Cofondé en mars 2005 par l’investisseur Paul Graham, Y Combinator (YC) est aujourd’hui encore considéré comme une référence majeure pour beaucoup d’entrepreneurs. Stripe, Airbnb ou encore Dropbox sont passés par son programme d'accélération qui, jusqu’en hiver dernier, accueillait jusqu’à 400 startups en phase d'amorçage. Le revirement de l’entreprise de Mountain View, porte-étendard de la culture startup apparaît comme symbole de difficultés à venir pour le secteur technologique.
Cette semaine The Information a rapporté que la cohorte estivale de l’incubateur ne compterait plus que 250 heureux élus, contre 414 lors la dernière promotion. Confirmée par Lindsay Amos, directrice de la communication du groupe, la nouvelle a fait grand bruit. Et pour cause : YC incarne une culture de l’itération et de l’ajustement aux contingences externes qui l'a rendu agile et adaptable à l'ensemble des défis des quinze dernières années.
C’est pourquoi chacun des revirements de l’incubateur est épié et analysé par les parties prenantes du secteur. Ainsi, lors de l’épisode du Covid 19 la firme avait rapidement réagi en basculant tout son programme en ligne. Un tour de force pour un groupe qui avait fondé sa réputation sur les interactions en présentiel avec son riche écosystème californien.
Quelles sont les raisons d’un tel pivot ?
Le contexte macro-économique global a rattrapé le monde du capital risque. Si la diminution effective de la cohorte S22 de YC est bien "intentionnelle" selon Amos, le spectre de la récession et l'écroulement des marchés ne sont sûrement pas étrangers à un tel revirement. La remontée des taux directeurs récemment décidée par la Fed et la BCE pour lutter contre une inflation galopante entraîne nécessairement une baisse de la valorisation des startups, et ce quelque soit la taille et la maturité des entreprises. De même, la crainte d’une contraction généralisée de la consommation des ménages rend les investisseurs plus frileux et moins enclins au risque.
Bien que cette nouvelle puisse paraître alarmiste, l’incubateur semble faire le choix de la qualité et de la sécurité. “Nous évaluons constamment chaque aspect de nos cohortes et l'environnement dans lequel les entreprises opéreront. Par conséquent, la taille des cohortes a toujours changé d'une saison à l'autre et d'une année à l'autre.” - poursuit Amos. Cette décision pourrait même être propice au bon développement des startups puisque ces dernières années le nombre grandissant des jeunes pousses accompagnées par l’incubateur soulevait certains doutes quant à la capacité des participants à se démarquer. Ce nouveau format offrira donc un environnement moins compétitif où les incubés pourront même profiter d’un investissement initial revu à la hausse (500 000$ au lieu de 150.000). Une bonne nouvelle pour les lauréats de la S22 parmi lesquels figure le français BitStack. Il rejoint la liste des startups tricolores ayant déjà bénéficié des conseils de l’incubateur comme Algolia, Front, Pulpix, Slite, Afrostream, June, Bulldozair ou encore Checkr.