Tout le monde a en tête les échecs à répétition des Google Glass, les lunettes connectées du géant américain. C’est pourtant à ce même marché que s’attaque, depuis quelques années, l’entreprise française Microoled. Le cofondateur et ingénieur Éric Marcelin-Dibon souligne toutefois une différence cruciale : " Google et d’autres se concentraient sur l’aspect technologique alors que les lunettes connectées doivent d’abord être confortables, améliorer la vue ou protéger du soleil, ce sont les fonctions premières d’une paire de lunettes ! ".
Microoled, initialement spécialiste du micro-écran pour les appareils photos ou les caméras par exemple, développe depuis quelques années ses propres lunettes connectées en prenant le parti inverse du mastodonte américain. Ses lunettes sont très légères et le micro-écran intégré très faible en consommation d’énergie, c’est-à-dire : " environ 30 fois moins gourmand que la concurrence pour la même taille d’écran ". " Nous avons pris une approche cas d’usage plutôt que purement technique ou technologique ", résume le cofondateur.
Justement, ces usages, quels sont-ils ? Aujourd’hui, les lunettes Microoled servent beaucoup aux sportifs. Un joggeur, en courant, aura par exemple sous les yeux sa fréquence cardiaque ou son allure. Idem pour un cycliste et cela sans avoir besoin de détourner son regard de la route pour consulter sa montre connectée. Sur le fonctionnement pur, Éric Marcelin-Dibon explique : " Vous voyez le monde réel avec des informations en transparence, les lunettes ne changent que quelques pixels dans l’image et n’envoient que très peu d’informations… Nous sommes loin du métavers ou des films de science-fiction avec des données partout ! ". C’est ce minimalisme qui permet à l’entreprise de développer un produit léger et pratique, et surtout de se démarquer de la concurrence.
Multiplication des usages
Les usages des lunettes de Microoled ne cessent d’évoluer. Récemment, ce sont les parapentistes qui ont jeté leur dévolu sur ce produit pour avoir leurs informations de vol en temps réel. Demain, pourquoi pas les navigateurs ? Ce foisonnement d’usages est rendu possible car l’entreprise implantée à Grenoble fonctionne sur la base d’une plateforme ouverte.
" Nous fournissons la couche logicielle gratuitement à des développeurs qui ensuite confectionnent des applications ", résume Éric Marcelin-Dibon. " Par exemple, ajoute-t-il, un employé de l’entreprise, fanatique de golf, a développé sa propre application pour avoir les informations qu’il juge utiles dans ses lunettes lorsqu’il pratique son sport. ". Aujourd’hui, les lunettes valent 329 euros. Et la proposition de l’entreprise, des lunettes connectées minimalistes, est assez unique en France et dans le monde. " Personne ne fait de lunettes de ce poids – une trentaine de grammes – avec ces fonctionnalités, nous défrichons le marché tout seul mais aucun doute que la concurrence va arriver ", affirme le cofondateur.
Même si les lunettes connectées sont évoquées depuis plusieurs années, leur usage concret reste encore marginal. Éric Marcelin-Dibon établit un parallèle avec l’arrivée du téléphone portable à la fin des années 90 pour mesurer l’état d’avancement de cette technologie. Quoiqu’il en soit, l’ingénieur est persuadé que : " demain, tout le monde fera du sport avec des lunettes connectées ". Une certitude qui le pousse à croire que l’entreprise – 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et une centaine d’employés – devrait doubler voire tripler de taille dans les prochaines années. Les lunettes connectées permettraient-elles aussi de voir l’avenir ?