2,4 milliards d’euros ont été levés par les startups de la fintech en 2022. Soit 16 % de moins qu’en 2021. " C’est la première fois que l’on enregistre une baisse des investissements dans le secteur, depuis l'essor de la Fintech en France à partir en 2016 ", assure Mikaël Ptachek, président de l’observatoire de la fintech. Si la tendance interroge, elle est toutefois à relativiser selon Emmanuel Papadacci, vice-président de l’observatoire. " Il y a eu un phénomène de rattrapage en 2021, après la crise sanitaire. Nous avons donc enregistré un niveau d’investissements record ", souligne-t-il. D’autant que, si les investissements sont moins élevés cette année, ils sont malgré tout plus nombreux. 142 levées de fonds ont été comptabilisées contre 101 en 2021. " Plusieurs fonds ont revu leurs stratégies. Ils ont investi plus tôt, en amorçage ou en série A, avec des tickets moins élevés ", détaille Mikaël Ptachek.
Des fonds prudents
Mais ce repli s’expliquerait également par le contexte international. Entre mars et octobre 2022, de nombreux fonds américains ont fait preuve de prudence. " Le conflit en Ukraine a engendré une certaine méfiance. Les principaux acteurs ont eu tendance à ralentir voire à geler leurs investissements ", estime le président de l’observatoire. Afin de savoir si ce phénomène a eu des conséquences sur la pérennité des sociétés, l’observatoire s’est également intéressé aux cessations d’activité. Le secteur compte actuellement 450 startups. Et depuis 2016, 50 ont déposé le bilan. " Elles représentent 200 millions d’euros de fonds levés, sur les 8 milliards réunis ces six dernières années. Soit 2,5 %, ce qui est faible ", estime le président de l’observatoire.
Pour autant, parmi ces 50 cessations d’activités, 16 ont été recensées en 2022 et représentent 100 millions d’euros levés. " Ces chiffres montrent qu’il s’agit d’une tendance à surveiller, souligne Emmanuel Papadacci. Les deux années à venir nous diront si les modèles économiques étaient viables. "
L’assurtech totalise 1,7 milliard d’euros levés
Quelques startups tirent malgré tout leur épingle du jeu. Notamment dans un domaine particulier : l’assurtech. " Le secteur totalise 1,7 milliard d’euros levés depuis 2016 et dépasse ainsi le paiement. On sent que c’est un domaine devenu très attractif ", indique Mikaël Ptachek. Dans ce domaine, on recense cinq gros acteurs. Parmi eux : Alan, spécialisé dans l’assurance santé, qui a déjà levé 493 millions d’euros, Shift avec 270 millions d’euros, qui se concentre sur les détections de fraudes à l’assurance ou encore SantéVet, une assurance pour les animaux de compagnie qui comptabilise 170 millions d’euros de fonds levés.
Tous secteurs confondus, c’est le logiciel de paie et RH, Payfit, qui arrive en tête des sociétés ayant levé le plus de fonds cette année avec une enveloppe de 254 millions d’euros. Alan arrive en seconde position avec 183 millions, puis SantéVet lui succède avec 150 millions. La plateforme de financement participatif, régulée par l'Autorité des marchés financiers, Clubfunding, réunit quant à elle 125 millions. Enfin, la solution de paiement Alma arrive en 5eme position avec 115 millions d’euros.
