1,17 milliard d'euros ont été investis dans le secteur des sciences de la vie en 2021 en France. Selon le cabinet de conseil en immobilier, Savills, c’est le niveau le plus élevé de tous les pays d’Europe. Au total, ces investissements ont augmenté de 24 % en cinq ans sur le continent, pour atteindre 10 milliards d’euros. La recherche pharmaceutique et les biotechnologies attirant le plus de capitaux.
" En France, nous arrivons à une certaine maturité de l’écosystème des biotechs et en particulier à Paris ", estime Rodolphe Clerval, dirigeant de Coave Therapeutics : une biotech qui développe des programmes de thérapie génique ciblant la dégradation des protéines dans les maladies neuro-dégénératives. Trois facteurs peuvent l’expliquer, selon lui. D’abord, le tissu universitaire est assez dense dans la capitale. Ensuite, il existe un terreau de talents, ayant travaillé dans les grands groupes pharmaceutiques, qui bénéficie aussi d’une expérience managériale dans les biotechs. " C’est ce qui a manqué ces vingt dernières années. Il y avait très peu de profils formés à la création d’entreprise. C’est ce pool de talents qui a permis la création de nombreuses biotechs ", estime Rodolphe Clerval, qui emploie 25 salariés dans la capitale.
Paris attire des fonds étrangers
Enfin, l’arrivée de fonds d’investissement a permis à Paris de se faire une place dans les sciences de la vie. George Coleman, directeur " life science " au sein du fonds d’investissement European Capital, confirme que la région parisienne constitue l’un des principaux pôles européens : " On y observe un effet de cluster efficace avec, à la fois, des établissements d'enseignement et de recherche mais aussi des groupes et des investissements industriels ainsi qu’un appui des acteurs publics ".
Paris attire ainsi de plus en plus de fonds étrangers, en particulier américains. " On ne voyait pas cela il y a moins de 5 ans. Et c’est ce qui s’est passé à Boston, qui est aujourd’hui une référence. Il n’y a plus une seule big pharma dans le monde, qui n’a pas d’antenne là-bas. J’espère que c’est ce qui se passera à Paris dans les 10 prochaines années ", complète le dirigeant de Coave Therapeutics.
Pour cela, il va encore falloir batailler. Car le triangle Bruxelles-Copenhague-Amsterdam héberge également un écosystème en plein développement. Tout comme Londres et Cambridge ou encore Bâle en Suisse. En France, Lyon est aussi une place forte. Elle accueille notamment un gros bassin d’emploi dans la pharmaceutique et des universités de bons niveaux.
Lyon, deuxième place forte en France
Pour s’imposer face à ces hubs européens, la capitale française cherche à regrouper son écosystème. " Les infrastructures sont aujourd’hui assez éclatées. Contrairement à Boston où, sur un périmètre de 10 km², tout est rassemblé ", souligne Rodolphe Clerval. Plusieurs petits campus existent, tels que le Genopole à Evry, la Biocitech à Romainville ou le Cancer Campus, mais Paris mise sur un nouveau pôle à Saclay, dans l’Essonne. C’est là que le groupe pharmaceutique Servier prévoit d’implanter son pôle de recherche. Un projet qui pourrait faire boule de neige.