Lancé en août 2021 au sein de la société de gestion Auriga Partners, Auriga Cyber Ventures est le premier fonds thématique français à investir en early stage uniquement dans la cybersécurité. Maddyness a rencontré Geoffroy Rosset, partner et William Lecat, directement d’investissement.
Auriga Cyber Ventures, le fonds thématique cybersécurité d’Auriga Partners
Auriga Cyber Ventures (ACV), anciennement Cyber Impact Ventures, est le fruit d’une collaboration entre quatre entrepreneurs phares de la cybersécurité - Jean-Noël de Galzain (Wallix), Edouard de Rémur (Oodrive), Georges Lotigier (Vade) & Thierry Rouquet (ex-Sentryo) – et la société de gestion Auriga Partners.
Le lancement d’ACV s’inscrit dans une volonté plus globale d’Auriga Partners de lancer des fonds thématiques. ACV est donc le premier-né de ce qui devrait devenir une lignée : "Nous avons choisi de commencer avec la cybersécurité, car c’est un écosystème dont nous sommes historiquement proches", explique Geoffroy Rosset.
Au-delà de l’historique, la thématique semble être devenue particulièrement porteuse en Europe. "La cybersécurité n’est pas un marché hors sol, elle est associée au sous-jacent de la numérisation. Or tous les secteurs se numérisent. Depuis la crise sanitaire, les attaques ont été multipliées et leur visibilité aussi", analyse William Lecat. "Par ailleurs, il y a une volonté politique de faire de la cybersécurité un enjeu stratégique et économique. La France, notamment, fait beaucoup d’efforts pour stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat dans ce secteur, et cela paye, il y a de plus en plus de startups créées", souligne-t-il. Longtemps à la traîne, l’Europe semble en effet raccrocher les wagons. "Nous avons encore un peu de retard par rapport à l’Israël et aux US, mais on les rattrape et les startups européennes n’ont plus à rougir", commente William Lecat.
La chaîne de financement s’est aussi structurée. "À notre connaissance, nous sommes avec Tikehau Capital, les seuls fonds français aussi spécialisés sur la cybersécurité, et nous sommes le seul sur l’amorçage. Mais plusieurs fonds similaires au nôtre se sont lancés en Europe, c’est une bonne nouvelle, cela montre que l’écosystème cybersécurité se structure. Par ailleurs, on voit aujourd’hui de grosses levées en série B et C dans ce secteur, ce qui était inenvisageable il y a à peine 3 ans", indique William Lecat.
Déjà plus de 50 millions d’euros levés
Auriga Cyber Ventures réunit parmi ses investisseurs 80 experts et entrepreneurs de la cybersécurité. "Les profils sont variés, on retrouve par exemple des experts ou des RSSI. Ces différentes antennes nous permettent de capter l’ensemble du dealflow, de qualifier les opportunités et d’accompagner les startups du portefeuille", commente Geoffroy Rosset.
Le fonds, qui avait un objectif initial de 30 millions d’euros, a revu ses ambitions à la hausse après que des institutionnels ont manifesté leur intérêt. Il vise maintenant les 60 millions d’euros. Ce changement de braquet fait suite à l’arrivée, en juin 2022, de William Lecat, une pointure de l’écosystème cyber, précédemment Coordinateur national de la stratégie cybersécurité.
Le cap des 50 millions d’euros a déjà été atteint notamment grâce à Tikehau Capital, BNP Paribas et au Fonds National d’Amorçage 2 (FNA 2) géré pour le compte de l’État par Bpifrance, dans le cadre de France 2030. "Ces investisseurs siègent dans notre comité stratégique aux côtés de l’ANSSI. Parmi nos soutiens, nous pouvons également compter sur le Pôle d’Excellence Cyber. Pour eux, nous sommes un peu comme une cellule de veille externalisée au cœur de l’écosystème", explique Geoffroy Rosset.
8 premiers investissements dans la cybersécurité européenne
Le fonds investit en amorçage pour financer des sociétés de la cybersécurité possédant un avantage technologique fort, arrivant en phase de mise sur le marché ou d’accélération commerciale. Des startups qui génèrent donc peu ou pas de revenus. L’objectif est de les amener rapidement à 1 million d’euros de revenus récurrents annuels.
Cyber Impact Ventures investit en lead ou en co-investisseur via des tickets allant de 500.000 euros à 2 millions d’euros sur des tours entre 1 et 5 millions d’euros, avec une capacité à suivre en série A sur des montants au moins similaires.
Le fonds vise 25 investissements en Europe, dont les 2 tiers en France et en a réalisé 8 à ce jour dont 3 en 2023. Cryptr, une plateforme d’authentification, Tenacy, une plateforme de gestion de la gouvernance, des risques et de la conformité cyber, Patrowl une PtaaS (Pentest as service), Emproof, une solution de protection des logiciels embarqués contre l’exploitation de vulnérabilité et le vol de propriété intellectuelle, Mithril, une solution de confidential computing pour faciliter l’application de modèles basé sur l’IA pour traiter des données confidentielles, Mindflow une solution SOAR (Security Orchestration, Automation and Response) en no-code, Defants, une plateforme collaborative pour la réponse à incident, et dernier en date, Qontrol, une plateforme de cybersécurité pour PME, TPE et startups.