Pour Slack, l’avenir du monde du travail se conjuguera avec l’intelligence artificielle. C’est en effet le message envoyé par l’entreprise américaine depuis Station F, le campus XXL de startups piloté par Roxanne Varza à Paris. Pour l’occasion, Cal Henderson, co-fondateur et CTO de Slack, et Nicolas d’André, directeur général de Slack France, ont fait le déplacement ce mardi 27 juin.
Depuis l’euphorie déclenchée par le lancement de ChatGPT l’an passé, il faut dire que la société californienne, connue pour sa messagerie instantanée à destination des entreprises, s’est mise en ordre de bataille pour injecter de l’IA générative au sein de la plateforme. Cela s’est notamment matérialisé par le lancement de Slack GPT, une application qui permet aussi bien de faire des résumés d’un canal de la messagerie en quelques lignes après des congés que d’écrire des mails pour faire de la prospection commerciale à partir des informations échangées dans une discussion.
"L’IA générative est en train de révolutionner notre manière de travailler"
Pour enrichir l’expérience de ses utilisateurs, Slack peut aussi compter sur l’appui de développeurs tiers pour donner vie à de nouvelles applications nourries à l’IA générative. Ainsi, l’entreprise basée à San Francisco assure que plus de 4 000 applications liées à ChatGPT ont été crées sur Slack depuis mars, avec un rythme quotidien actuel de 96 nouvelles applications. "L’IA générative est en train de révolutionner notre manière de travailler, elle va être pleinement intégrée à Slack", se félicite Nicolas d’André, directeur général de Slack France. Dans ce cadre, le dirigeant promet des annonces dans les mois à venir. "On rentre dans un monde conversationnel, nous ne sommes pas sur de l’IA algorithmique", précise-t-il. "La pandémie est un changement sans précédent dans le monde du travail et l’IA accélère ce changement", complète Cal Henderson, co-fondateur de Slack.
Si les États-Unis et la Chine semblent avoir une longueur d’avance dans le secteur, avec des sociétés comme OpenAI, à l’origine du robot conversationnel ChatGPT, de l’autre côté de l’Atlantique, la France reste un marché important aux yeux de Cal Henderson, le directeur technique de Slack. Et pour cause, il s’agit du troisième marché de la société en Europe, et surtout, c’est l’un des plus optimistes sur l’impact de l’IA, remarque-t-il.
IA : un gain de 6h par semaine pour les cols blancs ?
Il en veut pour preuve une étude réalisée avec OpinionWay pour connaître la perception des cols blancs et cols bleus français face à la place grandissante occupée par l’intelligence artificielle dans les entreprises. Celle-ci met notamment en lumière qu’ils estiment que l’IA représente une avancée majeure pour la société française (70 % des cols blancs et 62 % des cols bleus). Dans leur quotidien professionnel, ces salariés se disent également plus productifs grâce à l’IA (63 % des cols blancs et 48 % des cols bleus).
Dans ce contexte, l’IA pourrait faire gagner 6h par semaine aux cols blancs selon l’étude, ce qui ne manque pas d’amuser Cal Henderson sur la différence de perception d’un tel gain entre les Américains et les Français. "Aux États-Unis, le bénéfice de l’IA est vu comme un moyen d’améliorer la productivité. En France, c’est plutôt vu comme un outil permettant de moins travailler", ironise le co-fondateur de Slack avec son flegme britannique.
Slack présent à Station F depuis 2022
Néanmoins, les différences culturelles dans le monde du travail entre la France et les États-Unis n’empêchent pas l’entreprise américaine, rachetée par Salesforce en décembre 2020 pour 27,7 milliards de dollars, de s’intéresser de très près à la French Tech. Preuve en est, Slack a lancé il y a un an un programme d’incubation à Station F pour accompagner des pépites qui se penchent sur le futur du travail. "Station F a permis de fédérer une communauté, ce qui est très important dans un écosystème", note Cal Henderson, qui effectuait sa toute première visite dans l’ancienne Halle Freyssinet ce mardi 27 juin.
Aux yeux de Roxanne Varza, directrice de Station F, l’arrivée de Slack dans ses locaux était logique compte tenu de la réflexion enclenchée depuis la pandémie de Covid-19 autour des mutations du monde du travail. "Sur le Future of Work, Slack est l’entreprise la mieux placée pour savoir ce qu’il va se passer", estime-t-elle. Avant d’ajouter : "Créer son Slack, c’est un peu le moment où on se dit que l’on est une vraie entreprise." Ce ne sont pas les entrepreneurs venus écouter Cal Henderson ce mardi matin qui diront le contraire.