" La sobriété est au centre de toutes les réflexions et actions menées ces derniers mois. Pour tendre vers la sobriété collective, chaque geste compte. Il appartient alors aux entreprises de produire différemment, à l’État de légiférer et aux citoyens d’agir au quotidien ", comme le rappelle Léa Zaslavsky, cofondatrice de makesense.
Quelle différence entre sobriété et efficacité énergétique ?
Contrairement aux idées reçues, l’efficacité énergétique seule ne suffit pas. Pourquoi ? À cause de l’effet rebond mis en évidence au XIXe siècle par l'économiste anglais Stanley Jevons. Le principe est le suivant : l’amélioration de l’efficacité énergétique, soit la capacité d’un équipement à fonctionner de façon identique avec une consommation d’énergie moindre, augmente la demande et par conséquent la consommation totale d’énergie. Résultat : on aboutit à l’effet inverse de celui souhaité. C’est pourquoi il est essentiel de travailler sur cette sobriété, c’est-à-dire le fait de consommer moins en agissant sur les habitudes de consommation et en poussant à une transformation durable des usages.
Les principaux leviers d’actions citoyennes
Toutefois, quels leviers activer en priorité ? Par où commencer ? Difficile de répondre à ces questions lorsque l’on n’a pas la main sur l’ensemble de l’écosystème énergétique, incluant les citoyens mais aussi les entreprises, l’État et les collectivités. En effet, selon l’étude The Carbon Majors Database réalisée par l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP), cent entreprises seraient responsables à elles seules de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). À elles donc de montrer la voie et d’accompagner leurs clients pour les aider à consommer mieux et moins. C’est là que les écogestes montrent toute leur importance car ils permettent aux citoyens de se mettre en mouvement et de franchir le premier pas.
Telle est l’approche mise en œuvre par ENGIE depuis plusieurs années, comme l’explique Céline Regnault, directrice Grand Public ENGIE France BtoC: " L’idée est d’aider nos clients à réduire leur consommation tout en préservant leur confort et leur budget. Pour changer durablement les habitudes de consommation, nous devons donc proposer des solutions concrètes, utiles et très faciles à appliquer au quotidien. Nombre de personnes l’ignorent mais le simple fait de suivre sa consommation d’énergie régulièrement permet de réaliser jusqu’à 7 % d’économies. "
Parmi les dispositifs d’accompagnement à la sobriété mis en place :
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- La fourniture d’une électricité verte qui permet de consommer moins de carbone pour un niveau de confort identique ;
- Le recours à des énergies locales pour favoriser la souveraineté énergétique ;
- Mon Programme pour Agir qui, depuis trois ans, récompense les clients qui maîtrisent leur consommation et valorise les initiatives éco-responsables ;
- Le service Ma conso + pour suivre sa consommation en temps réel : l’application a gagné plus d’un million d’utilisateurs en six mois ;
- L’application Mon Pilotage Elec pour connecter et piloter ses radiateurs électriques à distance ;
- Mon Bonus ENGIE pour inciter de façon ludique les consommateurs à réduire leur consommation d’électricité en période de pointe.
La data au cœur de la transition énergétique
Point commun entre ces différentes solutions ? L’exploitation et la valorisation des données de consommation, point névralgique de la sobriété énergétique. " Les données chez ENGIE sont très importantes. Elles nous permettent de déployer un modèle de prédiction et d’alerter le client en cas de surconsommation. Donc soit il accepte de payer plus, soit nous lui proposons des conseils pour consommer moins ", appuie Céline Regnault.
À l’ère du tout digital, les entreprises doivent s’appuyer sur la data et les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pour accélérer le mouvement vers la sobriété énergétique. C’est notamment l’objectif de Pathway.com : utiliser les données pour décider. " Les données permettent d’acquérir la conscience de ce qui peut être amélioré et par conséquent de limiter son impact immédiatement. Si on prend l’exemple du transport maritime : ses émissions de CO2 équivalent à celles de l’Allemagne, et la pollution en oxydes de soufre et en nitrogène est comparable à celle des États-Unis. Or 80 % du commerce international passe par le transport maritime. Donc imaginez l’impact sur toute la supply chain si nous pouvions traiter ne serait-ce que 10 % des données de tous les containers transportés ", précise Zuzanna Stamirowska, CEO de Pathway.com.
Voilà ce qu’apporte véritablement la data : une vision claire des premières actions à mettre en place menant à une somme de petites améliorations immédiates sur l’existant, même au niveau du simple citoyen. Néanmoins, pour obtenir un impact positif durable, il importe de sortir d’une chaîne de valeur silotée. Comment ? En fixant des objectifs précis et en englobant la sobriété dans une vision holistique.
" Il faut traiter les données que l’on a en entrée. Si nous n’agissons pas sur ces data, il n’y aura aucun changement ni effet positif. En analysant le temps estimé d’arrivée d’un container par exemple, il est possible de définir le moment optimal pour récupérer la marchandise par camion, et ainsi limiter la pollution et la congestion dans les villes portuaires. La sobriété permet d’embarquer toute la chaîne de production à l’échelle globale ", poursuit Zuzanna Stamirowska.
Et après la sobriété ?
La satiété ? Ou au contraire l’abondance comme le laisse à penser Léa Zaslavsky ? Au-delà du sujet environnemental, l’un des grands enjeux de la sobriété consiste à se poser la question de la société dans laquelle nous souhaitons vivre et de la communauté de vie que nous souhaitons créer. Mais changer les règles du jeu durablement impose de commencer par changer l’image de la sobriété elle-même. Stop à la peur, et place à une sobriété choisie, positive et enthousiasmante, dans laquelle chacun trouve un intérêt. Voilà comment il sera possible de profiter du potentiel libérateur de la sobriété et d’ouvrir la porte à une abondance de liens sociaux.
Et comme le conclut Céline Regnault, " la sobriété est un mouvement de long terme qui doit être joyeux, utile, concret et simple pour être ancré dans le quotidien des Français. "