La santé est un enjeu géopolitique majeur et la crise sanitaire n’en est que l’archétype. Dans ce domaine, la e-santé est un soubassement complexe qui peut avoir des implications sur la compétitivité, la souveraineté et la coopération internationale. Si, la France ne manque pas de startups dans ce domaine, rares sont celles qui parviennent à intégrer l’hôpital. C’est là tout l’objectif du programme HIIT dont les 24 lauréats ont été dévoilés à l’occasion du salon MedInTechs qui s’est tenu à Paris.
Co-construit par La French Tech Grand-Paris et le Digital Medical Hub - la première plateforme d’analyse et d’évaluatione des objets connectés en santé - le bootcamp se déroulera début avril dans des lieux emblématiques de la e-santé en France : l'Hôtel-Dieu, PariSanté Campus et Future4care.
Connaître l’écosystème et le potentiel d’adoption des solutions
Pour proposer un bootcamp qui réponde aux besoins des acteurs de la e-santé, le French Tech Grand-Paris et le DMH ont identifié cinq freins à l’adoption des solutions : l’accès au marché, les contraintes réglementaires, le travail avec le prescripteur et l’utilisateur, le financement et enfin l’intégration à l’écosystème.
D’une durée de cinq jours, le bootcamp a été pensé pour lever un frein par jour. “Chaque journée est dédiée à une problématique. Les matinées sont théoriques avec une flash conférence de trente minutes et une une masterclass de deux heures. Les après-midi, sont réservées à la pratique avec la venue d’une armada de prescripteurs qui interviendront en “one to one” auprès des startups pour évaluer - en fonction de leur innovation et de leur stade de développement - le potentiel d’adoption de leur outil et la manière dont elles doivent travailler avec l’hôpital.” explique Lucas Thiery, directeur stratégique et co-fondateur du Digital Medical Hub.
Tout au long de la semaine, les lauréats échangeront avec des intervenants de haut-rang à l’instar d’Elisabeth Dion, responsable du service de radiologie de l’Hôtel Dieu, de Franck Le Ouay, le fondateur de Lifen - qui permet l’échange de données entre les hôpitaux - ou encore de Yacine Tanjaoui-Lambiotte, directeur de la pneumologie et de l’infectiologie à Saint-Denis qui a planté de nombreux sujets en e-santé. “Pour s’assurer qu'entrepreneurs et soignants se comprennent parfaitement, des élèves de la Sorbonne qui préparent le diplôme “E-santé et transformation digitale” sont mis à contribution. Ils vulgariseront les propos des deux parties prenantes”, explique Charlotte Jestin, Directrice Générale chez La French Tech Grand Paris, complétant les propos de Lucas Thiery :” Les startups qui évoluent dans le secteur de la e-santé ont parfois une image biaisée de l’hôpital et pour cause, elles n’y ont jamais mis les pieds. Elles arrivent avec des cas d’usages qui sont parfois au-delà du réel. Le programme permet à la startup d’avoir les retours d’un médecin de terrain qui va penser à des aspects auxquels l’ingénieur - aussi surdoué soit-il - n’a pas pensé. Par ailleurs, il permet de mettre un carnet d’adresses à disposition des entrepreneurs pour qu’ils puissent, par la suite, contacter les bonnes personnes en fonction de leur sujet. Avoir ces personnes dans son board, c’est avoir l’assurance de voir ouvrir de nombreuses portes.”
Affiner sa proposition de valeur avec l’aide d’un mastodonte
Pour pallier le manque de temps médical des services d’urgences et le manque d’information quant aux disponibilités des médecins de ville, H24care, lauréate de la première promotion du programme HIIT, propose une solution web automatisée qui permet de désengorger un service d’urgence par la réorientation des patients non-prioritaires vers la médecine de ville avec un rendez-vous dans les 24 heures.
Pour la startup, pouvoir échanger avec cet acteur clé de l’écosystème français qu’est l’AP-HP est une réelle opportunité, d’autant que le rôle du groupement dans la recherche et l’innovation n’est plus à prouver. “L’AP-HP est le premier groupement hospitalier européen, un mastodonte particulièrement compliqué à intégrer. Le programme HIIT va nous permettre de pouvoir présenter notre solution pour obtenir des retours quant à leurs attentes techniques et technologiques et éventuellement d’identifier des pistes d’amélioration pour ensuite pouvoir la déployer auprès de ce groupement le plus efficacement possible.” explique Zahime Rai, fondatrice d’H24care.
Lucas Thiery, a eu l’occasion de croiser la fondatrice d’H24care, il y a un an et demi alors qu’elle présentait l’outil aux services d’urgences de l’hôpital Saint-Joseph à Paris. Le directeur stratégique et co-fondateur du Digital Medical Hub ne doute pas du bénéfice que la startup tirera du bootcamp. “H24care a évolué, mais des points de blocage demeurent. Ils sont liés à un manque de connexion entre H24care et l’écosystème soignant. À la fin du programme, ils auront pu rencontrer des urgentistes, affiner leur proposition de valeur, leur cas d’usage, leur business model. H24care n’aura pas réglé tous ses problèmes en une semaine, mais saura comment et avec qui continuer de travailler pour derrière pouvoir déployer une solution qui aura un véritable impact sur le service d’urgence et les patients.”