Pour aider les investisseurs, les partenaires commerciaux, les clients et autres parties prenantes à évaluer et auditer la crédibilité, la performance et le potentiel de croissance des startups, sont apparues il y a plus de 15 ans, les premières agences de notation de startups.
Force est de constater qu’en 2023, l’écosystème est plus mature : "Beaucoup plus de gens se sont formés et maîtrisent ces sujets en interne. Évidemment, cela s’est ressenti au sein de notre activité. Il reste néanmoins bon nombre de protagonistes, peu habitués à traiter avec les startups, qui expriment encore et toujours un besoin de soutien pour être aidés à la prise de décision. C’est le cas de certaines équipes de fusion-acquisition qui ne réalisent qu’une à deux opérations par an. Mais oui, tout un pan du marché s’est structuré et a gagné en compétences. Là où il y a 2 ans, en 2020-2021, les fonds de VCs nous réclamaient systématiquement des rapports de notation d’une quarantaine de pages reposant sur notre méthodologie et rédigés par des analystes, aujourd’hui, ils sont plus aguerris", analyse Sébastien Paillet, cofondateur et président d’Early Metrics.
Une approche logiciel
Les besoins ont changé. Et, aux rapports, certains acteurs préfèrent désormais des outils digitaux automatisés de productions de données pour pouvoir compléter leur propre. Alors, pour ne pas péricliter, beaucoup d’agences ont fait évoluer leurs produits. Initialement exclusivement pourvoyeur de rapport, en 2020, Early Metrics a développé, - sur la base de son expérience et ses analyses de backtesting - ScaleX, un logiciel de scoring automatisé des startups qui a vocation à donner accès à des outils de benchmark.
"Les parties prenantes expriment davantage le besoin d’outils digitaux automatisés de productions de données pour pouvoir compléter leur propre analyse. L’utilisateur - qu’il s’agisse d’un fonds, d’un grand groupe ou d’une banque -, va renseigner les informations sur la startup à analyser, et le logiciel va ensuite classer l’entreprise au sein d’un panel de plusieurs milliers de boîtes. Au final, le logiciel va donner des indications sur la situation de la startup en termes de croissance, de valorisation en se rapportant aux autres entreprises évoluant dans le même marché. Dans le monde de l’investissement et du financement, aux analyses on préfère désormais des outils à intégrer aux workflow", analyse le cofondateur.
Cette évolution de la demande et la naissance de ScaleX, a permis à Early Metrics de signer d’importants contrats, notamment avec l’équivalent britannique de Bpifrance, InnovateUK, qui a désormais intégré ce logiciel de scoring à leur process. Aujourd’hui, dès qu’une société adresse une demande de subvention à Innovate UK, elle passe par ScaleX, qui est intégré au CRM du chargé d'affaires d’Innovate UK.
"La Caisse des Dépôts et consignations, elle aussi, après nous avoir commandé de nombreux rapports, nous a témoigné un intérêt pour le logiciel Scale X. Nous vendons également notre API à Euronext.".
Cette évolution vers la mise en place progressive d’une approche logiciel - Sébastien Paillet l’assure - touche également les agences traditionnelles à l’instar de Standard & Poor's (S&P), Moody's ou encore Fitch Ratings : "Leur roadmap est aussi d’aller de plus en plus vers du logiciel et d’offrir des solutions de données, de comparables, de metrics. Preuve en est le rachat par Standard & Poor d’IHS Markit, une plateforme de market intelligence pour plusieurs milliards de dollars ou encore le rachat du bureau Van Dijk, une très grosse plateforme de données financières, par Moody’s. On fait face à une tendance de fond.".
Aussi, tout laisse à penser que les agences de notation des startups qui font preuve d’agilité ont encore de beaux jours devant elles.
L’extra financier pour ne pas péricliter
Par ailleurs, si traditionnellement la majorité des agences de notation se concentraient sur les aspects financiers tels que les états financiers, la solvabilité, la rentabilité et les ratios financiers pour évaluer le risque de crédit d'une entreprise, celles qui affichent un intérêt particulier pour les aspects extra financiers, auraient une valeur ajoutée qui les éloignerait davantage d’une éventuelle périclitation.
Pour Sébastien Paillet, les aspects ESG qui représentent une partie des éléments qu’Early Metrics analyse deviennent progressivement fondamentaux.
"Depuis sa création en 2014, Early Metrics a noté plus de 4.000 startups. Dès le départ, nous avons mis au point une méthodologie disruptive de notation de startups car basée sur trois piliers principaux : le management, le projet et le marché. Cette approche extra-financière, conjuguée à une analyse financière, nous permet d'attribuer une note allant de 0 à 100 aux startups et d'identifier les forces et les faiblesses d'une startup, son potentiel de croissance et sa capacité de résilience. Lorsqu’on s’attarde exclusivement sur le compte de résultat ou le bilan, on obtient une photographie de l’entreprise, un instant figé, mais on ignore totalement si les ingrédients qui se cachent derrière ces données financières permettront à la société de grossir. Alors que les éléments extra financiers laissent place à une approche de terrain.".