Lors de la présentation du plan France 2030 en octobre 2021, Emmanuel Macron n’avait pas caché son souhait de "réconcilier startups et industrie". Depuis, l’exécutif a précisé ses ambitions, en plaidant pour la création de 100 nouveaux sites industriels par an d’ici 2025 et en lançant French Tech 2030, un programme pour soutenir une centaine de startups dans des secteurs stratégiques clés, et notamment des jeunes pousses industrielles.
Face à la volonté du gouvernement de placer les jeunes pousses au cœur du renouveau industriel de l’Hexagone, France Digitale s’est attelé à identifier les startups qui accélèrent la transformation digitale de l’industrie au travers d’un mapping réalisé avec le géant industriel ArcelorMittal et le fonds d’investissement Jolt Capital durant le deuxième trimestre 2023.
Un écosystème de plus de 900 startups en France
Il en ressort qu’il existe aujourd’hui un écosystème de 911 jeunes pousses qui contribuent à la transformation de l’industrie dans plus de 25 secteurs. Celui de la santé est le le plus représenté (167 startups), devant l’énergie (130) et les biotechnologies (121). "La France possède un terreau de sociétés industrielles de pointe tout à fait enthousiasmant. Bien entendu, leur positionnement B2B et la grande complexité de leurs produits les ont mises dans l’ombre des sociétés du B2C digital pendant de trop nombreuses années", note Jean Schmitt, Managing Partner et président de Jolt Capital.
L’ensemble de ces entreprises représente un vivier de 55 000 emplois. Et si ces derniers sont majoritairement situés en Ile-de-France (39 % des startups recensées), c’est la région Auvergne-Rhône-Alpes qui compte le plus de sites industriels (14 % des sites implantés). Elle devance de peu l’Ile-de-France (13 %) et la Nouvelle-Aquitaine (12 %). 17 % des jeunes pousses identifiées se trouvent d’ailleurs au cœur de la production, mais ce sont celles qui se situent en amont de la production qui sont les plus répandues (43 %). Quant aux 40 % restants, ils se situent donc en aval, avec une attention particulière portée sur la qualité (14 %) et la logistique (8 %). Dans le cadre de leur développement, ces sociétés misent sur des technologies de pointe, comme l’intelligence artificielle (10 %) et le big data (7 %).
Lever des fonds et recruter, deux défis majeurs à relever
Si les startups industrielles ne sont pas les plus représentées aujourd’hui dans la French Tech, certaines ont d’ores et déjà tiré leur épingle du jeu, à l’image d’Ÿnsect, Exotec, Preligens, Lhyfe, EcoVadis ou encore DNA Script. Elles figurent notamment parmi les entreprises qui ont réussi à décrocher des financements importants dans l’écosystème. Par exemple, Ÿnsect a levé 160 millions d’euros en avril dernier, tandis que Preligens a décroché l’an passé un contrat de 240 millions d’euros sur sept ans auprès de la Direction générale de l’armement (DGA).
Néanmoins, l’écosystème industriel est encore naissant dans la French Tech, et c’est pourquoi l’essentiel des dernières levées de fonds du secteur concerne le Seed (291 opérations), loin devant la série A (74 opérations). Au total, ce sont 548 startups, soit 60 % des entreprises recensées, qui ont levé des fonds en 2022, dont cinq sont parvenus à boucler des tours de table supérieurs à 100 millions d’euros. Mais lever des fonds n’étant pas une finalité en soi, 80 % des startups au service de l’industrie assurent être déjà rentables ou bien engagées pour atteindre la rentabilité d’ici trois ans.
Dans ce contexte, plusieurs défis restent à relever pour accroître le rayonnement de cet écosystème, notamment en matière de recrutement (14 % des startups interrogées) et de capacité à nouer des partenariats avec des grands groupes (16 %). Toutefois, c’est bien les levées de fonds (21 %) qui occupent surtout l’esprit des dirigeants des startups industrielles pour assurer leur pérennité. "Les différents mappings que nous réalisons tout au long de l’année montrent à quel point les startups innovent et contribuent au dynamisme économique de tous les secteurs. Mais pour que ce cercle vertueux s’accélère, il est essentiel de lever les freins qui empêchent leur passage à l’échelle, comme le manque de talents, de financement, ou de commande publique et privée à destination des startups", alerte Maya Noël, directrice générale de France Digitale.
A bon entendeur…