Cela fait maintenant 12 ans que le panorama des éditeurs de logiciels du syndicat français du numérique Numeum est un incontournable. Publiée chaque année en partenariat avec EY, l’enquête menée auprès de 294 éditeurs français délivre un état des lieux général de leur situation économique. D’après les chiffres récoltés pendant l’année 2021, le secteur se porte bien, malgré le climat d’incertitude qui règne depuis la fin de la crise sanitaire.
Une résilience à toutes épreuves
En 2021, Numeum a enregistré un chiffre d’affaires de 19,4 milliards d’euros, soit une croissance de 10,2 % en un an. Sans grande surprise, la croissance reste donc de mise pour les éditeurs qui affichaient l’année précédente un chiffre d’affaires de 17,6 milliards d’euros et de 16,1 milliards en 2019. En revanche, cette performance n’est plus l’apanage des grands comptes : si elle était majoritairement due aux activités du Top 3 du panel (Dassault Systèmes, Ubisoft et Criteo), celle de 2021 (établie à 15 %) a été portée par l’ensemble des acteurs référencés. Il est d’ailleurs précisé que toute la filière, quelle que soit la taille de l’entreprise, a atteint une croissance à deux chiffres.
Une des principales raisons avancées reste la transition vers le SaaS, qui représente à ce jour 45 % du chiffre d’affaires du panel. Mais plusieurs autres chiffres viennent confirmer la capacité de résilience du secteur malgré le contexte : 79 % des éditeurs interrogés ont réalisé un bénéfice d’exploitation ; seuls 22 % déclarent être impactés par le conflit russo-ukrainien ; 56 % d’entre eux envisagent de réaliser une opération de croissance externe à l'avenir (6 points de plus par rapport à 2021) et le chiffre d’affaires réalisé à l’étranger reste relativement stable depuis 5 ans (aujourd’hui autour des 58 %).
Des ambitions fortes de croissance
Cette situation favorable permet au secteur de voir les choses en grand. C’est le cas de l’éditeur de solutions de cybersécurité Tehtris qui a connu un regain d’intérêt avec la généralisation du télétravail depuis la crise sanitaire. " Pour accompagner notre croissance, nous avons levé des fonds auprès d’investisseurs partenaires, explique Éléna Poincet, cofondatrice et PDG de Tehtris. Nous avons ouvert cinq filiales dans le monde cette année, nous sommes devenus une société à mission, nous anticipons les enjeux de RSE et d’innovation et nous poursuivons notre politique de recrutement partout dans le monde ".
Comme Tehtris, 49 % du panel a déclaré viser l’international pour boucler des opérations futures de croissance externe. Toutefois, cela dépend encore grandement du stade de développement : seuls les éditeurs de plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisent 65 % de leur croissance à l’international. Pour soutenir leurs ambitions, 89 % des sondés parviennent à s’autofinancer tandis que 70 % ont recours à l’endettement (cumulable). Côté capital-investissement, 47 % des éditeurs sont concernés, soit plus de 4 points par rapport à 2020.
Évidemment, l’enjeu du recrutement devient de plus en plus stratégique - d’autant plus au regard de la pénurie des talents en cours. Les effectifs des éditeurs de logiciels français ont retrouvé leur progression en 2021 (+9 % contre +5 % en 2020) et 88 % d’entre eux prévoient même de les augmenter en 2022. Cette force vive servira majoritairement à soutenir la capacité d’innovation : 19 % du chiffre d’affaires du secteur est alloué à la R&D et cela représente 33 % des effectifs totaux.
Ces chiffres présagent donc de beaux jours pour le secteur. Mais malheureusement, de nombreux risques continuent de peser sur l'ensemble des organisations. La menace cybersécuritaire en fait partie et selon l'étude, 49 % déclarent avoir fait face à plusieurs tentatives d’intrusion dans leurs systèmes informatiques depuis le 1er janvier 2021 (contre 39 % en 2020).
C’est d’ailleurs ce risque-là qui a probablement motivé le jury de Numeum de choisir Tehtris comme lauréat du “Trophée 2022 Innovation” aux côtés de Skeepers (Trophée SaaS), Equativ (International), Microids (Jeux vidéo) et Deepki (Prix du jury).