Oeuvrer à la préservation de l’environnement en jouant à un jeu mobile. C’est la promesse de My Lovely Planet, édité par l’entreprise à mission Imagine. Le principe est simple : une action dans le jeu entraîne un impact positif dans le monde réel. Ainsi, un arbre planté virtuellement sur une île conduira à la plantation d’un véritable arbre.
Après trois ans de développement, ce jeu est sorti début janvier dans une version bêta ouverte au public. Il va s’accompagner en plus d’un fonds, baptisé “Environmental Treasury”, dédié au financement d’ONG et de projets innovants visant à capter du CO2 présent dans l’atmosphère, à protéger la biodiversité ou encore à favoriser une industrie circulaire. Pour l’alimenter, 750 000 euros ont déjà été récoltés auprès d’investisseurs privés. Et à partir de ce 22 mai, l’émission d’une cryptomonnaie, le My Lovely Coin (MLC), doit permettre de lever bien davantage d’argent.
Évoluant sur Polygon, une blockchain drastiquement moins énergivore que le bitcoin, ce nouveau jeton sert à réaliser des achats dans le jeu vidéo, pour accéder à plus de parties ou customiser ses personnages, par exemple. Pour acquérir des jetons (ou “tokens” en anglais), pas besoin de disposer d’un portefeuille numérique. Une solution intégrée dans le jeu permet de payer par simple carte bancaire, afin de rendre la technologie accessible au plus grand nombre.
Devenir un poids lourd de l’univers crypto
“Vers la fin de l’automne, le token devrait en plus être listé sur plusieurs grosses plateformes d’échanges de cryptomonnaies”, précise Clément Le Bras. Le fondateur de My Lovely Planet est aussi à l’origine de Lilo.org, moteur de recherche “solidaire” lancé à sa sortie de l'École des Mines, en 2014, qui revendique 6 millions d’utilisateurs et 5 millions d’euros reversés à des centaines d’associations.
Pour son nouveau fonds, l’entrepreneur se montre pour le moins ambitieux, puisqu’il espère lever jusqu’à un milliard de dollars d’ici la fin de la décennie. Clément Le Bras compte sur le succès My Lovely Coin, un token initialement émis au prix de 10 centimes. Sa valeur devrait grimper au fil du temps, notamment grâce aux rachats de jetons MLC que prévoit d’effectuer Imagine sur des plateformes d’échanges. Une partie des revenus de la startup, générés par les achats des joueurs et de la publicité au sein de l’application, doit y être consacrée.
Au total, 40% de l’ensemble des jetons MLC sont dédiés au fonds “Environmental Treasury”, régi par une DAO, une organisation autonome décentralisée qui permet à la communauté des joueurs de prendre collectivement des décisions sur la blockchain.
Plus la croissance du jeu sera forte, plus son token devrait prendre de la valeur, et plus le fonds grossira. “Notre objectif est d’intégrer le top 30 des plus grosses cryptomonnaies, avec une valorisation autour de 2,5 milliards de dollars”, lâche Clément Le Bras.
Multiplier les mini-jeux et les partenariats avec des associations
L’ingénieur apparaît aussi extrêmement ambitieux pour son jeu, qui compte aujourd’hui 10 000 joueurs actifs et 50 000 téléchargements sur iOS et Android : “nous voulons créer une communauté de 100 millions de joueurs d’ici 2030”. Pour y parvenir, la startup bénéficie notamment du soutien d’Ubisoft, à travers son programme “Entrepreneurs Lab” à Station F.
My Lovely Planet contient actuellement quatre mini-jeux accessibles gratuitement. Mais l’objectif est d’ouvrir sa plateforme aux développeurs pour que des centaines de jeux soient à terme développés dessus. Outre la plantation d’arbres, en partenariat avec l’ONG Eden Reforestation, l’application permet virtuellement - et dans la vie réelle - de nettoyer les océans ou de prendre soin de ruches. La startup s’est associée à cinq structures pour le moment, dont Sea Shepherd, la SPA, Plastic Bank et Un toit pour les abeilles.
L’idée est de multiplier ce type de partenariats. Et pour ceux qui douteraient de la dimension écologique du jeu mobile, Clément Le Bras assure avoir fait le calcul : “un joueur régulier pendant cinq ans va pouvoir capter plus de CO2 grâce à My Lovely Planet qu’il n’en émettra en achetant et utilisant l’ensemble de ses appareils électroménagers”.