Externalités négatives, bonne gouvernance, partage de la valeur... Pas si facile de mesurer l'impact d'une jeune pousse – tant les critères d’évaluation sont nombreux. Alors que les fonds dédiés à la “Tech for good” fleurissent, chacun a sa méthode.
Parmi les derniers nés, Founders Future Good, lancé en 2021 avec 30 millions d’euros. Son crédo : l’alimentation, l’économie circulaire, les nouvelles mobilités, la santé et le bien-être. Le fonds, qui a déjà investi dans 13 startups avec des tickets entre 200.000 et 1 million d’euros, espère atteindre un portefeuille de 25 pépites d’ici fin 2023 : "Étant spécialisés dans l'amorçage et la série A, nous jaugeons avant tout l'intentionnalité d'impact. Cela passe par la réalisation d'entretiens préalables avec les fondateurs", explique Sarah Corne, partner impact chez Founders Future.
Le fonds réalise également un audit ESG. " Il s'agit de très jeunes startups, donc souvent, la politique RSE n'est pas encore définie. Cela nous permet de sensibiliser - sur l'inclusion, la diversité, le partage de la valeur... - et de les inciter à s'auto-évaluer dès le début pour partir sur de bonnes bases ", liste Sarah Corne. Par essence, " la mesure de l'impact est un travail à long terme ", abonde Eric Archambeau, cofondateur d'Astanor Ventures, fonds spécialisé dans le financement des startups à impact de l'industrie agroalimentaire depuis sa création en 2017. " Quand une jeune pousse se lance, son impact reste théorique. Celui-ci devient réel lorsque ses activités se développent et que sa chaîne de valeur se construit ", poursuit-il.
Recours à des cabinets de conseils spécialisés
L'enjeu est donc d'aider les startups à générer des données pour mesurer leurs activités le plus tôt possible. Objectif : en faire un argument stratégique et commercial auprès de leurs clients finaux. " Nous faisons appel à des cabinets de conseils spécialisés ", précise Eric Archambeau. Ces derniers " mesurent l'impact en sortie d'usines : les tonnes d'eau épargnées, les tonnes de CO2 évitées, les achats réalisés au sein de la chaîne de valeur... Cela permet d'avoir une estimation très poussée, sur l'empreinte carbone ou sur la biodiversité, par exemple ". Recourir à un cabinet tiers " permet d'avoir une neutralité des estimations, qui attestent de la crédibilité des entreprises face à leurs clients finaux ", souligne le cofondateur.
Les deux fonds ont inscrit dans leur pacte d'actionnaires que les startups s'engagent à suivre une politique RSE. Conséquence : les jeunes pousses sont tenues de mesurer et de publier régulièrement leurs données d'impact dans la durée. " Si une entreprise de notre portefeuille changeait d'intentionnalité au cours de son développement – ce qui ne nous est encore jamais arrivé – nous chercherions à sortir ", affirme Eric Archambeau.