Lever des fonds n’est pas l’apanage des sociétés qui n’ont pas atteint la rentabilité. Certaines startups, même jeunes, sont construites sur un modèle qui leur permet de rapidement atteindre le break even, ou point mort en français. Pour autant, au moment d’accélérer, elles ont besoin de financements externes. C’est là qu’intervient Elevation Capital Partners. Maddyness a rencontré Benjamin Cohen, l’un des cofondateurs et managing partner.
La société de gestion du groupe Inter Invest
Benjamin Cohen et Julien Hugot se sont rencontrés sur les bancs de l’école HEC. En 2015, alors que le second vient de revendre les parts de l’entreprise qu’il avait cofondée quelques années plus tôt, il appelle son ancien camarade, pour lui proposer de créer le fonds qu’il aurait aimé avoir à l’époque.
"Nous n’étions pas de purs financiers, mais nous avions des profils complémentaires et expérimentés dans l’entrepreneuriat et le conseil en stratégie pour des fonds LBO. Nous avions, ensemble, l’envie et les compétences pour créer un fonds qui rassemble le meilleur du LBO et le meilleur du venture", raconte Benjamin Cohen.
"À ce moment-là, nous avons rencontré Benoît Petit, le CEO du groupe Inter Invest. Ça a été un mariage d’amour et de raison, lui était convaincu par notre capacité à être de bons investisseurs et nous avions besoin d’une structure solide, capable de collecter des fonds", poursuit-il. Ainsi est né Inter Invest Capital, société de gestion du groupe Inter Invest, rebaptisée Elevation Capital Partners en 2022.
Aujourd’hui, une quinzaine de personnes, appuyées par les équipes commerciales et support d’Inter Invest, gère 350 millions. Les encours sous gestion sont répartis de manière équivalente entre un fonds de capital-croissance généraliste et des fonds axés sur des stratégies thématiques. En 2022, un fonds qui investit dans des fonds de LBO mid cap et des fonds secondaires est venu compléter la gamme.
Une thèse centrée sur la rentabilité
"Dès 2015, nous avons identifié une thèse qui nous semblait pertinente et atypique à l’époque. L’écosystème startup foisonnait, et nous souhaitions y participer, sans pour autant sacrifier les fondamentaux économiques sur l’autel de la croissance", explique Benjamin Cohen. "Nous voulons financer des gens qui ont le sens de l’argent et qui savent qu’un compte de résultat doit être in fine positif", ajoute-t-il.
Sa stratégie Growth vise ainsi des investissements en Séries A et B au capital de startups françaises en croissance, rentables et innovantes. Une approche qui, si elle est largement comprise aujourd’hui, était moins à la mode il y a 8 ans. "Nous n’avons jamais été des chasseurs de licornes, dans toute cette faune, on aime bien les espèces qui sont saines financièrement. Aujourd’hui, le marché se retourne, notamment sur la tech, pas mal de collègues, anciens chasseurs de licornes, se réinventent sur une thèse similaire à la nôtre", constate Benjamin Cohen.
"La rentabilité, pour le dirigeant ou l’entrepreneur, c’est un gage de liberté et d’indépendance. Il ne dépend pas d’une future levée de fonds pour savoir s'il va continuer à exister ou pouvoir payer ses salariés. C’est essentiel pour prendre de bonnes décisions", affirme Benjamin Cohen. "Pour nous, c’est aussi un moyen de gérer les risques. Nous investissons dans des sociétés qui ont atteint un certain niveau de maturité, qui ont fait la preuve commerciale et économique de leur concept, avec un chiffre d’affaires de 1 million d’euros minimum, et qui sont rentables ou proches de l’équilibre", poursuit-il.
"Et à titre personnel, on dort mieux quand les sociétés du portefeuille ne sont pas systématiquement au bord du gouffre !", ironise-t-il
Le fonds revendique 0 défaut et un multiple cash on cash de 7 sur les 5 sorties effectuées. En plus des pistes classiques de l’IPO ou du rachat par un corporate, cette thèse d’investissement permet aussi d’envisager des sorties financières avec des montages type LBO.
Une trentaine de participations actives
Le portefeuille compte aujourd’hui une trentaine de participations actives. Le fonds est généraliste et investit principalement en France et dans l’Union européenne, dans la tech, le digital média, les fintech, l'e-commerce et le green business. "Nous investissons dans tous les secteurs présentant de forts leviers d’innovation", précise Benjamin Cohen.
Le fonds investit des tickets entre 1 et 5 millions dans les premiers tours, et peut monter jusqu’à 15 millions dans les tours suivants. L’objectif est de permettre aux startups d’accélérer. Elevation Capital Partners les accompagne dans leur croissance, en les aidant à se structurer sur les dimensions stratégiques, commerciales, financières et ESG, et quand cela est pertinent, dans leur processus de croissance externe.
"Nous sommes très respectueux de notre rôle d’investisseur minoritaire. Ce sont les entrepreneurs et leurs équipes qui créent de la valeur, ce sont eux qui portent la stratégie de l’entreprise et doivent être décisionnaires", commente Benjamin Cohen. "Nous évoluons dans un écosystème parallèle à celui où les sociétés sont forcées à lever tous les 18 mois. À notre sens, les entrepreneurs doivent passer plus de temps à entreprendre et à diriger qu’à lever des fonds", conclut-il.