Rééquilibrage des levées de fonds
C’est au cours d’un échange croisé destiné à dresser - devant une salle comble composée de VCs, de fondateurs de licornes, de chefs d’entreprises et de startups - l’état des lieux de l’écosystème startups, que les quatre intervenants de renom précédemment cités, ont tenu à nuancer l’idée d’une French Tech en difficulté. Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech s’est dit très optimiste au regard de chiffres qui ne mentent pas : “Nous sommes aujourd’hui sur un rééquilibrage. Le montant des levées a baissé, mais le nombre de deal sur Q1 est stable par rapport à l’an passé. En Europe, la France demeure en 2023 le premier pays en termes de levée de fonds. Nous sommes loin d’être à l’arrêt.”
Nicolas Dufourcq, président de Bpifrance est revenu sur l'effervescence des dix dernières années : “Nous pouvons nous féliciter de cette énorme victoire du drapeau tricolore et du marketing national, a-t-il lancé avant de rappeler la genèse du coq rouge et les ingrédients fondamentaux qui ont contribué au succès de la startup nation avec entre autres, le CES de Las Vegas qui a permis aux médias d’évaluer, année après année, la progression de l’influence de l’écosystème de la tech française."
ZEBOX annonce l’ouverture de deux nouveaux hubs
Le PDG du groupe CMA CGM, s’est aligné en rappelant son optimisme par l’action, et en annonçant l’ouverture de deux nouveaux hubs pour ZEBOX - un à Manchester, l’autre à Singapour -, mais aussi le lancement de ZEBOX Ventures, un fonds d'amorçage visant à accélérer le financement et le développement de startups françaises et étrangères.
Chaque année, le fonds bénéficiera à une cinquantaine de structures au travers de tickets moyens allant de 50 à 250 000 euros, Mais, alors que les financements se raréfient dans le monde des startups, le PDG de l’armateur marseillais - qui investit depuis plusieurs années dans des startups à titre personnel ou au travers de véhicules corporates notamment CMA CGM - à tenu à mettre en garde face au phénomène de sur-valorisation. “Si les startups veulent qu’on investisse, ça ne sert à rien d’afficher des valorisations surréalistes. Moi en tant qu'investisseur, si ça flambe trop, je passe mon tour”, avant de rappeler les principaux domaines d’application de ZEBOX Ventures : l’optimisation du transport et la logistique, mais également la mobilité, la décarbonation ou encore l’intelligence artificielle.
Évoquant à tour de rôle ce dernier domaine, Rodolphe Saadé et ses invités exceptionnels se sont accordés à dire qu’une décennie après son avènement, l’écosystème français devait désormais prendre toute sa part dans la révolution technologique mondiale portée par l’IA et le quantique.
Tous se sont montrés confiants quant aux perspectives futures. “Les talents sont ici. Les financements sont là. Tout est à construire. L’État a, de surcroît, décidé de soutenir fortement ces technologies avec un investissement à hauteur de 54 milliards dans le Plan France 2030. Des ingénieurs reviennent, les investisseurs prennent des risques. Tous les ingrédients du succès sont là d’autant que la French Tech est forte d’une expérience de 10 ans. Plus qu’une opportunité, c’est un devoir.” a asséné Clara Chappaz, rapidement confortée par Xavier Niel. “Nous sommes les rois du monde en matière d’IA. Nous avons des écoles d’excellence. Dans toutes les équipes qui travaillent sur de l’IA dans le monde il y a en moyenne 30 % de français. Je pense que, justement, cette baisse de valorisation aura pour conséquence, dans les deux années qui viennent, de donner naissance à des dizaines de startups d’IA incroyables, qui vont venir récupérer tous ceux qui quittent Google et Facebook actuellement.”
Décarbonation et transformation des industries
Outre l’IA, la décarbonation (un second domaine d’application de ZEBOX) a bénéficié d’un large enthousiasme. Les intervenants n’ont pas hésité à insister sur le rôle des startups, en tant qu'acteurs de la transformation des industries, faisant ainsi écho au message véhiculé dernièrement pas l’exécutif qui a promis d’allouer 5 milliards de fonds publics, dans les 18 mois, aux projets de décarbonation des industries en plus des 5 milliards déjà prévus dans le cadre de France Relance.
Sur ce point, Xavier Niel s’est montré serein : “Il y a 20 ans quand on recrutait, le premier argument c’était le salaire. Aujourd’hui l’impact est devenu le premier argument suivi par l’ambiance de travail.”
Une vision partagée par Nicolas Dufourcq, qui reconnaît que la question de “la mission est, aujourd’hui, fondamentale” tout en rappelant aux investisseurs présents et susceptibles d’intégrer ZEBOX Ventures que : “Si nous pouvons nous réjouir que la moitié du deal flow de la deep tech concerne la green tech, force est de constater qu’elle a besoin de capitaux. Les levées sont difficiles pour ces solutions qui deviennent rapidement industrielles. Il est nécessaire pour l’écosystème de s’emparer des sujets industriels et d’appréhender la finance avec une temporalité différente, des multiples élevés, mais des TRI plus faibles.”