Si l'entrepreneur raconte aujourd'hui l'histoire de SQOOL, il doit aussi revenir sur celle de QOOQ. Deux histoires entrepreneuriales qui sont reliées, et font transparaître la vision de Jean-Yves Hepp sur la transmission des savoirs.
Genèse du projet : QOOQ
Jean-Yves Hepp raconte le début de sa carrière : "J'ai démarré dans les médias, il y a un peu plus de trente ans, j'ai assez vite basculé dans le conseil, d'abord chez Arthur Andersen. Puis chez McCann où j'étais le dirigeant français. Je me suis d'ailleurs occupé de Nespresso au niveau mondial et j'ai eu la chance de signer le contrat de George Clooney, le fameux What Else". Mais à quarante ans, il veut créer sa startup. "Avec l'ambition d'apporter un très bel objet dans la cuisine, comme Nespresso, mais au lieu de vendre des capsules, mon idée était de vendre du contenu". QOOQ, la tablette qui sert de coach culinaire interactif est née. C'était en 2008. Avec un logiciel intelligent capable de comprendre vos goûts, votre niveau de cuisine, les recettes que vous avez faites précédemment, etc. Et un contenu riche, avec plus de 150 chefs, et 6.000 recettes en pas-à-pas vidéo.
"C'est à la fois une rupture d'usage, parce que nous demandions aux gens, racontez-moi qui vous êtes et je vais vous dire quoi manger. C'est une rupture technologique parce que nous arrivions avec un objet design, tactile, connecté à Internet, dans la cuisine". Mais aussi une rupture de modèle économique puisque à l'époque sur Internet, la plupart des contenus sont gratuits. "Nous avons proposé un socle de recette de base, et pour avoir plus de recettes c'est payant", explique Jean-Yves Hepp.
Suite à cette expérience, l'entrepreneur reste convaincu que le numérique va transformer la société, "et non pas seulement dans la transmission des savoir-faire comme avec QOOQ, mais aussi la transmission des savoirs".
SQOOL
C'est donc assez naturellement que l'entrepreneur se tourne vers l'éducation. Il remporte un appel à projet qui sera le départ de SQOOL : "cela nous permet pendant trois ans, de nous retrouver avec 8.500 enfants. 350 enseignants, 17 collèges, pour se demander ce que ça voudrait dire si on introduisait le numérique à l'école".
Après trois ans de recherche et développement, SQOOL était sorti. "Un peu dans la logique de QOOQ, ce n'était pas seulement un hardware". La solution inclut un terminal, au départ des tablettes, mais aujourd'hui, ce sont aussi des PC. Ainsi que des logiciels, "pour gérer avant, pendant et après la classe". Et enfin "un cloud souverain parce que dès le départ que la data va devenir un sujet, et enfin un store de contenu avec dès le départ l'intention de dire, nous sommes à l'école, les applications ou le contenu du store ne doivent pas exposer les enfants à la publicité, ni les solliciter de façon commerciale".
Jean-Yves Hepp parle d'Unowhy comme d'une entreprise toujours tournée vers l'innovation. "Et cette année, on a été jusque dans l'innovation de service, avec la SQOOL TV, une chaîne de télévision pour l'éducation". Pour essayer de devenir le porte-voix des initiatives pour l'école de demain. "On a choisi des journalistes reconnus, explique l'entrepreneur. Et des programmes comme souvenirs d'écolier, ou des célébrités viennent raconter comment c'était quand elles étaient à l'école".
Campus, académie et plus encore : l'école du futur
Unowhy, c'est aussi un campus. "L'idée, c'est de vivre une expérience immersive de ce que va devenir l'école. Dans ce campus, vous allez trouver des classes dites du futur, qui vous montre que les apprentissages sont bouleversés". Mais les équipes ont également misé sur une académie du numérique pour les enseignants. Notamment, parce que le fondateur d'Unowhy a décelé un frein chez les professeurs. "Ils ont tendance à se dire que les enfants sont plus doués qu'eux, alors qu'ils sont surtout consommateurs du numérique".
La SQOOL Académie va permettre aux professeurs de comprendre l'environnement numérique dans lequel ils vivent, de comprendre les outils, pour transmettre ce savoir aux élèves. Et de se poser la question : "en quoi je peux modifier ma pédagogie grâce au numérique ? Puisqu'une des forces du numérique éducatif, c'est de pouvoir pratiquer la pédagogie différenciée, c'est-à-dire la prise en compte que tous les enfants n'apprennent pas au même rythme. La force du numérique, c'est qu'on peut adapter son éducation en fonction des enfants qu'on a en face de soi".
Unowhy veut donc porter l'école du futur, mais toujours en gardant une vision européenne du numérique, selon Jean-Yves Hepp. Il croit au numérique pour l'épanouissement des enfants, et ne vend donc rien d'autre que ses outils conçus pour l'éducation. "Cette vision du numérique, c'est pour contribuer à imposer en Europe, trois ou quatre acteurs, des leaders qui vont créer du numérique, en phase avec la philosophie de l'Europe. C'est mon ambition sociétale".
Et pour sa vision économique, l'entrepreneur vise l'Europe à moyen terme, toujours en remettant l'enseignement au cœur des apprentissages, en lui mettant à disposition des outils qui vont lui permettre de mieux accompagner ces enfants, "qui sont tellement différents les uns des autres", conclut le fondateur d'Unowhy.