52 % des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie textile proviennent de la teinture. Et cette dernière est directement responsable de 20 % de la pollution mondiale des eaux. C’est de ce constat qu’est partie la startup Ever Dye. En juillet 2021, elle a mis au point un colorant sans intrants chimiques, qui divise par 15 la quantité d’énergie nécessaire pour être produit : " Il y a deux grandes étapes énergivores dans l’application de la teinture. La première qui vise à blanchir le tissu nécessite de le chauffer à 90 degrés pendant une heure. La seconde dure, quant à elle, 3 à 6 heures et chauffe les textiles jusqu’à 130 degrés pour fixer les couleurs ", détaille Ilan Palacci, cofondateur de la société aux côtés de Amira Erokh. Pour limiter les rejets de CO2 pendant ce procédé, Ever Dye a mis au point un nouveau processus de blanchiment, efficace à 50 degrés, qui permet de “prétraiter” le tissu pour que les colorants adhèrent plus facilement. "Grâce à cela, les couleurs peuvent être fixées à température ambiante lors de la seconde étape", assure le dirigeant.
Industrialiser la solution en 2024
Afin d’industrialiser rapidement son procédé pour se faire une place sur le marché, la startup vient d’annoncer sa première levée de fonds de 3,4 millions d’euros auprès de Maki.vc, un fonds spécialiste de l’investissement dans les startups deeptech, et d’Asterion, un VC dédié aux startups à impact et à la climate tech. Dans le même temps, Ever Dye s’est entouré de l’investisseur international Entrepreneur First, qui porte un programme dans lequel ses deux cofondateurs se sont rencontrés.
" L’enjeu pour nous est d’industrialiser, à la fois, la production de pigments, mais également l’application de la teinture pour que cela puisse être fait à grande échelle et de manière uniforme, avec un bon niveau de qualité. ". Les colorants naturels souffrent en effet souvent d’un ternissement au contact de la lumière ou d’une faible résistance aux frottements. La société s’appuie pour le moment sur un partenaire dans le Nord de la France pour produire ses pigments mais envisage, à terme, d’investir dans sa propre unité de production. Son objectif : passer de quelques grammes de teinture dans son laboratoire, à une centaine de kilos par lot. " Le but est de réussir la première teinture industrielle à température ambiante au monde d’ici à fin 2023 et d’industrialiser la solution en 2024. ".
Un marché en pleine évolution
Si la startup veut aller vite, c’est parce que le marché est en attente d’une solution durable. " La demande de la part des marques est forte, et pour le moment, l’offre n’arrive pas à y répondre ", assure le dirigeant. Le marché est en effet en pleine évolution. " Tout le monde sait que l’industrie du textile est polluante, et les habitudes de consommation changent. Les industriels sont donc obligés de s’adapter et ceux qui ne vont pas dans le sens de la marche risquent de rester sur le bas-côté ", précise Ilan Palacci.
Pour accélérer, Ever Dye, qui emploie 11 salariés, devrait réaliser 5 recrutements en 2023 avant de tripler ses effectifs d’ici fin 2024. La société vient de signer avec Petit Bateau et a déjà convaincu plusieurs autres marques, dans l’univers du luxe comme de la fast-fashion. " Nos clients sont pour le moment plutôt en Europe, et nous les accompagnons le long de leur supply chain, vers l’Inde, le Bangladesh ou le Sri Lanka. ".