Dans un monde du travail en pleine reconfiguration, et plus encore depuis la pandémie de Covid-19, le management de transition gagne du terrain en France. Apparu aux Pays-Bas il y a près d’un demi-siècle, sous l’appellation Interim Management, ce concept vise à avoir recours à des managers externes sur une période déterminée pour répondre à un besoin d’une entreprise pour laquelle elle n’a pas forcément les compétences requises en interne. Généralement, la durée d’une telle mission est de six à douze mois.
Face au succès grandissant du management de transition dans l’Hexagone, comme en témoigne sa croissance de 80 % en 2022, le cabinet Adequancy, spécialiste de cette thématique, a dressé un état des lieux du marché dans le cadre d’un baromètre, premier du nom, dédié à cette nouvelle forme de management. Dans ce cadre, ce sont plus de 9 000 managers de transition qui ont été interrogés. Il en ressort que le remplacement d’un cadre stratégique interne par un manager de transition représente 38 % du volume total des missions, devant l’amélioration de la performance (22,7 %) et le pilotage d’une transformation (12 %).
La moitié des managers de transition concentrée en Ile-de-France
Sans surprise, c’est la région Ile-de-France qui concentre le plus de managers de transition en France. L’agglomération parisienne capte ainsi 55 % de ces acteurs sur le territoire national, relève Adequancy. Dans le même temps, certaines régions n’en comptent qu’une poignée, à l’image de la Bourgogne Franche-Comté (2 % du volume total). Cependant, ces disparités ne sont pas surprenantes, puisque l’Ile-de-France regroupe près de 1,4 million d’entreprises, soit 21,1 % du total national, d’après les chiffres compilés par l’Insee.
Si Paris et ses alentours sont un terrain de jeu favorable pour les managers de transition, la marge de progression du marché est importante, puisque seulement 20 % des entreprises tricolores ont pour l’heure recours à ces cadres dirigeants d'un nouveau genre. Toutefois, ce chiffre devrait rapidement grimper dans les prochaines années en raison de l’accélération de la transformation numérique des entreprises, déclenchée par la crise sanitaire. "L’alternance de périodes CDI et missions devient la norme pour les cadres en top et middle management, où l’intérêt du contenu du poste est plus important que le statut occupé dans l’organisation. Les entreprises souhaitent réagir au plus vite pour accueillir des compétences afin d’atteindre les objectifs fixés dans leur plan de développement", décrypte Adequancy.
Un tarif journalier compris entre 1 000 et 2 000 euros
Étant présent sur un laps de temps assez court pour exécuter sa mission, le manager de transition permet à l’entreprise qui le sollicite d’apporter ses compétences dans un domaine d’action précis et son leadership, tout en levant certaines contraintes inhérentes à l’embauche d’un cadre dirigeant classique (primes, congés…). Cependant, s’offrir les services d’un manager de transition n’est pas à la portée de toutes les entreprises. Le tarif journalier moyen est compris entre 1 000 et 1 250 euros pour 26 % d’entre eux, entre 1 250 et 1 500 euros pour 30 %, et entre 1 500 et 2 000 euros pour 22 %.
Dans ce contexte, les grands groupes sont particulièrement friands de ces nouveaux profils pour se réinventer à l’ère du numérique, mais aussi les ETI et les PME, ces deux dénominations pouvant notamment englober des licornes de la French Tech. Quant aux secteurs les plus représentés, il s'agit de l’industrie (51 %), des services (37 %) et de la distribution (11 %). "Nous croyons fondamentalement que le management de transition va poursuivre sa croissance et que ces managers indépendants de haut niveau s’inscriront dans les dispositifs d’organisation de toutes les sociétés françaises, constituant ainsi leur Workforce Management", estime Anthony Baron, CEO d’Adequancy. Devant cette perspective, la deuxième édition du baromètre du cabinet l’an prochain permettra de mesurer la montée en puissance des mangers de transition au sein des entreprises françaises.