Tribunes par Nima Karimi
écrit le 21 juillet 2022, MÀJ le 23 mai 2023
21 juillet 2022
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
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Rayonnement de la French Tech : les régions en question

Encouragée à se développer dans une dynamique territoriale, notamment à travers la labellisation des métropoles, force est de constater que la French Tech s’est toutefois développée de façon très inégale géographiquement.
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Avec l’ambition de faire de la France la première puissance tech en Europe, Emmanuel Macron confortait en 2017 ce qui est désormais connu par nos entrepreneurs et nos voisins européens comme la French Tech. Près de cinq ans plus tard, une partie du pari est réussie : maillon essentiel de l’innovation et de l’écosystème startups, Station F, symbole de la French Tech, s’est d’ailleurs imposé comme le plus grand incubateur de startups au monde et fait rayonner la France à travers le continent et même outre-Atlantique. Le campus a vu depuis défiler plus de 5 000 startups et 27 000 entrepreneurs, parmi lesquels 92,7 % sont toujours en activité d’après les chiffres de Station F.

Si Paris figure évidemment parmi les places qui comptent en Europe en matière d’innovation, l’attrait pour l’entrepreneuriat dépasse aussi fort heureusement les frontières de l’Île-de-France. Une startup sur deux est fondée hors de la région parisienne et les territoires voient grandir des hubs qui se spécialisent de plus en plus dans certains secteurs comme celui de Lyon, dédié à la FinTech, ou encore Aix-Marseille, fer de lance français de la GreenTech. En tout, en 2022, ce ne sont pas moins de 27 nouvelles licornes que la France peut déjà compter à son actif. Un record. Et parmi elles, une vaste majorité fondée en Île-de-France.

Malgré ces chiffres, il faut toutefois rappeler que ce dynamisme tricolore ne fait pas exception. Les investissements dans les startups en France demeurent même plus faibles que chez nos voisins. Au Royaume-Uni, d’après une étude du cabinet EY, les startups ont levé en 2021 plus de 32 milliards d’euros, un montant 155 % plus important que celui de la France. En Allemagne, ce sont plus de 16 milliards qui ont été levés, soit une progression de 209 % sur un an et 5 milliards de plus que dans l’Hexagone, qui se hisse donc en troisième position du classement européen. Les ambitions de la French Tech sont pourtant plus fortes que jamais, et le classement pose question : la place de la France ne se jouerait-elle pas en régions ?

Entreprendre en région, mission impossible ?

Si toutes les les régions sont mobilisées pour attirer les startups dynamiques et innovantes sur leur territoire, force est de constater que la French Tech s’est développée de manière très inégalitaire selon les régions. De plus en plus d’entrepreneurs sont confrontés à des difficultés, de financement, de recrutement, mais aussi de développement.

Pour un entrepreneur non francilien, les difficultés sont exacerbées. La forte centralisation de la France pose question, et ce malgré les dispositifs mis en place par les régions et les métropoles, chefs de file du développement économique. Si ces dernières font preuve de volontarisme pour attirer les entreprises sur leur territoire, la prédominance de la capitale demeure aujourd’hui encore une réalité.

A elle seule, elle représente 80 % des montants levés, soit plus de 9 milliards d’euros, tandis que les douze autres régions, aux dynamismes très disparates, représentent 40 % des opérations et 20 % des montants levés. L’étude EY nous précise également que sur les quelque 3 400 investisseurs en France, plus de 2 000 seraient concentrés dans une région : l’Île-de-France. Or pour soutenir et promouvoir les entreprises considérées comme prometteuses, un bon nombre d’indices comme Next 40 et French Tech 120 établissent des critères qui reposent sur le niveau de financement et valorisent donc davantage des pépites parisiennes : un non-sens pour la startup nation.

L’accompagnement, un enjeu stratégique

Dans le contexte de ralentissement économique qui frappe de plein fouet les entrepreneurs, il est plus que jamais nécessaire d’accorder une attention égale à l’ensemble de l'écosystème. Malgré la priorité accordée aux créateurs d’entreprises et aux TPE/PME en régions, ces dernières subissent de façon différenciée les effets du contexte économique et les difficultés associées se rabattent massivement sur ces acteurs, qui disposent souvent de moins d’accès aux financements, ou de réseaux moins développés.

Financer les entrepreneurs, c’est avant tout financer les acteurs du monde de demain. C’est également investir sur leur développement pour les armer dans la compétition européenne et mondiale, à l’heure où de nombreuses startups françaises se développent bien au-delà de nos frontières. Il s’agit donc d’un réel enjeu de souveraineté, dont nous devons collectivement nous saisir. La compétitivité et l’innovation de la France reposent aussi sur sa capacité à mieux accompagner les startups sur son territoire : c’est sa place au sein de l’écosystème européen qui en dépend !

Pour continuer à rayonner en tant que pôle d’innovation à l’échelle européenne, facilitons l’accès de nos entrepreneurs à des solutions, des réseaux et aux financements, afin de permettre une croissance égale des startups sur l’ensemble du territoire.

Nima Karimi est le co-fondateur et CEO de Silvr.

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Nima Karimi, co-fondateur et CEO de Silvr. Crédit : Maddyness.