Cela n’échappera à personne, le mot startup résonne chaque jour de plus en plus sur les bancs des grandes écoles et universités, alors que l’appétence pour l’écosystème entrepreneurial ne cesse de grossir chez la jeunesse française... Et pour faire face à cet engouement, les établissements du supérieur s’attellent depuis plusieurs années à suivre le mouvement, en intégrant l’entrepreneuriat au coeur même de leurs formations. Mais alors quels sont réellement les enjeux pour ces incubateurs que l’on voit fleurir un peu partout dans les établissements académiques ?
Des écoles de commerce aux formations d’ingénieur en passant par les universités, rares sont les établissements qui ne disposent pas de leur propre accélérateur de projets entrepreneuriaux. Souvent décrits comme des programmes d’accompagnement de projets de création d’entreprises (majoritairement innovantes), ces dispositifs ne cessent d’émerger un peu partout sur le territoire français... Et pour cause : la demande n’a jamais été aussi forte !
Dans les sondages, l’heure n’est plus aux carrières mais plutôt aux projets de startup pour près d’un étudiant sur deux. Et c’est pourquoi les écoles proposent désormais aux étudiants d’entamer leur démarche avant même de finir leur cursus.
L’accompagnement et la pédagogie au centre des programmes
À la différence de structures privées, les incubateurs d’école reposent sur les fondements académiques de leurs cursus pour accompagner leurs étudiants dans leur projet entrepreneurial. La plupart sont gratuits, financés par les écoles elle-mêmes et permettent l’accès à des subventions publiques pour leurs incubés. Leur objectif est simple : apporter les ressources humaines et matérielles nécessaires pour guider les étudiants dans leurs premiers pas d’entrepreneurs. Monter une entreprise : beaucoup d’étudiants en rêvent, mais peu savent par où commencer... Petite subtilité souvent méconnue : certains incubateurs ne se limitent pas uniquement aux étudiants de leur propre école.
Pour ce faire, la plupart des programmes reposent sur une phase de pré-incubation de 6 mois qui ouvre la porte à un accompagnement plus mature d’une durée d’un an. Ils visent majoritairement à fournir des ressources pour faire face aux barrières à l’entrée que pourraient subir certains étudiants. Ces ressources se décomposent parmi 3 grandes catégories : la connexion à un réseau d’Alumnis et de partenaires, l’accès à des espaces de travail et ressources matérielles et un accompagnement sous forme de mentorat et d’ateliers thématiques, bootcamps et autres créneaux de formation.
Au vu de la demande croissante au seins des cursus, la grande majorité des programmes d’incubation dispose de processus de sélection pour les projets. Ce processus s’échelonne en général sur 2 à 3 mois commençant systématiquement par le remplissage d’un dossier de cadrage du projet. Ce dossier consiste généralement à détailler les motivations personnelles des différents membres de l’équipe, le niveau de maturation du projet et quelques éléments chiffrés concernant sa pertinence.
S’ensuit souvent un comité de recrutement fondé sur le fameux pitch en équipe, face à un jury composé par le corps enseignant du programme. Cette phase peut déboucher sur une seconde phase d’échange individuel et plus personnel pour chaque membre de l’équipe avant la délibération finale. Ce niveau de sélectivité peut bien entendu varier d’un programme à l’autre.
Une brique importante dans la stratégie des grandes écoles
On peut donc saisir assez facilement l’importance de ces structures pour les étudiants mais alors, quels sont les réels enjeux pour les écoles ? En réalité il semble que l’entrepreneuriat soit devenu une part importante dans la stratégie des grandes écoles. Quelque soit le type d’études, la compétition fait rage entre les écoles qui ne cessent de devoir se renouveler pour plaire et attirer de nouveaux étudiants.
La présence de programmes reconnus est donc fondamentale dans le développement de l’image des écoles. Ces structures participent également à faire grossir l’impact des réseaux d’établissement qui visent à créer de véritables écosystèmes sur le long terme, pour assoir leur influence notamment.
Un si soudain développement fait également écho à la demande grandissante des étudiants qui nécessitent de plus en plus de soutien et d’accompagnement pour entamer leurs démarches. Ainsi, pour tout étudiant songeant à une “carrière” d’entrepreneur, la présence de telles structures semble donc un élément crucial dans le choix de sa future école... Enfin, il semble que ces structures viennent compléter les élans entrepreneuriaux des écoles qui émanent dans les cursus. Elles font suite à l’émergence massive des masters spécialisés en entrepreneuriat et management de l’innovation ainsi qu’aux nouveaux enseignements liés au développement d’entreprises modernes.
Toutes ces initiatives s’inscrivent dans la dynamique portée par divers institutions étatiques concernant l’innovation et l’entrepreneuriat.
Promouvoir l’innovation, la R&D et l’émergence de la Deeptech chez les jeunes
Avec la suprématie du digital dans la majorité des cursus et la baisse des barrières à l’entrée pour la création d’entreprise, les écoles semblent donc suivre l’élan entrepreneurial impulsé en France par des institutions comme la BPI ou la French Tech. Certains incubateurs notables commencent à s’implanter directement au coeur de lieux phares de l’écosystème français comme les incubateurs HEC et Edhec entrepreneurs à Station F.
Mais il est aussi intéressant de noter la dimension innovante inscrite dans un nombre grandissant d’incubateurs académiques. La plupart de ces structures se spécialisent dans des verticales propres à leurs enseignements (BioTech, GreenTech, FinTech...) et encouragent les étudiants à présenter des projets orientés sur une innovation technologique ou profondément disruptive. On observe également la création de conglomérats et d’alliances entre des incubateurs d’écoles d’ingénieurs et de commerce tel que l’incubateur Centrale Audencia ENSA à Nantes par exemple, qui vise à fournir un accompagnement complémentaire sur les thématiques d’entreprises innovantes.
Cette notion d’innovation ressort particulièrement avec la création de certains programmes orientés DeepTech, visant à démocratiser l’entrepreneuriat au sein des pôles de recherche français et décharger les formalités que pourraient rencontrer des doctorants et chercheurs pour faire leur premier pas vers la création d’entreprise. Le DeepTech Tour, crée par la BPI France, vise à promouvoir cette dimension en effectuant un tour des campus français orientés vers l’innovation et la R&D.