" Notre technologie est issue d’un laboratoire de recherche de l’Ecole normale supérieure. Nous avons mis deux ans à en faire un produit. Aujourd’hui, l’idée est d’essaimer notre solution ". En 2020, Pascal Boncenne s’est associé au chercheur Amin M’Barki pour créer la société Hummink. Elle développe une technologie de nano-impression qui permet de faire des interconnexions sur les circuits électroniques et de diviser par dix le nombre d’étapes de fabrication de composants électroniques complexes.
Répondre à l’enjeu de réindustrialisation
Après avoir levé 700.000 euros en 2020 pour passer du laboratoire à une machine - qui permet de prototyper des produits de micro et nano électronique - la société annonce une levée de fonds de 5 millions d’euros auprès des fonds Sensinnovat et Elaia Partners mais aussi PSL et Beyond avec le soutien de BPI France. Le but : déployer commercialement l’outil qui s’adresse aux marchés de la microélectronique et du semi-conducteur. Mais également entrer dans une phase d’industrialisation : " Pour schématiser, notre machine est dotée d’un mini stylo plume capable de déposer de la matière pour faire des interconnexions sur les circuits. Demain, l’idée est de changer d’échelle et de pouvoir actionner dix ou cent stylos en même temps. Nous voulons passer d’une technologie de niche à une solution manufacturée ", précise Pascal Boncenne, co-dirigeant de la société qui pourra, grâce à la levée de fonds, financer son développement R&D.
Pour Hummink, qui emploie aujourd’hui 10 salariés, l’idée est en effet d’aller vite. Car le marché est porteur. " Cette technologie s’inscrit dans un contexte géopolitique particulier. Aujourd’hui, le cœur du marché de la microélectronique est basé à Taïwan. Il s’agit d’une industrie hautement stratégique et nous dépendons étroitement de l’Asie. Là-bas, il existe un des plus gros acteurs du marché qui manufacture des puces électroniques pour la PS5 ou le Rafale de Dassault. Si cette usine s’arrête, cela aura un impact majeur ", souligne le dirigeant. La crise sanitaire, en bouleversant les capacités d’approvisionnement, a d’ailleurs montré la vulnérabilité de certains secteurs. " Il y a un énorme enjeu autour de la réindustrialisation de l’Europe et des Etats-Unis. Et notre technologie peut permettre aux industriels d’internaliser la production de certains composants ", assure Pascal Boncenne.
Un contexte de miniaturisation et de complexification des composants
Pour Hummink, l’autre enjeu est de répondre aux besoins des industriels dans un contexte de miniaturisation et de complexification des composants. " On réduit sans cesse la taille des circuits et on y intègre de plus en plus de fonctions. Les fabricants ont donc du mal à venir interconnecter des surfaces. Notre outil permet aussi de simplifier ces tâches ". La société, qui a déjà réussi à nouer des partenariats avec des distributeurs au Japon et à Taïwan et a des contacts aux Etats-Unis, souhaite ainsi poursuivre son développement à l’international.