This is The End
Et voilà, la décision vient de tomber, liquidation pour Next Station, ma 16ème startup et mon 9ème échec (sur 18 startups à date). Les raisons ? Multifactorielles pour une fois : Momentum, mauvaises décisions stratégiques et des raisons humaines. Ce fameux facteur humain responsable de 75 % des échecs des startups et dans mon cas de 8 échecs sur les 9...Les raisons de cet échec sont propres à cette startup et il serait inutile de les évoquer ici mais parlons de ce qui fait la réussite à savoir… les échecs !
Mais pourquoi parler d’échec ?
Il est classique lorsqu’on a un échec de… ne pas en parler. En faisant ainsi, l’entrepreneur devient un être exceptionnel couronné exclusivement de succès. Mais ne serait-ce pas au prix d’un sentiment d’imposture ? Parler des succès des startups, des levées qu’elles réalisent, des prix qu’elles gagnent, de la rentabilité qu’elles ont ou des positions de leader qu’elles atteignent est juste. Mais ceci ne serait pas complet sans le revers de la médaille : les échecs, les moments difficiles, les doutes.
Si tu n’as pas échoué, c’est que tu n’as pas tenté !
J’ai échoué mais l’échec fait partie intégrante de la construction même de tout individu. Enfants, n’est-ce pas en tombant que nous apprenons à marcher ? N’est-ce pas en nous coinçant les doigts dans la porte que nous apprenons à ne plus le refaire ? Et n’est-ce pas en nous brûlant la langue que nous apprenons à patienter devant un plat trop chaud ?
Si l’échec est un moteur fondamental de l’apprentissage de l’enfant, pourquoi serait-ce différent chez l’adulte ? " Les gens pourraient apprendre de leurs erreurs s’ils n’étaient pas si occupés à les nier ", nous enseigne le psychanalyste Carl Jung. Nous pouvons donc continuer d’apprendre à travers nos échecs mais à condition d’en tirer les enseignements.
La réussite, un chemin semé d’échecs ?
L’échec est un passage fréquent dans les startups… à succès. Ainsi, derrière toutes les belles histoires, il y a toujours des moments difficiles, parfois 3 mois, parfois 6 mois de traversée du désert, parfois plusieurs années de tâtonnement. Chez LaFourchette, nous avons connu 3 années de très modeste croissance, avant que le business n’explose enfin à l’été 2009.
Pourtant les entrepreneurs ne parlent presque jamais de ces échecs passagers alors que ces moments ont été fondamentaux pour l’apprentissage, l’occasion de trouver ce que qui n’avait pas été craqué jusque-là comme, par exemple le product market fit, le canal d’acquisition, le business model, etc.
L’échec comme terreau de la réussite ?
Mais quand l’échec est fatal pour une startup, est-ce différent ? Pour les entrepreneurs, non.
Depuis 2006, je monte des startups en choisissant en premier un entrepreneur selon plusieurs critères :
Être une femme afin d’avoir de la mixité dans les dirigeants, être jeune afin de démultiplier mon impact : aider une personne de 25 ans est certes plus difficile mais je considère que mon action influencera les 40 prochaines années de sa carrière, donc deux fois plus d’années professionnelles que si j’avais choisi une personne de mon âge (même si cela aurait été plus simple).
Dernier critère : avoir déjà monté une entreprise, un projet ou une association. Au moins 6 mois.
Ce dernier critère est important pour moi car l’entrepreneure a déjà connu une forme d’échec mais elle a appris de celui-ci, l’a dépassé et souhaite continuer d’entreprendre.
L’échec n’est pas la fin d’une aventure !
Ne nous trompons pas : personne ne souhaite échouer. Les conséquences d’un échec peuvent être très douloureuses pour soi et l’entourage mais, pour moi, l’échec n’est pas la fin d’une aventure entrepreneuriale, l’échec serait d’arrêter d’entreprendre. L’important est de tenter car même si cette tentative est infructueuse, elle servira d’apprentissage pour avancer.
De la même manière que nous ne pouvons apprendre à marcher sans tomber, il n’y a pas de succès sans échecs. D’ici là, continuons d’entreprendre, restons connectés et apprenons de nos échecs pour mieux réussir !