Si l’entité juridique de Plug and Play n’a été créée qu’en 2006, son fondateur, Saeed Amidi a en réalité réalisé ses premiers investissements dès les années 90, au cœur de la Silicon Valley. Plug and Play, qui compte aujourd’hui plus de 1.600 startups en portefeuille, a été reconnu par le Pitchbook League Report comme le VC le plus actif dans le monde au 1er trimestre 2023. Maddyness a rencontré Thomas Bigagli, partner en charge de la zone EMEA.
L’immeuble de la chance
L’histoire de Plug & Play a commencé dans les années 90, à Palo Alto, au cœur de la Silicon Valley. Saeed Amidi, alors propriétaire d’un bâtiment sur University Avenue, en face de Stanford, décide de l’ouvrir aux premières entreprises de la tech, qui jusque-là se développent dans les garages. C’est en quelque sorte les débuts du coworking, et les premiers locataires ne sont pas n’importe qui : Google, Paypal, Dropbox, Logitech, etc.
"Cet immeuble a été rebaptisé le “Lucky Building”. Saeed Amidi était au bon endroit au bon moment. La tech est venue à lui, et c’est comme ça qu’il a commencé à investir dans les startups hébergées dans son bâtiment", commente Thomas Bigagli.
Dès 2006, il reçoit ses premiers retours sur investissement et achète un bâtiment plus grand, pour continuer à héberger et financer plus d’entrepreneurs de la tech. C’est à cette époque qu’est créée l’entité juridique de Plug & Play et que l’activité d’investissement se professionnalise. Le Plug & Play Tech Center, une sorte d’ancêtre de STATION F, accueille alors plus d’une centaine de startups.
"Quelques années plus tard, en 2012, des multinationales sont venues taper à la porte pour externaliser leur innovation, et notre CEO a décidé de créer des services d’open innovation", indique Thomas Bigagli. Plug & Play travaille aujourd’hui avec 600 grands groupes, qui sont, pour nombre d’entre eux, des LPs des fonds.
1.600 startups en portefeuille dont 35 licornes
Plug & Play s’est ensuite internationalisé et compte aujourd’hui plus de 50 bureaux sur 5 continents et 850 employés dans le monde. Ces dernières années, l’activité de VC a significativement accéléré. Plug & Play dénombre aujourd’hui plus de 1.600 startups en portefeuille, dont 35 licornes, parmi lesquelles Paypal, N26 ou Dropbox. Dans chacune d’elle, le fonds est entré aux tours de seed ou de pré-seed.
Plug and Play investit à travers 6 véhicules. Le premier, Plug & Play Ventures, est le fonds evergreen du Family Office de Saeed Amidi qui déploie environ 40 à 50 millions d’euros par an en investissant du pré-seed à la pré-série A, des tickets de 50.000 à 500.000 euros, dans toutes les industries, partout dans le monde. "Nous sommes très généralistes, complètement agnostiques en termes de secteurs et de régions. Nous préférons le B2B mais nous avons aussi quelques deals en B2C. On recherche la crème de la crème, des tractions et un potentiel de leader international", commente Thomas Bigagli.
Plug & Play gère aussi des fonds ouverts à des LPs externes, notamment des stratégies thématiques qui investissent en série A et B, sur des sujets comme la supply chain, le retail, le développement durable, les services financiers et la smart city. On trouve également des fonds généralistes qui ont vocation à poursuivre les investissements de Plug & Play Ventures.
"Nous avons une force de frappe énorme et un écosystème international qui donne une forte valeur ajoutée aux startups de notre portefeuille. Le family office investit dans 250 startups par an en moyenne. C’est un jeu de volume, on sait que certaines de ces startups ne retourneront pas l’investissement. Mais quand on investit en pré-seed ou en seed dans des startups qui deviennent des licornes, les multiples sont énormes", partage Thomas Bigagli.
Développer la zone EMEA
La société a récemment décidé de mettre l’accent sur la zone EMEA, en créant un comité d’investissement décentralisé. "L’année dernière a été une année record, avec 91 investissements dans cette zone, et l’émergence de 2 nouvelles licornes", commente Thomas Bigagli. Il s’agit de Vesttoo, une marketplace d’assurance israélienne et Einride, une société de transport suédoise.
Plug & Play compte 70 startups en France, dont la licorne Owkin, une startup qui introduit l’IA dans la médecine pour découvrir de nouveaux médicaments, notamment dans le cadre de la lutte contre le cancer ou de la prévention de maladies cardiovasculaires. L’an dernier, 3 sorties ont été réalisées sur ce marché : Ponicode, Monk et Betterway.
"La France est un marché stratégique pour Plug & Play. Ça a été l’un des premiers bureaux de la zone EMEA en 2016. C’est le marché européen le plus important derrière l’Allemagne et le UK", partage Thomas Bigagli.