“Pour faire simple, tout est décuplé”, synthétise Guillaume Bonneton, Partner France au sein de la banque d'affaires avant de poursuivre : “ En 2014, on dénombrait 30 licornes sur le continent pour une valorisation globale de 89 milliards soit une moyenne de 3 milliards par boîte. 9 ans plus tard, l’Europe compte 311 startups valorisées à plus d’un milliards de dollars et leur valeur totale atteint 1 150 milliards de dollars.”
A travers ces chiffres, le partner de la banque d’affaires n’y voit pas un essoufflement des États-Unis, mais plutôt une prise de conscience de la part des Européens.
“Ils réalisent collectivement que cela représente des emplois pour les jeunes. Ils perçoivent l’impact positif sur différents aspects de nos vies et le phénomène d’irrigation sur de nombreux secteurs. C’est en grande partie l’avenir de l’économie.”
Des prochains leaders par consolidation
Il semble naturel de constater une forme de dissonance entre cette analyse positive et la réalité de terrain et pour cause : les financements des startups européennes sont au plus bas et, dans les faits, seules 34 licornes européennes ont vu le jour en 2023, contre 125 l'année précédente.
Mais pour Guillaume Bonneton, en prenant du recul, il est facile de voir un aspect réjouissant à la fin du marché haussier. “Cette conjoncture oblige les entrepreneurs à se concentrer davantage sur leur EBITDA. C'est-à-dire leur rentabilité avant leur croissance. Le rapport le montre, explique le banquier d’affaires avant de poursuivre, le nombre d’acquisitions devrait croître dans les prochains mois. Plutôt que de lever démesurément pour faire de l’expansion à tout va, les sociétés vont rafler des sociétés un peu plus petites à l’instar de Qonto et de son concurrent allemand Penta. Des boîtes qui n’ont pas pu lever comme elles le voulaient vont être amenées à s’adosser parce que si vous ne trouvez pas d’investisseurs en restant indépendant, vous les trouverez, peut-être, en vous adossant. Il y a une vraie opportunité de créer des leaders européens par consolidation.”
La France bientôt en pôle position
Dévoilé le jour de l’inauguration du salon VivaTech qui démarre aujourd’hui et pendant quatre jours, Porte de Versailles à Paris, le rapport annuel " Titans of Tech 2023 " anticipe un avenir prometteur pour l’écosystème français.
On y découvre notamment que le Royaume-Uni et la France sont les plus susceptibles de faire émerger les prochains champions européens, l’Hexagone détenant les principaux candidats au statut de licornes.
“C’est un environnement perçu comme assez stable. Nous le voyons, la part de marché de la France au sein de l’Europe augmente. Et d’ailleurs plus vous regardez un indicateur de performance future et mieux la France est positionnée. Chaque année, nous demandons aux investisseurs de noter les boîtes d’un panel pour faire émerger celles qui, selon eux, sont les plus enclines à atteindre le milliard d’ici 3 ans. Résultat, 10 sur 50 sont françaises dans l’édition 2023 du baromètre, soit 20%. Il y a de quoi se réjouir lorsqu’on compare aux années précédentes. Entre 2015 et 2016, la France se situait plutôt entre 3 et 5 %."
Sans surprise, si une prochaine vague de création de valeur est désormais à prévoir, elle sera dans les domaines de l’IA, la Climate Tech et les RH assure le partner de GP Bullhound avant d’ajouter un champ qui selon lui manque au rapport : "Les outils du directeur financier comme Spendesk, la paye, la gestion de trésorerie…toutes ces fonctions support utiles lorsqu’il y a une crise et qu’une entreprise essaye d’optimiser pour être plus efficace avec moins de monde. Ça mène irrémédiablement vers des solutions logiciels."