Alice Lassalle, cofondatrice de Nimbl’Bot l'explique. " Les bras de robot traditionnels fonctionnent comme un coude. Avec eux, il n’y a qu’une possibilité pour atteindre un point donné ". Une technologie qui empêche plusieurs secteurs d’automatiser leurs process. Comme le nucléaire : " Ce sont des milieux très inaccessibles, il y a des tuyaux partout, peu d’espace, ils n’ont pas du tout été pensés pour accueillir des robots ", poursuit Alice Lassalle. Pourtant, ces milieux dangereux ont tout intérêt à être automatisés, pour protéger les hommes qui y travaillent.
Voilà pourquoi Alice Lassalle et Ludovic Dufau ont imaginé un bras de robot ne comprenant plus 3 axes mais 25, capable d’adopter une infinité de positions pour éviter les obstacles. " Notre objectif est que nos robots soient guidés par un savoir faire main mais qu’ils éloignent l’homme du danger ", indique la cofondatrice. Dans le même temps, la startup souhaite que son produit soit utilisable par n’importe qui. " Nous travaillons actuellement sur un logiciel, nous nous appuyons sur tous les travaux en cours dans la robotique pour faciliter la programmation ", détaille Alice Lassalle.
Entrer en phase de pré-industrialisation
Pour mettre au point son bras, Nimbl’bot, né en 2018, s’est d’abord concentré sur la R&D. Fin 2020, la société a notamment réalisé une première levée de fonds de 250.000 euros pour réaliser son prototype. Aujourd’hui, elle franchit une nouvelle étape. Elle vient de réunir 2 millions d’euros auprès d’UI Investissement, Irdi Capital Investissement et du fonds régional NACO (Nouvelle-Aquitaine Co-Investissement). L’objectif : entrer en phase de préindustrialisation. " Ce nouveau tour de table va nous permettre d’avancer dans toutes les étapes jusqu’à la commercialisation ", indique la codirigeante.
Pour cela, la société souhaite notamment étoffer son équipe commerciale et doubler ses effectifs, afin de passer à 24 salariés d’ici fin 2023. Puis Nimbl’bot devrait à nouveau doubler de taille l’année prochaine. Cette levée de fonds permet également à la startup de faire un effet de levier. Nimbl’bot a ainsi pu réunir 2 millions supplémentaires auprès de Bpifrance et de banques commerciales mais aussi via une avance remboursable et une subvention de l’État de 825.000 euros. " Nous avons été lauréat de l’appel à projets France 2030 ", souligne Alice Lassalle.
Un brevet en Europe, aux États-Unis et au Japon
La société, qui cible principalement le secteur nucléaire, a aussi vocation à vendre ses bras à toute industrie ayant des difficultés à robotiser certaines tâches. " Nous voulons aller vers des industries aux géométries complexes, avec des zones exiguës ou dangereuses, où l’intervention de l’homme est délicate. C’est le cas de la chimie, du gaz ou même de l’eau, pour ce qui concerne l’inspection des canalisations ", détaille la cofondatrice, qui envisage de travailler avec de grands groupes industriels français et, rapidement, d’amorcer son expansion à l’international.
" Les groupes avec qui nous allons travailler ont souvent des entités à l’export. L’idée est de se déployer auprès d’eux, en dehors des frontières hexagonales. " . Nimbl’bot a d’ailleurs déjà déposé un brevet en Europe, aux États-Unis et au Japon et d’autres dépôts sont en cours. " Ce sont les marchés où la technologie de la robotique est la plus mature. Il y a des constructeurs de bras mais aussi des utilisateurs. Nous avons prouvé que notre technologie allait marcher, maintenant il faut qu’elle s’installe. " .