" D’après la Commission européenne, 275 milliards d’euros devraient être investis chaque année dans les bâtiments européens pour pouvoir atteindre les objectifs environnementaux fixés à 2030. Mais pour cela, il faut savoir comment flécher ces investissements et connaître son patrimoine ", souligne Kevin Le Port, cofondateur de Beeldi. C’est pour répondre à ces enjeux que sa société a mis au point une plateforme web d’exploitation de données des bâtiments, permettant à ses clients de prendre les bonnes décisions dans la rénovation de leur parc.

La société de 35 salariés, créée en 2017, avait commencé par commercialiser une application d’audit technique à destination des facility managers, spécialisés dans l’entretien des bâtiments. " Pour commercialiser cet outil, nous avions déjà levé 1,3 millions d’euros en 2019 ", précise Kevin Le Port. Une solution adossée à sa nouvelle plateforme web, lancée en mai dernier, pour cibler en parallèle les propriétaires et gestionnaires d’actifs immobiliers. Pour déployer ce nouvel outil, Beeldi a réalisé une seconde levée de fonds de 8 millions d’euros auprès de MAIF, Avenir et Citizen Capital et Starquest Capital, son investisseur historique.

Le bâtiment représente 36 % des émissions de gaz à effet de serre

L’objectif : doubler ses effectifs afin d’améliorer son outil mais également se structurer. " Plus de 50 % des salariés que nous allons recruter se consacrerons à la partie tech ", détaille Kevin Le Port. Pour la société, l’enjeu est notamment d’accompagner ses clients dans un contexte réglementaire de plus en plus complexe, pour répondre aux enjeux environnementaux et énergétiques. Le bâtiment représente en effet près de 36 % des émissions de gaz à effet de serre. D’ici 2030, les gestionnaires de bâtiments devront réduire de 40 % la consommation de leur parc immobilier tertiaire.

" Pour réaliser des économies d’énergie, nous nous intéressons notamment aux caractéristiques techniques de leurs chaudières, à leur durée de vie mais également à leurs défauts. Cela va ensuite permettre de générer des plans pluriannuels d’investissements ", détaille le cofondateur, qui réalise des diagnostics dans des piscines, des médiathèques, des centres hospitaliers ou des entrepôts. En parallèle, la société, qui recense toutes les données des bâtiments de ses clients, est capable de les alerter en cas de non conformité avec la réglementation.

S’internationaliser en 2024

Beeldi, qui recense les données de 20 millions de m² - soit 10 % des surfaces auditées chaque année en France - envisage de tripler ce chiffre dans les deux ans à venir. Mais également d’engager son développement à l’international. La société travaille déjà avec la Belgique, grâce à certains de ses clients adressant ce marché frontalier, mais l’idée est de se déployer en Europe en créant des antennes chez ses voisins. " L’Allemagne est notamment confrontée aux mêmes enjeux que la France en matière de réglementation. C’est un gros marché immobilier, qui a d’ailleurs de nombreuses similitudes avec l’Hexagone ", souligne Kevin Le Port. La société, qui n’est pas encore fixée sur le premier pays dans lequel elle s’implantera, envisage toutefois de commencer son internationalisation en 2024.