Depuis le début de l'année, les plans sociaux se multiplient dans la French Tech avec comme exemples récents les pépites telles que Ynsect, Back Market, OpenClassrooms ou encore PayFit. Des signaux faibles inquiétants qui étaient nuancés par la résilience de l’écosystème startup qui affichait des créations d’emploi à la hausse malgré un contexte économique tendu.
Ralentissement : l’effet domino s’accélère au deuxième trimestre
En avril 2023, cette dynamique commence à se ternir selon le baromètre Numeum qui relève une perte de vitesse de certains indicateurs : le nombre de startups créatrices d'emplois est en fort recul avec une baisse de 69 % par rapport au mois précédent. De même, le nombre de startup qui licencient progresse de 50 %. Après trois mois de créations nettes d'emplois, le bilan tombe donc comme un couperet : les startups françaises ont supprimé plus de 3.600 emplois.
Une inflexion nationale et multisectorielle
Contrairement aux mois précédents, cette tendance s’étend à l’ensemble du territoire métropolitain et touche particulièrement la région Île-de-France, qui représente plus de 60 % des emplois supprimés. Cette inflexion est perceptible dans l’ensemble des secteurs : les services IT, le martech, la fintech, la healthtech et les HRtech sont les secteurs observant la plus forte baisse sur un an. La GreenTech n’échappe pas au maelstrom économique et social alors qu’elle se positionne comme secteur leader depuis bientôt 18 mois.
Des causes inhérentes aux contraintes économiques
Numeum émet quelques hypothèses quant aux facteurs à l’origine de cette dégradation. Un triptyque à la fois macro et micro-économique ressort :
- Le ralentissement du financement des startups depuis le second semestre 2022,
- Les demandes des fonds d’investissement qui souhaitent prioriser la rentabilité à la croissance de leurs participations,
- La pression sur les prix qui empêche les startups de répercuter sur leurs tarifs la hausse des salaires et des coûts de fonctionnement (hébergement, électricité, etc.).
Reste à savoir si ces trois phénomènes sont structurels ou simplement conjoncturels, ce qui donnera le ton économique pour le reste de l’année 2023, voire 2024.
PIB en hausse : une lame de fond optimiste
Divers indicateurs permettent d’émettre des perspectives positives pour les mois à venir : d’abord côté emploi, à l’échelle nationale, le solde 2023 reste à ce jour positif avec une création nette de près de 5 000 emplois depuis le début d’année. En parallèle, la demande se maintient avec un PIB qui progresse de +0,2 % au premier trimestre 2023, notamment tirée par le dynamisme de l’investissement en information-communication (+1,5 % après +1,1 %) informatique, télécoms et audiovisuel ainsi que par les exportations (près de 60 % du CA des éditeurs de logiciels selon le panorama Top 250 réalisé par Numeum et EY).
Cette demande devrait tirer la dynamique du secteur, néanmoins, le contexte reste nébuleux appelant à la prudence à la fois pour les startups et pour l’ensemble des entreprises.