Qui est Ventech ?
Depuis bientôt 25 ans, Ventech Capital accompagne les startups de la tech. À leur compteur, plus de 200 entreprises accompagnées, dont une centaine jusqu’à la sortie (revente ou IPO). Spécialiste de l’investissement en “early stage”, le fonds participe aux premiers tours de table et est souvent le premier acteur institutionnel à investir. Dans son portefeuille, des noms bien connus du grand public comme Vestiaire Collective ou encore 750 grammes et jeuxvideo.com via son investissement dans le groupe Webedia. Depuis l’ouverture de son bureau parisien en 1998, les antennes se sont multipliées et Ventech est aujourd’hui présent à Berlin, Munich, Helsinki, Shanghaï et Hong-Kong, mettant la proximité et la compréhension de la culture locale au cœur de son approche.
Un assainissement du marché de la tech
Les signaux ne sont pas tous au vert aujourd’hui pour la tech. Dans un cadre macro-économique compliqué, les actions tech ont subi une forte correction cette année, surtout après le discours offensif de Jérôme Powell, le président de la Banque Fédérale Américaine, qui a rappelé aux investisseurs que l’inflation était partie pour durer.
Pour autant, le moral est bon chez Ventech Capital, et Audrey Soussan, General Partner, précise même que le début d’année a été relativement actif. Le fonds a cédé deux sociétés de son portefeuille à des licornes de la tech américaine : 4Stop revendu à Jumio, une société de paiement mobile et de vérification d'identité en ligne qui fournit des produits de validation et de numérisation de cartes et d'identités pour les transactions mobiles et inSided revendu à Gainsight, un outil de customer success. Côté investissements, les zones géographiques et les secteurs sont variés : NFT, retail, social shopping, data literacy…
Le fonds a aussi procédé à des refinancements, parfois avec des acteurs extérieurs. Audrey Soussan détaille : “Pour les belles sociétés qui ont des fondamentaux solides, il y a toujours de la place pour des refinancements. Certes, l’inflation ou les problèmes de supply chain impactent les sociétés du secteur technologique et leurs valorisations, mais cela se fait en douceur et il ne s’agit en aucun cas d’une situation similaire à celle de 2000. Je vois plus cela comme une période d’assainissement, qui oblige tout le monde à reprendre de bonnes pratiques, à remettre les choses à plat et notamment les valorisations".
"Les sociétés aux fondamentaux solides existent, les innovations sont là et il y a de la place pour de nouveaux champions européens".
Audrey Soussan a même le sentiment que la France s’en sort mieux que ses homologues européens, et les chiffres du baromètre EY de Capital Risque le confirment : au 1er semestre 2022, les sociétés de la FrenchTech ont récolté plus de 8,4 mrds€, soit une progression de 63% par rapport au 1er semestre 2021. Il s'agit de la plus forte croissance des investissements en Europe continentale et la France devance de loin l'Allemagne. Pour la General Manager, il s’agit surtout d’un changement d’approche :
“Avant, quand le cash avait un coût faible, on se concentrait sur la croissance à tout prix. Aujourd’hui, l’argent coûte plus cher, et la profitabilité est à nouveau l’enjeu majeur”.
Que regarde Ventech Capital aujourd’hui ?
Actuellement, Ventech s’intéresse et investit notamment dans les marketplaces, la Deep Tech (entreprises qui développent des techniques considérées comme fortement novatrices), les solutions logicielles (Saas en particulier) ou l’intelligence artificielle (avec en ligne de mire le Web3). Ici on ne parle pas de crypto-monnaies mais de technologies basées sur le Web3 et qui visent à transformer des secteurs, comme par exemple le paiement ou les usages bancaires.
Les équipes d’investissement regardent également de près le secteur de la santé digitale dont le développement s’est accéléré post covid. Ventech a ainsi investi dans Mindler, une société suédoise qui propose de la téléconsultation pour des séances de soutien psychologique. Enfin, les équipes suivent de près l'émergence de nouveaux sous-secteurs dans le monde de la data (data literacy, data quality, data catalog) et continuent à s’intéresser aux semi-conducteurs, segment sur lequel ils revendiquent une forte expertise et voient du potentiel pour de futurs leaders européens sur un marché aujourd’hui trusté par les mastodontes américains et chinois.
Internationalisation et impact, les deux enjeux majeurs pour les sociétés du portefeuille
Pour Ventech, leurs participations devront relever deux défis majeurs dans les prochaines années. Tout d’abord un sujet directement lié à l’ADN du fonds: le développement international. Ventech revendique une véritable plus-value sur le sujet et souhaite tout mettre en œuvre pour que le contexte géopolitique et macro-économique ne vienne pas freiner les projets de développement de ses sociétés. Parmi les derniers exemples de développement international, on peut citer Vestiaire Collective qui a racheté en début d’année son concurrent américain Tradesy ou encore Botify qui poursuit son développement en Asie.
Parallèlement, le fonds s’attache à utiliser sa présence dans les conseils d’administration pour pousser toutes ses sociétés à améliorer leur impact environnemental et sociétal. La certification BCorp de Vestiaire Collective ou le statut d’entreprise à mission du fabricant de lessive éco-responsable SPRiNG en sont des illustrations.
En matière d’impact, Ventech est allé un cran plus loin et a lancé en novembre 2020 avec l’assureur Aviva et l’incubateur La Ruche, Alliance For Impact (AFI Ventures), le premier fonds européen d’impact en amorçage dédié à la tech à impact.
Le portefeuille compte aujourd’hui une douzaine de sociétés dans des secteurs assez variés. Il s’agit ici d’une stratégie de volume, le ticket moyen est autour de 250 000 euros mais le fonds vise entre un et deux investissements par mois. Audrey Soussan détaille pour Maddyness sa vision.
“On s’intéresse bien évidemment à l’impact environnemental, mais on regarde aussi de près l’impact sociétal”.
Le fonds n’investit que dans des entreprises passées au crible pour respecter les critères les plus stricts de la réglementation européenne en matière d’investissement responsable.
À son actif, des sociétés comme Colette, une startup qui promeut le coliving intergénérationnel, Faircraft, qui produit du cuir en laboratoire à partir de cellules souches ou encore Revcoo, une société qui fait de la captation de CO2 des fumées industrielles.