Il s’en est passé des choses chez Starquest depuis ce portrait de 2018. Le fonds, qui gère aujourd’hui 300 millions d’euros, s’est intéressé à la CleanTech dès sa création en 2008, et cette thèse d’investissement s’est continuellement renforcée avec l’essor de ce secteur. Pour en savoir plus, Maddyness s’est entretenu avec Arnaud Delattre, le fondateur de Starquest.
Des particuliers aux institutionnels
À l’origine, les investisseurs de Starquest n’étaient que des particuliers, avec un biais assez fort sur les entrepreneurs. Mais 2017 a sonné la fin du dispositif ISF et celle : "d’un mécanisme fiscal puissant qui encourageait les particuliers à mettre leur argent au travail au service de l’innovation et de l’économie.". Starquest doit alors repositionner son offre. En 2021, le fonds accepte donc la proposition de Montefiore, une société de gestion reconnue pour ses opérations de LBO majoritaires, qui prend 31 % des parts, par augmentation de capital. L’objectif est d’accélérer la croissance de Starquest dans un contexte où la taille est devenue déterminante pour attirer les investisseurs.
"Nous faisons des métiers assez différents, mais nous pouvons mutualiser certains moyens. En revanche, les portefeuilles sont indépendants et nous restons souverains sur les décisions d’investissement", précise Arnaud Delattre. L’arrivée de Montefiore au capital confirme le tournant pris par Starquest, qui vise maintenant des investisseurs institutionnels. "Nous sommes très peu nombreux à avoir réussi ce virage. Aujourd’hui, les institutionnels, qui avaient longtemps opposé impact et performance, cherchent à investir davantage dans l’impact, et la qualité de notre track record nous rend légitimes sur le sujet", se félicite Arnaud Delattre.
En 2022, Starquest a lancé un premier fonds secondaire, en rachetant les cinq meilleures lignes historiques de son portefeuille pour continuer à les financer. "Le fonds s’appelle
Puissance 5 pour : 55 millions, sur 5 lignes, pour faire fois 5 en 5 ans", commente Arnaud Delattre. Les investisseurs sont essentiellement institutionnels, avec notamment le Fonds Européen d’Investissement (FEI), Oddo et Swen Capital. "On était vraiment positionnés startups et PME, grâce à Montefiore, on peut aller plus loin. On continue à découvrir des startups très tôt, mais on peut maintenant les soutenir dans la durée", commente Arnaud Delattre.
Une thèse d’investissement qui se recentre sur la CleanTech
La CleanTech a toujours été au cœur des préoccupations d’Arnaud Delattre, qui investissait déjà en tant que business angel avant la création de Starquest et avait même créé le premier réseau dans ce domaine, Cleantech business angels. Mais aux débuts de Starquest, les opportunités d’investissement étaient rares. "À l’époque, nous ne trouvions pas assez d'opportunités pour investir 100 % de notre fonds, nous avons donc dû élargir un peu notre thèse d’investissement", indique Arnaud Delattre.
Petit à petit, le dealflow s’est intensifié. "À fin 2017, 70 % des capitaux cumulés étaient investis dans cette thèse CleanTech", indique Arnaud Delattre. Puis la donne a changé, les opportunités ont commencé à fleurir, mais la concurrence s’est accrue. "Aujourd’hui, on se bat de plus en plus pour avoir accès aux bons dossiers. Certains investisseurs payent trop cher, car ils doivent vite déployer les capitaux qu’ils ont levés. Pour avoir les bons dossiers et ne pas payer trop cher, il faut que l’entrepreneur nous choisisse. Cela ne doit pas se faire sur des critères de prix, mais pour la qualité de la relation et la crédibilité de l’accompagnement", commente-t-il.
Aujourd’hui, Starquest peut assumer pleinement sa thèse CleanTech à travers un nouveau fonds, Protect, qui vise 130 millions d’euros sous gestion. Il se concentre sur trois thématiques : la protection contre le réchauffement climatique, la protection contre l’épuisement des ressources et la protection contre les pollutions digitales. Un premier investissement a été fait avec Auum, une solution de nettoyage écologique pour éliminer l’utilisation des gobelets jetables. Le fonds continue d’investir majoritairement en série B dans des entreprises françaises avec un potentiel d’internationalisation.