Aider les filières agricoles à affiner leur stratégie et à mieux planifier l’avenir, tel est l’objectif de la nouvelle solution de Weenat. A l'heure où vont s'ouvrir les portes du salon SIMA du 6 au 10 novembre, la société nantaise spécialisée dans la météo connectée et l’agronomie de précision pour le secteur agricole, vient de lancer un outil permettant d’anticiper des scénarios climatiques. Avec une résolution journalière et au km² près, il permet de simuler les effets du dérèglement à l’échelle d’un territoire, d’une exploitation, ou d’une parcelle pour les années 2030, 2040, et 2050 : " Dans le secteur agricole, l’impact est déjà visible. Cette année a été révélatrice avec des épisodes de gel et de sécheresse prolongés. La profession est une des premières touchées et cela devient une préoccupation quotidienne ", estime Jérôme Le Roy, fondateur de Weenat.
" On commence à rencontrer des difficultés pour la betterave et la lentille "
Dans certaines zones, plusieurs variétés ont déjà du mal à être cultivées. " On commence à rencontrer des difficultés pour la betterave et la lentille. Même pour le blé, les rendements sont moindres ", souligne Jérôme Le Roy, qui souhaite, avec ce nouvel outil, accompagner les filières dans leur transition climatique. D’où l’idée de travailler à l’échelle d’un canton ou d’une région en se rapprochant des coopératives ou des groupements d’agriculteurs mais également des collectivités locales. " Le dérèglement climatique peut perturber toute une filière : de l’agriculteur au distributeur, en passant par l’unité de transformation ", estime le dirigeant.
Cette innovation appelée “projections climatiques” est le fruit de deux ans de R&D et permet de suivre près de 100 indicateurs différents. Elle s’appuie sur les scénarios du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et prend en compte la taille du territoire, la spécificité des cultures et le type de sols notamment. Weenat, qui emploie 40 salariés, s’est également basé sur les compétences de la société Weather measures, spécialisée dans les prévisions météo, dont elle a fait l’acquisition l’année dernière.
Avec cet outil, il est par exemple possible d’estimer la probabilité qu'un épisode de stress hydrique survienne durant la phase de montaison du blé tendre. " Pour cela, nous simulons l’évolution des températures journalières. Puis nous calculons les sommes thermiques, ce qui nous permet de connaître les dates de montaison de la culture. Enfin, en recoupant ces informations avec nos projections sur les cumuls de pluie, nous pouvons déterminer que le risque de stress hydrique va passer de une année sur huit actuellement, à une année sur quatre en 2030, puis sur deux en 2050 ", illustre Maxime Zahedi, ingénieur agronome chez Weenat.
Déterminer s’il est plus intéressant de continuer à produire du blé ou d’opter pour une autre culture
Avec ces informations, les filières agricoles pourront anticiper et adapter leur stratégie en déterminant s’il est plus intéressant de continuer à produire du blé tendre et donc d’investir dans du matériel d’irrigation, ou s’il vaut mieux opter pour une autre culture, plus résistante au manque d’eau.
L’entreprise nantaise envisage dans un premier de temps de se concentrer sur le marché français mais devrait rapidement exporter sa technologie. " La France est le premier marché agricole européen, nous avons de quoi prototyper l’outil pour ensuite aller à l’international ", indique le dirigeant. La première étape sera de cibler l’Allemagne et l’Espagne, dans laquelle la société est déjà présente. " Ensuite, nous viserons un peu plus loin ", poursuit le fondateur.