Famae Impact a vu le jour en 2020. Le fonds, qui a levé 40 millions d’euros, se concentre sur les pure players de l’impact environnemental et ne lésine pas sur l’analyse de cet impact. Maddyness s’est entretenu avec Marie-Estelle Iorio, Partner du fonds.
Une aventure entrepreneuriale
Marie-Estelle Iorio, Jérôme Leger et Eric Philippon n’en sont pas à leur première collaboration. Avant de lancer un fonds d’investissement, ils avaient travaillé ensemble sur un concours d’innovation autour des enjeux environnementaux avec un fonds de dotation qui s’appelait déjà Famae.
“Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un vrai dealflow, et que si nous voulions avoir un véritable impact, il fallait en faire davantage et investir” , déclare Marie-Estelle Iorio. Le choix de l’entrepreneuriat est rapidement fait “Nous voulions pouvoir déployer pleinement nos convictions et ne pas être un produit dans un fonds plus global”, indique Marie-Estelle Iorio. “Quand nous avons commencé à réfléchir au projet en 2019, l’univers des fonds d’investissement à impact était beaucoup moins riche. On trouvait peu de fonds entrepreneuriaux, exclusivement sur l’impact environnemental, dans des petites entreprises” poursuit-elle.
Un fonds concentré sur l’impact environnemental
Famae Impact investit dans les pure players de l’impact environnemental, “ceux dont l’intégralité du Business Model est construit autour des enjeux environnementaux, que sont la réduction de l’empreinte carbone et la protection de la biodiversité”. Le fonds investit dans 6 secteurs : l’énergie, les déchets, l’eau, l’habitat, la mobilité et l’agro-alimentaire. Il investit dans des entreprises small cap, à forte croissance, rentable ou en passe de l’être.
Avec 40 millions d’euros levés, il a déjà réalisé 9 investissements en France, la plupart en régions. Entre 2 et 4 investissements supplémentaires sont prévus pour cette année, avec des tickets cible allant de 1 à 4 millions.“2023 sera une année charnière. Beaucoup de fonds sont très attentistes en ce moment avec le contexte économique et les valorisations. Nous sommes donc prêts à investir, mais nous serons très vigilants sur les valorisations’, précise Marie-Estelle Iorio.
Ces dernières années, le nombre d’initiatives entrepreneuriales liées à l’impact environnemental a évolué à toute vitesse. “En 2019, on nous disait que le marché n’était pas là. Nous avons fait un important travail pour tester la profondeur du marché. Aujourd’hui, c’est l’inverse, il est tellement gros, qu’on nous dit qu’il faut se spécialiser !”, commente Marie-Estelle Iorio.“Poussé par la réglementation, sur les déchets par exemple, les crises énergétiques qui rendent les alternatives écologiques plus attractives financièrement, les changements d’usage des consommateurs ou la recherche de sens des talents, l’écosystème d’impact environnemental a véritablement émergé”, poursuit-elle.
Une analyse d’impact particulièrement poussée
Famae Impact souligne l’importance des études d’impact afin de différencier les initiatives authentiques des greenwashers. “Si on prend l’exemple des smartphones reconditionnés, c’est important que l’approvisionnement soit français et que le reconditionnement soit fait en France. Un portable acheté aux États-Unis, reconditionné en Asie et revendu en France, a une empreinte carbone énorme”, explique Marie-Estelle Iorio.
Le fonds place par ailleurs au même niveau l’analyse d’impact que l’analyse financière. Elle se base sur les critères de Greenfin, un label d’État français, réputé parmi les plus contraignants. Le fonds répond aussi aux critères de l’article 9 SFDR, le niveau le plus poussé en matière de taxonomie européenne. Durant toute leur durée de vie, les investissements sont analysés, et des auditeurs externes aident à mettre en place des indicateurs d’impact mesurables comme les tonnes de CO2 évitées ou l’impact sur la biodiversité.
Pour pousser la démarche jusqu’au bout, une partie du carried interest, autrement dit la commission de performance perçue par le gestionnaire, dépend de la performance d’impact.
Si elle n’est pas atteinte, mais que la performance financière l’est, le carried interest sera reversé à des associations. “L'avantage d’investir dans des pure players est qu’a priori les performances financières et environnementales sont intrinsèquement liées”, soulève Marie-Estelle Iorio.