. Paul Dolan, chercheur à la London school of economics, a démontré qu’un environnement physique peut effectivement favoriser l'engagement des salariés en respectant le modèle SALIENT. L'acronyme résume les facteurs agissant sur l’espace de travail et leur impact positif sur la motivation : son, air, lumière, image, ergonomie, nature, teinte. Par exemple, un certain niveau sonore favoriserait la concentration et la créativité, une lumière naturelle activerait les hormones du bonheur ou encore un accès à la nature renforcerait les capacités neuronales donc, par ricochet, la performance. En somme, l’environnement de travail serait ainsi un vecteur de bien-être, de motivation et de productivité à condition que celui-ci soit correctement pensé.
En complément, les travaux de Sunstein et Thaler sur les Nudge, théorie issue de l’économie comportementale, démontrent que : " le contexte dans lequel s’effectue le choix n’est jamais neutre et influe sur la prise de décision ". En ce sens, des lieux dédiés à la collaboration et à la créativité constituent des leviers de performance collective. À titre d’exemple, dès 2006, Capgemini avait créé la méthodologie ASE (Accelerated Solutions Environment), des espaces de travail collectif minutieusement conçus selon un cahier des charges très spécifique afin de faciliter la résolution de problématiques business ou de crises, ou encore pour accélérer l’innovation.
Le pari des espaces comme levier d’engagement : trois entreprises témoignent
Plus de motivation grâce à la convivialité
Philippe Bloquet, fondateur et CEO de PeopleSpheres, met en exergue l’importance de l’agencement des bureaux dans l’engagement de ses équipes en se référant à un indicateur clé : leur retour (naturel) sur les deux sites de l’entreprise. " À Montpellier, nos espaces ont été totalement refaits contrairement à ceux de Paris. Ils sont beaucoup plus conviviaux, avec des coins centraux pour se retrouver, comme le billard ou la cuisine. Ces lieux sont stratégiques pour le lien social et la collaboration. Résultat : les personnes reviennent plus qu’à Paris où il manque d’espaces de vie et de rencontre. ".
L’engagement décuplé par la fierté
Les 200 salariés d’Unowhy ont emménagé à Neuilly-sur-Seine dans de nouveaux espaces qui ont été imaginés pour incarner leur mission auprès de leurs clients, partenaires et collaborateurs ou candidats potentiels : " Nous avons créé un lieu expérientiel, un laboratoire de ce que va devenir l’école de demain ", explique Jean-Yves Hepp, fondateur de la première edtech française. Résultats ? " J’ai réellement perçu des changements positifs sur l’engagement des collaborateurs. Nous organisons beaucoup de visites auprès d’artistes, de politiques et de partenaires : l’implication des équipes dans l’animation du lieu est beaucoup plus palpable. On ressent leur fierté de participer à une mission qui est incarnée par ce lieu. " .
La performance collective portée par la qualité relationnelle
Onepoint a récemment inauguré son nouveau QG dans l’avenue d’Eylau, à deux pas du Trocadéro. " Nos espaces de travail sont avant tout des lieux de vie qui reflètent notre manière de travailler en écosystèmes ouverts au cœur des villes ", souligne Matthieu Fouquet, Partner HR & Secretary General. En effet, contrairement au modèle dominant du secteur du conseil, les espaces ont vocation à accueillir leurs clients et partenaires pour faciliter la collaboration. " Fidèles à notre ADN, nous sommes créateurs de liens avec une attention particulière portée sur la qualité de la relation. Nous avons donc priorisé les espaces collectifs, sans cloison et accessibles à toutes nos communautés de travail, en phase avec notre organisation fondée sur l’autonomie. ". Résultat, l’entreprise prospère et les indicateurs RH suivent la tendance : " Le taux de départ est inférieur à 30 % par rapport à nos concurrents. Nous avons également recruté plus de 1.000 personnes l’an dernier grâce, en partie, à la cooptation à hauteur de 35 à 40 %. C’est une preuve d’engagement et d’épanouissement dans l’entreprise, et le lieu y est pour beaucoup ", souligne Matthieu Fouquet.