Aujourd’hui 1 personne sur 6 en France n’utilise pas Internet, et plus d’1 personne sur 3 manque des compétences numériques de base. Les plus âgés d’entre nous, les moins diplômés, ceux aux revenus les plus modestes, les femmes seules et sans enfants, etc. sont les plus concernés par un manque d’équipement et de formation au numérique. Une personne sur 2 de plus de 75 ans n’a pas accès à Internet chez elle. Si on ne se préoccupe pas de ce phénomène, on se dirige vers une nouvelle fracture numérique, encore plus importante que la précédente.
Dans une France où le numérique est partout, de plus en plus complexe, avec ses innovations disruptives majeures comme l’IA et le Web3, si nous voulons construire un monde plus inclusif qui permet d’éviter cette fracture, il (re)devient nécessaire de faire de la pédagogie auprès du plus grand nombre. D’abord sur les technologies qui existent déjà, mais aussi sur toutes les nouvelles.
L’IA par exemple va nous permettre notamment de faire progresser la science, d’accélérer notre accès à de nombreuses connaissances et de gagner du temps, mais il faut aussi en connaitre les travers possibles pour s’en servir à bon escient et savoir se protéger. Et savoir développer un esprit critique dès le plus jeune âge pour savoir faire la part des choses.
L’ignorance engendre la peur, l’IA peut être vécue comme une menace si elle n’est pas bien expliquée et comprise, alors qu’elle peut tant nous apporter. L’enjeu, à l’heure où la simple création d’une adresse mail est toujours compliquée pour certains, est de savoir comment éduquer autour de toutes ces technologies numériques pour offrir une autonomie minimum dans un monde de plus en plus connecté.
Les enjeux de cette démocratisation de la Tech ?
Viser une vraie inclusion numérique qui permettra d’éviter l’exclusion sociale liée aux disparités territoriales d’équipement et de connaissances, ce " Quart Web ". Cette inclusion numérique permettra de réduire les inégalités entre un microcosme très localisé à Paris et dans les grandes villes, généralement très bien desservies en réseaux téléphoniques et Wifi, et certaines régions ou départements ruraux où, pour certains, avoir accès à Internet relève de la gageure.
Éviter aussi l’exclusion d’une population de seniors qui, s’ils ont pour beaucoup réussi à s’adapter à l’usage d’Internet, représentent la population la plus marginalisée par rapport au numérique. Sans compter que, cibles faciles, ils risquent d’être encore plus manipulés ou escroqués aujourd’hui sans les connaissances nécessaires pour démêler le faux du vrai.
Assurer une bonne éducation des nouvelles générations à ces technologies numériques dans le système scolaire, du primaire au lycée, pour que ce ne soit pas un sujet pour les nouvelles générations, sans disparité de lieu ou d’origine sociale.
Lutter contre la désinformation dans les médias à l’ère où l’IA permet de modifier ou de créer des images et des sons, où on ne peut plus croire tout ce qu’on voit ni ce qu’on entend. Un sujet majeur car l’enjeu est ici la confiance dans nos médias, nos institutions, nos dirigeants politiques, et peut amener à alimenter des tensions qui n’ont pas de raison d’être, diviser les Français, nuire au système électoral, etc.
La sécurisation des données de chacun : Les attaques cyber sont de plus en plus fréquentes, il est donc indispensable d’associer à la formation au numérique une éducation au risque de cyberattaques, aux bons réflexes de sécurité à avoir pour éviter les fuites ou le vol de données, ou les arnaques sur le Web, permettant à chacun d’avoir les clés pour profiter du numérique tout en se protégeant.
L’accès au travail et à tous les débouchés professionnels qu’offrent ces nouvelles technologies : il s’agit à la fois des nouveaux métiers en rapport avec l’IA, le Web3, mais aussi du simple accès aux offres d’emplois, et aussi des nouveaux modèles numériques qui offrent une plus grande mobilité, qualité de vie au travail, etc. Démocratiser le numérique est donc aussi indispensable pour l’égalité de tous les Français face à l’emploi.
Tous les acteurs publics ou privés concernés doivent se mobiliser dans ce sens, cela fait d’ailleurs partie des enjeux de France Digitale d’éduquer les Français à ce nouveau monde numérique.